Une journée productive à Neverland où je surveille des examens. Lever à cinq heures, arrivée à 8h30. La collègue qui devait m'épauler n'a trouvé personne pour garder ses enfants. A neuf heures je distribue les sujets aux 1ère année ; une étudiante s'exclame : "Mais c'est quoi ça, je n'y comprends rien, on n'a jamais vu ça! Ca vous fait rire?" Je lui réponds que non, que cela ne me fait pas rire, mais que j'ai consacré deux cours à ce thème palpitant qu'est le Brésil du XVIIIe siècle. Ils sont soixante dans la salle, ils étaient systématiquement moins de quarante en cours. Je sais déjà que le tiers d'entre eux va rédiger des tartines de hors sujet.
Dans la première demie-heure, les tire-au-flanc me rendent leur copie sans un regard. J'ai de moins en moins de sympathie pour ces étudiants qui s'autorisent la désinvolture ou l'insolence parce qu'ils ont décidé d'abandonner. A l'un d'entre eux je demande: "Pourquoi n'avez-vous pas assisté aux cours?" Il me parle de problèmes familiaux et conclut "C'était plus important que d'assister à votre cours". Je ne sais quelles idées ils se font de l'utilité des études, de leur propre avenir. Ils doivent penser que c'est à nous d'exiger quelque chose, et à eux de concéder quelques instants de présence, quelques minutes de révision.
A mesure que les heures passent les visages se font plus souriants: ce sont les étudiants assidus et qui ont en plus révisé. Un petit groupe m'attend à la sortie. Fallait-il parler de l'Indépendance, de 1822 ? Pouvait-on évoquer la culture de la canne, même si le sujet était le commerce de l'or ? Fallait-il, sur la copie, sauter des lignes, ou ne pas en sauter ?
Quelle que soit la matière et l'année d'étude, il y a toujours (je l'ai remarqué) au moins un étudiant qui s'insurge contre le sujet, alors que s'il avait suivi les cours ET révisé, il s'en sortirait sans problème majeur. Ce que j'ai eu de mieux dans le style sur un examen de 2eme session, c'est une étudiante qui est venue raler (elle n'avait pas la moyenne) parce que j'avais posé le sujet d'examen sur un cours de 2hr. Elle n'avait pas jugé utile de réviser mes cours, puisque mes interventions sont minimes par rapport à d'autres enseignants de l'UE. Je lui ai vertement fait remarquer que si je donnais un cours, c'est que son contenu faisait partie du bagage qu'ils étaient censés avoir à la fin de l'UE, et pas pour qu'ils fassent une sieste au chaud ...
Rédigé par : Narayan | jeudi 08 jan 2009 à 19:46
est ce qu'il fallait souligner les titres? est ce qu'il fallait répondre aux questions dans l'ordre? est ce qu'on avait droit à des documents?est- ce que je peux aller aux toilettes?
Rédigé par : IV | jeudi 08 jan 2009 à 21:38
Ce qui m'ennuie c'est le manque de maturité. Aussi bien dans l'insolence que dans le type de question que Veggie (IV) évoque, ils affichent leur ignorance de ce que peut être l'université. Mais la secondarisation est perceptible depuis un bon moment. Cela dit il y a des choses plus graves, cette note n'offre pas un grand intérêt, c'est juste que je tourne à vide en ce moment:-(
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 08 jan 2009 à 21:48
Ceci dit ne faisons pas de généralités, je suis sortie de "là" y'a pas longtemps, et bien sûr ce manque de maturité existe réellement, mais je peux assurer que même en première année, la plupart des étudiants de l'amphi se foutent bien de la gueule de ceux qui se posent ces questions (aaah les enfants sont méchants entre eux).
Rédigé par : IV | jeudi 08 jan 2009 à 22:41