Vendredi. Derniers entretiens, photocopies de documents, chargements de carte au département de cartographie de la SEMA. Au Musée Sacaca, nous avons rendez-vous avec Marcelo Carim, biologiste, membre du IEPA, qui élabore le plan de gestion de la RDS Iratapuru (financé par le WWF-Brasil)
Il y a à ce jour huit colocações certifiées, mais la certification ne prendra effet que lorsque le plan de gestion sera déposé.
La copaíba n’est selon lui pas exploitable en l’état actuel des choses. Il en existe trois espèces, et chaque espèce subit des mutations spontanées : difficile de garantir la continuité de la production. Il n’y a qu’une ou deux personnes (Jóia et Chiquinho) possédant le savoir-faire pour l’extraction de l’huile, et l’arbre est peu fréquent dans la RDS : il n’en a trouvé qu’un seul spécimen sur 14 ha ; les habitants ne distinguent pas les différentes espèces. Le bréu branco est quant à lui très abondant : deux genres, quatre espèces.
Son travail a consisté en une évaluation, en quatorze points, d’aires d’un hectare. Il a mesuré d’une part tous les individus de plus de dix centimètres de diamètres, puis tous les individus d’une taille comprise entre 1 et 10 centimètres, pour évaluer à la fois la qualité de la strate supérieure et les perspectives de régénération. A sa grande surprise, il a découvert une forte occurrence d’espèces pionnières qui n’auraient pas dû se trouver en zone de forêt primaire (par exemple, la quina). Ce phénomène s’expliquerait par le fait que du temps de la dispersion des habitants, des abattis ont probablement été ouverts et se sont trouvés depuis longtemps à l’abandon.
La castanheira souffrira à terme d’un grave problème de régénération, car ils n’en plantent pas et récoltent tous les ouriços. Les rares cosses qui leur échappent sont prélevées par les agoutis qui les mangent et n’en assurent pas la dispersion car ils en trouvent trop peu pour se constituer des garde-manger. (J’objecte que le ramassage des cosses ne s’effectuent généralement qu’après leur chute complète, et qu’elles passent ensuite un certain temps empilées avant d’être ouvertes ; cela laisse aux agoutis le temps d’en prélever un certain nombre.)
Concernant le savoir botanique des extracteurs, il l’estime à 60% des espèces ligneuses, soit environ 200 espèces. Ceux qui ont les plus grandes connaissances sont les lideranças : Arraia, Sabá, Luís, Chiquinho. Toutefois, il n’a pu constater de transmission de ces connaissances vers les plus jeunes.
Selon lui, les enfants mariés vont s’agréger à la famille la plus puissante : on peut donc parler de patrilocalité à cette nuance près que les grandes familles ont tendance à être les principaux pôles d’attraction et donc à renforcer leur domination (plus grand castanhal, donc davantage de main d’œuvre, donc zone d’exploitation plus vaste, etc.).
Les revenus, outre la castanha, proviennent de la vente annuelle des batelões (vendus après la récolte, 5000 reais, aux garimpeiros), les contrats d’exclusivités sur le Bréu avec Natura, les salaires journaliers en cas de visites d’officiels, de consultants ou de chercheurs, éventuellement des engagements saisonniers dans les garimpos. Le cipó titica est très abondant, ainsi que l’andiroba : ces produits peuvent ouvrir de nouvelles perspectives s’ils sont correctement valorisés. Nous finissons la journée par la visite du Musée Sacaca des populations traditionnelles, parcours assez bref mais bien pensé.
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