Au lendemain de la manifestation des magistrats, le Monde titre: "Un violeur récidiviste relâché pour une faute de frappe".
"Grand amateur de tango, Jorge Montes avait l'habitude de draguer ses proies lors de soirées dansantes. Ce Français d'origine uruguayenne est soupçonné d'avoir séquestré pendant deux semaines et violé une jeune femme au printemps 2006, puis d'en avoir violé une autre quelques jours plus tard sous la menace d'un couteau. Il avait déjà été condamné en 2007 pour des violences et agressions sexuelles à l'encontre de sa compagne. Sans domicile fixe, il avait été placé en détention provisoire en juin pour ne pas avoir respecté le contrôle judiciaire qui lui avait été imposé dans un premier temps." (Le Monde d'aujourd'hui)
Je vous rassure, cher lecteur, ce n'est pas moi. Moi je suis Français d'origine brésilienne (et grecque) et pour l'instant j'ai encore un domicile (même si je devrai bientôt choisir entre le TGV et le remboursement de mon crédit immobilier).
Une faute de frappe ("infirmer" au lieu de "confirmer") serait à l'origine de la remise en liberté de l'individu en question. La Justice ne peut revenir sur une décision qui a connu l'adoubement du papier et du crayon. Et l'avocat, soucieux de l'intérêt de la société, exige la remise en liberté de son client, et rentre chez lui content "Haha, on leur a joué un bon tour, j'ai sauvé mon client!"
Je ne sais si les choses se sont passé comme ça mais ma foi je vous renvoie à l'article en question.
Ce qui me choque ici, ce n'est pas tant que cet article jette l'opprobre sur les magistrats, les avocats, les greffiers et les violeurs en série, mais qu'il jette aussi l'opprobre sur les danseurs de tango. Et là je dis NON.
Le tango répond à des codes extrêmement stricts, je me ferai une joie de les exposer un de ces quatre. Je vérifie dans mes archives et je ne vois nulle part que l'on puisse séquestrer sa danseuse deux semaines d'affilée. Mes danseuses sont libres après un jour ou deux ! M. la jolie a toute latitude pour faire des stages avec Pablo Veron cependant que je suis bloqué chez moi par mon tendon d'Achille et mon dos fichu. J'autorise même la jupe fendue et les talons de 8 cm. Mais certains, manifestement, ne comprennent rien à une déontologie aussi stricte, et il me semble qu'un Conseil de l'Ordre des Tangueros serait peut-être une bonne chose, pour résorber ou résoudre le divorce entre les danseurs de tango et l'opinion. Expliquer nos rituels, notre decorum, organiser des journées portes ouvertes, cela permettrait sans doute au public de comprendre que nous ne sommes pas tous de dangereux violeurs récidivistes (ceux-ci sont une infime minorité), mais de paisibles travailleurs, d'honnêtes citoyens, de bons pères de famille, accomplissant notre mission dans des conditions difficiles, proches de l'héroïsme ! (je fais allusion à mon tendon d'Achille)
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