Le président Lula, pour la énième fois, proclame : "l'Amazonie est à nous, et les pays qui se mêlent de la défendre sont responsables de 70% de la pollution de la planète. Le monde doit comprendre que l'Amazonie abrite 25 millions d'habitants et que ceux-ci aspirent aux conditions de vie du reste du pays."
Le complot international contre l'Amazonie bat son plein. Les plans d'invasion sont prêts. Les services de renseignements brésiliens (ABIN) enquêtent sur les entrepreneurs étrangers qui s'approprient des parcelles de forêt à des fins promotionnelles. Les compagnies forestières malaises et chinoises peuvent investir en paix, ce sont les Suédois qui sont soupçonnés, et les Norvégiens de la Rainforest Foundation - deux pays ayant une forte tradition expansionniste (je parle des Vikings).
25 millions d'habitants aspirent à acheter le dernier DVD du concert d'Ivete Sangalo. Etrangement, ces 25 millions d'habitants ne sont pas harmonieusement répartis sur l'ensemble du bassin amazonien (environ 5 millions de km²). Ils se concentrent dans les banlieues de Belém et de Manaus. L'avancée des fronts de colonisation n'est pas le fait de malheureux Amazoniens, mais d'une immigration fomentée par l'Institut brésilien de la réforme agraire, qui ouvre des lotissements sans concertation, sans réfléchir aux infrastructures nécessaires.
L'opinion internationale s'offusque d'une colonisation agraire menée tambour battant, avec soja planté à la volée et boeufs aux cornes fleuries, accompagné du double discours des ruralistes qui prétendent qu'un arbre sur pied ne vaut rien, tandis que l'hystérie nationaliste porte sur le vol de la biodiversité brésilienne.
Si les tribunaux régionaux chargés de collecter les amendes pour crimes environnementaux s'attachaient réellement à recouvrir ces montants, la protection de l'Amazonie serait auto-financée, je veux le croire tout au moins. Mais non : lors des réunions internationales, le Brésil réclame une aide financière pour service rendu à l'humanité. Lorsque les bailleurs de fond s'intéressent à ce fameux puits sans fond (de carbone ou de subvention), le complot international des ONG refait surface.
Je n'invente rien : j'invite le lecteur lusophone à consulter l'incroyable roman Conceito Zero écrit par un inspecteur des finances à la retraite où la paranoïa des militaires et des cercles proches du pouvoir apparaît au grand jour.
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