Certains se réfugient dans Harry Potter. Mon Poudlard à moi est le Mésozoïque. Je me suis plongé dans le livre de Chatterjee sur l'origine et l'essor des oiseaux. Chatterjee est le découvreur de Protoavis texensis (ci-contre), un fossile datant de 225 millions d'années, donc du milieu du Trias, qui repousserait d'autant l'origine des oiseaux, archaeopteryx devenant dès lors un simple dérivé ayant mal tourné. La thèse est contestée, mais tout au moins l'auteur présente-t-il le point sur le sujet, en 1997 - je ne crois qu'il y ait eu beaucoup de révolutions depuis. Les commencements du vol entre l'essor progressif à partir du sol ou les débuts en vol plané, depuis les branches. La thèse défendue est que les dromaeosaures (dont font partie les fameux Velociraptor et Deinonychus) étaient pour certaines espèces arboricoles, ce qui expliquerait la rigidité de leur queue (voir blog Tetrapod Zoology, lien ci-contre, et plus particulièrement ici et ici). Les oiseaux - la classe Aves - n'existeraient pas en tant que classe autonome : ils seraient de fait des dinosaures, encore aujourd'hui, en ce sens qu'ils forment une radiation évolutive à partir d'un groupe particulièrement heureux en termes d'adaptation. Comme leurs cousins, les oiseaux ont failli disparaître à la fin du crétacé. Seules quelques espèces de faible taille ont survécu, ouvrant la voie à une nouvelle radiation, celle des Néornithes, ou oiseaux contemporains.
Essor des oiseaux : à présent que les soirées tango sur les quais s'acheminent vers la fin, comme à l'époque des migrations les danseuses se regroupent, et viennent évoluer en rangs serrés dans le petit amphithéâtre situé en bas de Jussieu.
La soirée d'hier, commencée grommelante, s'est achevée en pure poésie. Maud, Karine, et finalement Alicia que je n'avais pas revue depuis quatre ans. A minuit, quand on débranche la sono, les derniers danseurs circulent un peu, comme hébétés. Personne ne veut s'en aller. Retrouvant Francesca assise sur une travée, je lui ai proposé que l'on rentre ensemble et nous sommes finalement allés boire un verre au Café de l'Industrie, seul endroit de Paris où la bière est bien fraîche. Contés nos mésaventures, nos avancées et desavenças.
Je voudrais dire un mot de Maud : voilà une femme au visage si changeant que je ne sais jamais si c'est bien elle que je retrouve. Elle ponctue sa danse de "pardon, pardon" prononcés d'une voix mélodieuse. Quand la scène est remplie de danseurs, des corps volent dans tous les sens, il faut veiller à chaque point cardinal, entre ceux qui veulent répéter leurs enchaînements du jour, les patauds, les immobiles, et les jeunes qui bondissent pour s'amuser sur la piste. On enserre la cavalière dans un cocon formé par nos bras ; de la main, on écarte les projectiles, les météores diverses qui surgissent à chaque variation. La piste apparaît alors comme un monde mouvant où il faut guider cette femme qui s'abandonne jusqu'à l'espace fugitif ouvert entre deux couples. Yeux fermés, elle ne voit pas où nous allons, ni ces gens qui se pressent autour de nous ; et à aucun moment son sommeil et son rêve ne doivent s'interrompre, il faut les protéger jusqu'au bout.
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