Les chiffres tombent: la déforestation de l'Amazonie repart de plus belle. Le Président Lula et sa Ministre Marina Silva le proclament: les municipes ayant le plus contribué à cette reprise seront sanctionnés. La Police Fédérale va créer de nouveaux postes de surveillance. L'Institut Brésilien de l'Environnement est en alerte rouge. Et pendant ce temps, les services de renseignement brésiliens vont enquêter sur les ONG étrangères qui pillent la biodiversité.
On pourrait en faire une chanson: comment dénoncer le crime sans dénoncer le criminel. Comment battre les bras pour faire un peu de vent. Je ne lis même plus les nouvelles qui tombent. La déploration des forêts dévastées au Brésil remonte au XVIIIe siècle. Hommes politiques, écrivains et poètes, tous se sont fendus qui d'une ode, qui d'un discours dénonçant la "vaine convoitise". Certains mêmes étaient au pouvoir: on voit que des mesures énergiques ont été prises.
Et cela continue. Le Brésil a payé sa dette au FMI grâce au soja. On imagine sans peine que le pays va se tirer une balle dans le pied pour préserver un peu des 60% d'Amazonie restée debout, ou des 4.5% de Forêt Atlantique. Et puis, il y a la canne à sucre: c'est important le biodiesel. Et on entend les arbres qui tombent - mais ce sont juste des Crrrrac! lointains, étouffés par les discours. Les pays pauvres, comme le Brésil, qui s'offrent rubis sur l'ongle des mégaprojets hydroélectriques, transposent des fleuves immenses pour planter du riz dans les savanes, qui ont des entreprises aéronautiques et aérospatiales, ont une recherche de pointe dans à peu près tous les domaines, ces pays pauvres, donc, qui disposent de satellites et de moyens de gestion ultra-sophistiqués, entretiennent une armée de 260 agents environnementaux pour couvrir le pays tout entier (15 fois la France). On comprend que les routes soient bien surveillées. On comprend que les hélicoptères passent à côté de milliers d'hectares en flamme: ils ne trouvent pas où se poser. Il y a bien quelques bulldozers stationnés de ci de là, au milieu de nulle part. Il y a, à quelque distance, le campement des chauffeurs de ces bulldozers, et les opérateurs de tronçonneuse, et les camions qui les ont amenés. Mais c'est difficile de savoir à qui appartiennent ces bulldozers et ces camions. Difficile de savoir qui a recruté ces ouvriers intransigeants. Ils ne veulent rien dire! Il faudrait enquêter, pfff... Encore de la paperasse.
Par un malencontreux hasard, le bois illégal transite par des routes fédérales, mais le dimanche seulement. Et quatre mois plus tard, une fois la zone transformée en pâturage, des vaches illégales surgiront, des vaches tatouées, un anneau d'identification à l'oreille. Mais il est difficile de savoir à qui elles appartiennent, les chiffres ne parlent pas. Et comment reconnaître un grain de soja illégal parmi tant d'autres grains, une fois chargé sur le cargo? C'est compliqué.
La déploration de l'Amazonie grignotée est un style rhétorique admirable, toujours renouvelé (j'y contribue, à ma manière). Parallèlement, l'Agence Brésilienne de Renseignement Stratégique (ABIN) fouille les poches des agents d'ONG, coupables d'avoir volé une grenouille, un champignon, une orchidée. Le Brésil est pillé par les ONG! Comme le faisait remarquer un éditorialiste brésilien, à quoi rime de proclamer, à la tête de l'Etat, "l'Amazonie est à nous!" quand elle est de fait entre les mains de ceux qui la dévastent.
La blague est excellente, sa drôlerie est inversement proportionnelle à ce qui reste debout.
Noticias Socioambientais:
Fiscal do Ibama cuida de área igual a 3 cidades de SP
Apesar de o governo Lula ter eleito o combate ao desmatamento como uma de suas prioridades, o Ibama, órgão responsável pela fiscalização no país, tem hoje apenas um fiscal para cada 4.502 km2. Isso significa dizer que cada um desses servidores tem a obrigação de cuidar, em média, de uma área equivalente a três cidades de São Paulo. Quatro Estados que compõem a região amazônica estão entre os cinco mais críticos nessa proporção. No Amazonas, são 79 fiscais. Na média, são 19.883 km2 para cada um. No Pará, há 8.050 km2 para cada um dos 155 fiscais. Levantamento feito a pedido do Ministério do Meio Ambiente (MMA) mostra que há 2.030 pessoas hoje trabalhando em todo o sistema de unidades de conservação do país. O MMA diz que o ideal seria ter ao menos 9.075 servidores (ou seja, uma necessidade de incrementar essa mão-de-obra em 347%) (Folha de São Paulo, 10 mars 2008)
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