Trois heures de prise de tête et voilà le résultat:
"Cette proposition me permettait également d’avancer dans ma réflexion sur le statut du stéréotype, et des modalités de son passage du niveau idéologique au cosmologique. Ce que j’ai appelé « Mythe des 500 ans », équivalent d’une vision des vaincus posant en termes cataclysmiques le rapport des colonisateurs aux colonisés, avec les destructions qui en découlent, l’irruption des maladies, de la sécheresse, etc., a été élaboré conjointement par les indigénistes et par les indigènes, sur la base d’une imagerie stéréotypée visant à cristalliser des oppositions. Or, par la manière dont il parvient à supplanter ou à fusionner avec les histoires locales, ce récit de la découverte du Brésil est en train de se muer en mythe : les stéréotypes qu’il véhicule finissent par s’articuler en paires d’opposition et à trouver un point d’ancrage territorial, à titre de registre explicatif qui, à mesure qu’il est accepté, devient en quelque sorte sous-jacent, tacite, présupposé.
De ce fait, il permet la coalescence de parcours hétérogènes en une forme unique de mobilisation, qui plutôt que de s’inscrire dans une histoire locale (nécessitant alors l’apport d’experts, historiens, anthropologues…) pénètrent par ce biais le champ politique national. Ce phénomène me paraît constitutif de l’émergence d’une « société indigène » dont les rapports à la société nationale sont extrêmement problématiques et difficiles à interpréter, mais s’inscrivent dans un processus généralisé d’ethnicisation des rapports sociaux au Brésil, où se multiplient les statuts particuliers de quilombola, de ribeirinho, d’indigène, qui ne se limitent pas à la question foncière. Cette ligne d’analyse, qui donne lieu à d’excellentes approches sociologiques dans la lignée de la théorie des processus politiques (voir Belleau, 2007), s’inscrit également dans le champ de l’anthropologie, comme en témoignent les travaux de Boyer, Araujo, et mes contributions au projet DURAMAZ, sur lesquelles je reviendrai."
Si quelqu'un pouvait m'expliquer ce que j'ai voulu dire, je lui en serais reconnaissant...
Rédigé par : |