Lundi, 6h30. Ricardo se lève et m’apprend que le petit chien qu’il soignait est mort. A mon arrivée, il y a trois jours, la cuisine était constellée de taches de sang et le chien gémissait au fond de son carton puant.
11h30. J’ai pu installer le ventilateur et brancher mon ordinateur. Très peu de messages reçus, je fredonne Me ne frego di te, un air de Pino d'Angio, chanteur italien oublié. C'est un air de circonstance.
Depuis ce matin je ressens comme des aiguilles qu'on me planterait dans le coeur.
Je suis passé à la FUNAI rencontrer Marcio Meira, le nouveau président de l'Institution, qui dépend du Ministère de la Justice. Il est en tournée dans le nord du pays, il rendra visite aux Karipuna, aux Galibi, aux Palikur, puis s'envolera vers le Tumucumaque pour rencontrer les Tiriyo.
Il y avait là Vitoria (Secrétaire de l'Etat d'Amapa aux affaires indigènes), Estela (Administratrice régionale de la Funai), Fred (Directeur de la FUNAI-Amapa). Marcio m’a salué très chaleureusement, en souvenir des quelques jours que j'ai passé chez lui, à Belém, pendant le grand pèlerinage du Cirio. Il s’est ensuite rendu à une réunion au Musée Koahy.
Je déjeune avec Ricardo chez Rona (ce n’est pas très loin du logement). Ricardo est à l'IBAMA depuis cinq ou six ans. Il n'avait jamais travaillé auparavant, il s'occupait vaguement de voiliers à Rio. Une fois entré dans l'institut, il s'est entièrement dévoué à sa mission de surveillance, au point de ne plus respecter aucun horaire, de partir à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, dans sa propre voiture, dès qu'on lui signale un panache de fumée.
Je le trouve de plus en plus triste et fermé. Il n’est pas retourné à Rio depuis plus d’un an, et n’envisage pas d’y retourner avant un ou deux ans. Il passe dorénavant ses vacances ici. Il semble n’avoir plus d’autre horizon que son travail, les communautés locales, etc. Il semble triste et absent ; plus tard, Rona m’explique que c’est la fission de l’IBAMA en deux institutions qui le mine. Le Président Lula, soucieux d'affaiblir un Institut qui menace ses grands projets de développement, a obligé sa ministre Marina Silva à scinder l'organe exécutif en IBAMA, chargé des licences et des autorisations, et Institut Chico Mendes, chargé des Unités de Conservation. On ne voit pas le pourquoi de tout cela, sinon favoriser la construction des barrages sur le Madeira (Acre) et la transposition du São Francisco (Bahia).
Pour qui parle portugais, un superbe éditorial de l'Estado de São Paulo, journal conservateur, dénonçant les menées des écolos:
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