De jour en jour, Sarah se complaît davantage dans ce que j'appellerais "la chienchounou attitude", sans préciser plus avant ce que c'est.
Disons qu'en dépit de sa cacochymie, elle se tient toujours prête à se lever si j'ouvre une barre de chocolat ou si je fais mine de faire griller du pain. Par ailleurs elle a éventré le sac de croquettes pour chat, ce qui explique partiellement son embonpoint. Quand elle ne me suit pas d'un regard larmoyant, elle s'allonge sur le pas de la porte ou dans l'étroit passage qui sépare la cuisinière de l'évier.
Dans la journée, il lui arrive encore d'aboyer. J'ouvre la porte de devant pour lui montrer que je tiens compte de ses avertissements. Bien sûr il n'y a jamais rien ni personne, et si quelqu'un franchissait le portail, elle l'accueillerait avec gentillesse ou en se mordant la queue.
Régulièrement je lui fais de grosses caresses, et j'émaille mon langage chienchien de réflexions sur la politique américaine ou sur l'ouragan Sandy. Elle m'approuve généralement. Ces moments de caresse, même si son odeur de vieux chien pénètre mes vêtements, sont mon tribut à sa fidélité de vieille chienne, que tant de vagabonds ont évité.
Le soir son ronflement résonne dans la cuisine éclairée par les braises. "Bonne nuit ma Sarah" lui dis-je avant de monter me coucher.
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