La thèse la plus répandue concernant le néolithique est que l'apparition de l'agriculture et l'affranchissement des conditions naturelles d'usage des ressources a favorisé l'apparition des divinités et l'émergence d'un fossé entre l'homme et le reste du vivant.
Or on parle aujourd'hui de "néolithiques", puisque l'agriculture et l'élevage ont surgi simultanément ou presque en divers points du globe, de même que les divinités et le fossé en question, plus ou moins grand selon les civilisations.
Il faut donc inverser la proposition: quelque chose est arrivé durant le paléolithique, avant la dispersion, donc avant même la sortie d'Afrique d'Homo sapiens, quelque chose qui a inscrit dans notre programme comportemental la possibilité qu'émergent agriculture, élevage, divinités, fossé, etc.
Ce quelque chose, c'est le langage humain ; c'est le langage qui comporte, inscrit dans ses modalités et dans ses possibilités, la construction d'un monde à part - de la même manière que l'écriture comporte virtuellement, dans son projet même, l'imprimerie et Internet. En d'autres termes, l'homme est sorti d'Afrique avec un langage déjà formé, qui excluait les non-parlants - de la plantule à l'éléphant - du cercle de ce qui deviendrait l'humanité.
Les dieux furent et demeureront longtemps nos seuls interlocuteurs.
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