Le pire ennemi de l'anthropologue amazoniste n'est pas la peuplade dans laquelle il cherche à se fondre, ni les maladies tropicales, ni la rivalité d'un collègue, ni le lecteur distrait, ni le géographe qui dénonce sa subjectivité. Le pire ennemi de l'anthropologue est le poussin.
La plupart des entretiens se déroulant dans des maisons flottantes ou faiblement émergées, toute la population d'un poulailler y est communément réfugiée. Et tandis que le chercheur manie son enregistreur numérique, écoutant larmoyant le récit de vie d'un couple centenaire, il en oublie les petites boules de plumes jaunes à ses pieds, qui appellent leur mère.
Une fois rentré au camp de base, enthousiaste à l'idée de transcrire les merveilleuses histoires de dauphins enchantés, il découvre avec stupeur qu'il n'a enregistré que des "piou piou" et des "cot cot coooot".
Méfiez-vous donc, anthropologues amateurs, des poussins.
Non, je crois que le pire ennemi de l'anthropologue est le coq baniwa. Il interrompt sans cesse l'entretien, a un avis sur tout et son cri strident déclenche invariablement un concert de cocoricos dans tout le village qui couvre entièrement les propos des interviewés.
Rédigé par : isadora | jeudi 17 jan 2013 à 09:54
Disons que le poussin et lui forment une bonne équipe :)
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 17 jan 2013 à 10:03