Vu hier soir La Chasse au Lion de Jean Rouch, tourné entre 1958 et 1964, film ethnographique dédié à des chasseurs de lion protégeant les troupeaux à la frontière du Mali et du Niger.
Le film annonce qu'il s'agit de rituels millimétrés, les chasseurs étant appelés à la rescousse par les bergers peuls lorsque les lions "brisent le pacte", c'est-à-dire lorsqu'ils s'en prennent à des vaches saines et non à des bêtes mourantes. Les chasseurs sont courageux. Des chants racontent leurs exploits: seuls face au lion, armés d'arcs et de flèches, ils doivent se rendre invisible pour affronter le fauve.
Déception: ils posent des pièges à mâchoires un peu partout, pièges attachés à de grosses branches que le lion traînera jusqu'à épuisement. Faute de pouvoir contrôler ce qui se passe, les pièges prennent régulièrement servals, hyènes, protèles, civettes, consciencieusement fléchés et dépecés. Quand est pris un lionceau, le courage est tonitruant: vingt hommes face à lui, qui rigolent. On lui décoche une flèche empoisonnée: convulsions, mort, dépeçage.
On prend enfin deux lionnes, l'une après l'autre. Toujours vingt hommes face à elles qui agonisent. Le poison les fait se convulser et vomir. Quand elles sont bien mortes, le chef des chasseurs vient taper trois fois leur museau : Respect ! C'est pour permettre à l'âme de se dégager. Puis égorgement et dépeçage. Et voilà les griots: l'homme a vaincu le fauve, gloire éternelle aux chasseurs courageux.
Les paroles recouvrent la réalité comme un voile.
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