Lorsque M. la méchante et moi avons revendu notre appartement, en 2008, j'ai essayé de négocier une ristourne sur les pénalités avec la Caisse d'Epargne. Je faisais valoir qu'au moment de l'obtention du crédit, l'agence s'était engagée sur un taux très concurrentiel, puis avait conservé les originaux du dossier de manière à ce que nous ne puissions consulter la concurrence. Une fois que nous étions pris à la gorge par la promesse de vente, notre interlocuteur nous avait annoncé que la banque appliquerait, finalement, l'un des taux les plus élevés du marché.
Je me suis donc engagé dans un long marathon épistolaire avec le responsable du groupe crédit, espérant que la Caisse d'Epargne aurait l'élégance de racheter son inélégance. Mais non, pas question. La seule possibilité, m'expliquait ce responsable, serait que j'investisse dans les produits dérivés du groupe Natixis, lequel devait se casser la gueule deux mois plus tard.
Devant cette préférence manifestée pour l'investissement spéculatif, plutôt que pour l'intérêt de ses clients particuliers, la Caisse d'Epargne ne faisait qu'afficher le glissement moral auquel nous sommes peu ou prou résignés: celle de voir les banques mélangeant dépôt et investissement, au net profit de ces derniers.
Aujourd'hui, il va presque de soi qu'il faut ménager les marchés, que leurs hoquets ou leurs toux sont le signe que l'économie est malade, et les gouvernements tendent alors promptement les mouchoirs ou les comprimés. Des peuples tétanisés assistent à leur soubressauts, et parfois ces soubressauts les écrasent, par milliers.
Quelle fausse pudeur nous empêche de voir qu'une taxe sur les transactions financières, transactions qui s'opèrent aux dépens des citoyens, de leur monnaie, de leur industrie, de leur agriculture même, est une mesure qui s'impose? Détourner les flux contrôlés par des robots pour alimenter les caisses des Etats; s'enrichir par cela même qui est destiné à nous appauvrir: cela va de soi.
Tous les atermoiements et les craintes simulées d'une colère des marchés font penser qu'ils sont devenus des fétiches vénérés, redoutés, et dont la terreur est entretenue par des castes de prêtres et d'officiants qui se gorgent de sacrifices.
Ces fétiches que les Jésuites brûlaient pour montrer aux indigènes que leurs dieux ne valaient rien, et ne pouvaient rien.
Nous vivons certes dans un monde qui sanctifie l'argent souvent aux detriments meme des relations entre humains. C'est certes malheureux, mais que faire pour changer le cours de cette evolution ?
Rédigé par : trading d options binaires | lundi 10 déc 2012 à 13:50
Eh bien, préférer les gens à l'argent, je suppose...
Rédigé par : anthropopotame | mardi 11 déc 2012 à 21:15