Je cite in extenso l'article ci-dessous daté du 5 juin : l'Europe devrait faire peser une menace sérieuse sur le soja brésilien...
Rio de JANEIRO CORRESPONDANCE Les derniers relevés satellites du système de détection de déforestation en temps réel (Deter), effectués par l'Institut brésilien de recherches spatiales, confirment le recul de la forêt amazonienne. Depuis un an, les destructions au Brésil ont repris de l'ampleur. Au mois d'avril, 1 123 km2 de forêt ont été détruits, ce qui porte le chiffre à 9 495 km2 en douze mois. "Le pire est à venir", a prévenu le nouveau ministre de l'environnement, Carlos Minc. La période des grandes dévastations se situe entre juin et septembre, les mois de sécheresse propices aux queimadas, brûlis traditionnellement allumés sur des terres déforestées. M. Minc a attribué ces chiffres "préoccupants" à l'expansion du soja et du cheptel, alors que leurs cours s'envolent sur le marché international. Selon l'organisation non gouvernementale (ONG) Reporter Brasil, la récolte de soja a augmenté de 20 % en un an, aux confins de la région amazonienne. Et on décompte près de 80 millions de boeufs. Les écologistes craignent que la production en hausse de l'éthanol n'ait déjà eu un impact indirect sur l'Amazonie. L'expansion de la canne à sucre, base de l'agrocarburant brésilien, repousserait le soja et les zones d'embouche vers la végétation tropicale. C'est d'ailleurs l'Etat symbole de l'agrobusiness brésilien, le Mato Grosso, qui enregistre les pires dévastations : 70 % de la surface détruite. Son gouverneur, Blairo Maggi, surnommé le "Roi du soja" pour être un gros producteur, a contesté ces résultats. "CROISSANCE DURABLE" M. Maggi critiquait ouvertement les décisions de l'ancien ministre de l'environnement, Marina Silva, une figure de l'écologie et des altermondialistes, qui a démissionné à la mi-mai, fatiguée de devoir s'incliner face aux pressions exercées par les lobbies agricoles et énergétiques. M. Maggi affirme qu'"on ne fait pas d'agriculture sans détruire la forêt". Il a écrit une lettre au président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, son allié politique, pour exposer la préoccupation des gros fermiers face aux nouvelles restrictions imposées au crédit rural. La Banque centrale a décidé que l'octroi de crédits aux agriculteurs du bassin amazonien sera soumis à des critères environnementaux, sous peine d'être refusé, à partir du 1er juillet. La date d'entrée en vigueur devrait être maintenue, mais Carlos Minc, qui accuse le gouverneur Maggi "de vouloir planter du soja jusque dans les Andes", a dû assouplir certaines conditions d'accès au "crédit vert". Le ministre a, parallèlement, promis de combattre les activités illégales d'élevage et d'exploitation forestière. L'ONG Greenpeace se dit inquiète de la reprise des dévastations et du manque de contrôle des autorités gouvernementales. "La politique du gouvernement Lula, qui se voulait de développement durable, est devenue de croissance durable, c'est-à-dire se développer à n'importe quel prix, l'environnement ne devant plus être un obstacle", dénonce Marcelo Furtado, directeur de l'ONG au Brésil. Greenpeace constate que 18 % de la forêt ont déjà été détruits, et que lorsque le taux atteindra 40 %, il sera trop tard. Le président Lula, toujours prompt à rappeler la souveraineté des Brésiliens sur l'Amazonie, estime que le Brésil n'a pas à recevoir de leçons de pays "qui n'ont plus un arbre sur pied". Les autorités brésiliennes ne parviennent pas à freiner la déforestation de l'Amazonie
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