Les travaux de détournement de l'immense Xingu, destinés à permettre l'édification du barrage, ont commencé.
Voyez ce qui fut un des fleurons de l'Amazonie indomptée:
La nébuleuse environnementaliste brésilienne se mobilise. Sur Twitter et ailleurs, Eduardo Viveiros de Castro, Bruce Albert et des milliers d'autres reconstituent heure par heure les événements.
J'observe ce phénomène étrange de militants qui militent et se donnent pour objet les injustices, les scandales, les inéquités. Dès lors la Vale a ou aurait beau jeu de détourner le front de protestation en envoyant des hommes de main incendier là-bas une petite indienne; tabasser ici un homosexuel, etc. Et l'on voit alors le front de militant se diffracter, portant partout la lutte, la destruction de l'Amazonie ici, le passage à tabac d'un responsable associatif ailleurs, et finalement ne sait plus ou donner de la tête.
A la destruction du Xingu, symbole de la grande razzia menée sur l'Amazonie, on oppose la rationalité des chiffres: tant de mégawatts, tant d'emplois créés. Mais ces chiffres sont irrationnels également, car l'étiage affectera la production, le transport en rendra le prix non compétitif, etc. De fait, le projet Belo Monte est affecté de la même charge symbolique pour ses promoteurs: montrer que le Brésil et ses gouvernants voient grand, rendent justice à la devise nationale qui parle d'ordre et de progrès. Le gigantisme de la centrale qui verra le jour est la revanche du Brésil émergent il n'y a guère, soumis aux injonctions européennes, au financement des Parcs et Réserves par les grandes de développement, qui leur donnait un droit de regard sur l'Amazonie.
Imaginons la rationalité appliquée de la même manière par ici: recycler ce tas de ferraille qu'est la Tour Eiffel pour en faire des navires. Faire du Mont Blanc une vaste carrière, aplanir les Alpes, rationaliser les transports vers la Suisse ou l'Italie... C'est cela le Pacte d'Accélération de la Croissance mis en oeuvre au Brésil.
C'est fini aujourd'hui. La grande Amazonie bientôt ne sera plus qu'une forêt parcourue de routes nationales. Cela au moment même où le basculement s'est déjà produit, de la forêt tropicale humide à l'alternance d'inondations et de sécheresses : http://www.nature.com/nature/journal/v481/n7381/full/nature10717.html
Ordre et progrès...
L'influence du positivisme de Comte sur les fondateurs de la république brésilienne s'y fait-elle encore sentir de façon particulière aujourd'hui ? La version brésilienne de la "société industrielle" y a-t-elle de ce fait une spécificité ?
Rédigé par : Anthropiques | vendredi 20 jan 2012 à 15:48
Bonjour Jean-Michel.
L'influence de cette devise se fait surtout sentir dans les pressions de l'armée brésilienne pour "intégrer", c'est à dire coloniser l'Amazonie.
Ensuite, il y a une convergence d'intérêt ou d'idéologie entre les grands groupes industriels d'une part, et le Parti des Travailleurs actuellement au pouvoir: les premiers dans une logique libérale, le second dans sa logique développementiste tiers-mondiste...
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 20 jan 2012 à 16:46
Seus conselhos são muito preciosos. Observe todos os fenômenos estranhos e seja implacável com todos esses "militants qui militent".
Rédigé par : Eduardo Viveiros de Castro | lundi 23 jan 2012 à 01:02
Estive lendo seu blog. Poucas vezes encontrei alguém tão pedante e satisfeito com a própria ignorância. Você terá um futuro brilhante na França (BHL deve estar de olho em você). Se não conseguir emprego aí, venha para o Brasil que adoramos um francês bem pomposo. Hasta la vista.
Rédigé par : Eduardo Viveiros de Castro | lundi 23 jan 2012 à 01:17
Prezado Eduardo Viveiros de Castro, aprecio seus comentarios. Pode taxar-me de precioso ou pomposo, c'est de bonne guerre.
O que tenho dificuldade em entender é como a luta contra Belo Monte pode acabar de um dia para outro para diluir-se em eslogãs sobre "a unica luta legitima é a posse contra a propriedade" ou "a homofobia é inseparavel do capitalismo".
Sei muito bem que você escreveu, publicou, interveio, fez crônicas contra a destruição da Amazônia.
Mas essas posições foram precedidas, por parte dos antropologos brasileiros, por tentativas para solapar o edificio das areas protegidas, especialmente as de uso indireto, que acabaram enfraquecendo todo o movimento ambientalista.
O sentimento que domina em mim é certamente o da impotência. Repare que ninguém fala em Belo Monte por aqui, ja que Dilma não deixou claro se iria comprar Rafale ou não.
Rédigé par : anthropopotame | lundi 23 jan 2012 à 07:51