L'ami Piou ayant picoré du maïs OGM, je l'invite à suivre mon (peut-être) futur séminaire très intéressant pour se décontaminer !
- De l’anthropopotamie appliquée à l’anthropopotamie impliquée. Prémisses déontologiques (anthropopotamical advocacy)
- L’anthropopotamie au service de l’administration coloniale. Le revirement des années 50-60.
- L’engagement auprès des minorités : investissement du champ politique dans les années 70-80. Le cas de l’Indigénisme au Brésil.
- Années 90 : L’alliance Indigénistes et Environnementalistes. Développement d’un argumentaire conjoint. (Albert ; Morin)
- L’anthropopotamie au service de l’administration coloniale. Le revirement des années 50-60.
- Les concepts en usage : 1) la nature, une construction sociale ?
- La nature, une construction sociale ? La question des représentations sociales de la nature. La« surnature » : la nature envisagée comme culture. Approches autochtones du concept occidental de « Nature ». Limites de l’exercice. (Descola ; Viveiros de Castro ; Diegues ; Bahuchet)
- La nature, une construction sociale ? La question des représentations sociales de la nature. La« surnature » : la nature envisagée comme culture. Approches autochtones du concept occidental de « Nature ». Limites de l’exercice. (Descola ; Viveiros de Castro ; Diegues ; Bahuchet)
- Les concepts en usage : 2) Diversité culturelle productrice de diversité biologique
- Biodiversité et diversité culturelle : l’école américaine dite « d’écologie culturelle » et sa postérité. Politique de l’UNESCO et implications du sommet de Johannesburg (2002). Discussion : Historique de l’expansion humaine (- 200000 ans à nos jours). Les crises écologiques : données paléoanthropopotamiques et historiques. Etudes de cas : les Kaa’por étudiés par William Balée (Maranhão, Brésil) ; la terre indigène pataxó (Bahia, Brésil - mon propre terrain) : les représentations catholiques du « travail » et ses implications pour la préservation de la forêt.
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- Un concept opératoire à la frontière de plusieurs disciplines : le « service environnemental »
- Définitions du service environnemental : approches technocratiques, économiques et écologiques.
- Processus biocénotiques : modèles de fonctionnement des écosystèmes (chaînes trophiques, parasitisme, commensalité, collaboration). Systèmes autorégulés.
- Définitions du service environnemental : approches technocratiques, économiques et écologiques.
- Fonctionnement des systèmes anthropisés
- modes d’adaptation de l’environnement naturel à l’anthropisation : corridors biologiques, mutations comportementales.
- Les cas d’adaptations à l’environnement urbain.
- modes d’adaptation de l’environnement naturel à l’anthropisation : corridors biologiques, mutations comportementales.
- Les réponses envisagées : réponse technologique, écologie politique.
- Les fondements de l’écologie politique : Lévi-Strauss, Jonas, Beck, Latour. Notions de ‘risque’ et de ‘responsabilité’ dans l’action politique.
- Les réponses technologiques et/ou fondées sur la régulation des marchés : la ‘compensation environnementale’.
- Les fondements de l’écologie politique : Lévi-Strauss, Jonas, Beck, Latour. Notions de ‘risque’ et de ‘responsabilité’ dans l’action politique.
- L’anthropopotamie appliquée à la durabilité des pratiques
- Pragmatique du terrain anthropopotamique : la scène, les acteurs. Concepts de gouvernance et d’empowerment. L’exemple des Parcs Nationaux et des communautés locales (Parc Amazonien de Guyane, Parc National du Cap Orange au Brésil)
- Questions pratiques : cadre social d’intervention, analyse des conflits d’usage. Principes de l’expertise : les connaissances mobilisables, les questions à poser. Définitions locales du Développement Durable.
- Pragmatique du terrain anthropopotamique : la scène, les acteurs. Concepts de gouvernance et d’empowerment. L’exemple des Parcs Nationaux et des communautés locales (Parc Amazonien de Guyane, Parc National du Cap Orange au Brésil)
- Définition d’un objet : les populations locales
- L’avènement des populations locales comme intervenant politique, étude de cas : Iratapuru et l’entreprise Natura. De « l’activité traditionnelle » à la « population traditionnelle » : implications légales et politiques.
- L’expertise gouvernementale contrée par les savoirs locaux. La « technocratie » face à la « tradition » : le cas de l’ours pyrénéen.
- L’avènement des populations locales comme intervenant politique, étude de cas : Iratapuru et l’entreprise Natura. De « l’activité traditionnelle » à la « population traditionnelle » : implications légales et politiques.
- Logique d’acteurs, logiques de marché : approche systémique
- Typologie des acteurs : communautés traditionnelles, leadership et transmissions des savoirs territoriaux. Syndicats et Associations.
- Les sphères de médiation : rôle des ONG, des scientifiques, des organes gouvernementaux. Etude de cas : bassin de l’Oyapock.
- Typologie des acteurs : communautés traditionnelles, leadership et transmissions des savoirs territoriaux. Syndicats et Associations.
- La mise en œuvre d’équipes pluridisciplinaires
- Déterminants écologiques, économiques, socioculturels de la durabilité : complémentarité des approches socioéconomiques, géographiques et anthropopotamiques. Exploitation de données géoréférencées (connaissances et usages territoriaux). Les systèmes d’indicateurs de développement durable. (Droulers, Le Tourneau)
- Spécificité de l’approche anthropopotamique : les entretiens non dirigés, les systèmes stéréotypés de représentation. Analyse discursive, observation des pratiques.
- Déterminants écologiques, économiques, socioculturels de la durabilité : complémentarité des approches socioéconomiques, géographiques et anthropopotamiques. Exploitation de données géoréférencées (connaissances et usages territoriaux). Les systèmes d’indicateurs de développement durable. (Droulers, Le Tourneau)
- Phénomènes contemporains : le rapport du local au global
- Justification théorique : l’héritage wébérien. Le concept de communauté et sa transposition administrative.
- Globalisation et ancrage : circulation d’hommes, d’idées, de marchandises. La construction de l’identité par la différence : les concepts « d’ethnicité » et de « territorialisation » (Barth, Appadurai)
- Justification théorique : l’héritage wébérien. Le concept de communauté et sa transposition administrative.
- Territorialité et sociabilité
- Les modes d’appropriation des lieux : « mémorialisation », « historicisation », toponymies (Geertz, Bensa ).
- La cohésion communautaire : les réseaux et les formes de parenté. Les modes de transmissions culturelle et patrimoniale. Les réseaux de sociabilité. La vie associative et religieuse. Les pratiques de coopérations.
- Les représentations du monde naturel : les modes de prélèvement et de collecte. Les forêts « habitées ». La notion d’usage mesuré. Impact des conversions religieuses.
- Les modes d’appropriation des lieux : « mémorialisation », « historicisation », toponymies (Geertz, Bensa ).
- Contre-exemples : Dynamique des fronts pionniers amazoniens
- La colonisation agraire en Amazonie. Les projets d’intégration nationale depuis la dictature.
- La notion de progrès et de développement nationaux face aux risques globalisés : le conflit Nord/Sud et sa rhétorique. Le rôle des médias.
- Esquisse d’une comparaison des usages Nord/Sud : gestion de la biodiversité en France (métropole) et au Brésil, dans la pratique et dans la loi.
- La colonisation agraire en Amazonie. Les projets d’intégration nationale depuis la dictature.
- CONCLUSIONS
Apports de l’anthropopotamie au débat. Les concepts opératoires. Spécificités et complémentarités : du « comment » au « pourquoi ». Etudes des systèmes de représentation.
La « gestion » de la biodiversité au niveau local : contractualisation des pratiques, gouvernance locale, information et implication des populations.
Le Développement Durable : protéger, prolonger, faire durer ?
Je ne suis pas un Piou mangeur de mais OGM mais je m'inscris ;-)
Rédigé par : Elo | jeudi 19 fév 2009 à 20:25
Super! Il me faut dix inscrits pour que le séminaire soit ouvert!
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 19 fév 2009 à 20:32
C'est pas plutôt une série de séminaires que tu proposes? Ça me semble un peu long pour un séminaire (45min+15 min question + 2 heures apero)
Rédigé par : Mouton | vendredi 20 fév 2009 à 04:08
Ce sont des séminaires de Master, ils font 2h chacun (du moins j'espère).
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 20 fév 2009 à 10:06
Bonjour anthropopotame,
Programme intéressant.
Personnellement, la partie qui m'intéresse le plus est la deuxième, relative à la nature comme construction sociale. Nous avions eu un débat assez intéressant chez Eolas, il y a un peu plus d'un an, entre commentateurs, que je me permets de reprendre pour avoir votre avis.
"169. Le vendredi 4 janvier 2008 à 14:40, par tschok
@ Laurent Dingli, votre com 155,
…
Il y a un autre commentaire d'Eolas, qui m'a personnellement fasciné, et sur lequel je suis curieux d'avoir votre opinion.
Le voilà: "Mais vous comprendrez aisément que l'agriculture n'a rien à voir avec le milieu naturel. "
Je trouve fascinant de parvenir à dire cela sérieusement, en toute conscience, modernement, si je puis me permettre le néologisme.
Vous comprenez ce que je veux dire?
On est parti d'un concept d'agriculture "hors sol" qui existe depuis, mettons, un demi siècle et aujourd'hui quelqu'un d'intelligent, d'urbanisé et de cultivé vient nous dire que l'agriculture et le milieu naturel n'ont plus "rien à voir".
C'est fini, il n'y a plus de relation entre l'agriculture et la nature, dit il en substance.
Ce n'est plus du "hors sol", c'est le degré supérieur: de l'agriculture sans nature.
Et ce n'est pas faux: les OGM, les cultures hydroponiques ou sous serres, l'élevage en batterie éloigne "l'objet" cultivé ou élevé de son milieu naturel.
A la limite même, il est contraire à la santé publique que "l'objet agricole" entretienne des relations avec son milieu naturel. Songez par exemple à la grippe aviaire: les volailles ont été assignées à résidence. Interdiction de sortir pour éviter la contamination.
Songez également aux terres polluées par les nappes elles mêmes polluées : la pollution remonte dans la plante et se retrouve dans notre assiette, puis notre sang et nos os.
Quand on y réfléchit, cultiver des plantes en pleine terre est une pure folie. C'est dégueulasse la terre. C'est plein de cadavres en putréfaction depuis des millions d'année. Beurk.
Bref, cette idée que l'agriculture n'a rien à voir avec le milieu naturel, je la trouve pas si bête que ça.
Elle correspond à notre désir d'hygiène et de pureté, alors que les avancées des technologies du goût permettent de synthétiser les saveurs "authentiques" du Terroir en toute sécurité.
Cette idée me fait penser à ce qu'on disait dans un autre domaine: "l'industrie sans usine".
Bref, je trouve cela fascinant.
Et vous?
179. Le vendredi 4 janvier 2008 à 16:50, par Laurent Dingli
@ tschok, votre commentaire
... comme vous l'avez si bien remarqué, Maître Eolas en vient à proférer des inepties du genre : l'agriculture n'a rien à voir avec la nature !!!! Nous sommes bien dans cette logique de toute puissance délirante et de réification du vivant qui, lors de la crise de la vache folle, faisait qualifier les animaux abatus "d'unités" à éliminer. ….
186. Le vendredi 4 janvier 2008 à 18:25, par tschok
@ Laurent Dingli,
Pour ma part, je n'ai pas dit que c'était une ineptie.
Je trouve au contraire la proposition assez fulgurante en ce sens qu'elle nous met à mon avis au cœur du problème.
Qu'est ce qu'on est en train de faire avec tous ces trucs? Une agriculture sans nature, comme il l'énonce très justement et, je vous le concède, peut être involontairement. C'est à dire, comme vous le soulignez, une réification absolue du vivant (mais je ne garantirais pas qu'il en soit un partisan).
Or, cette proposition va complètement à l'encontre du désir d'authenticité et de retour à la nature que la société exprime officiellement et qu'on présente même comme un fait social (là, en revanche, je dirais plutôt que vous vous affirmez comme un partisan de ce désir de nature, ce qui est une position tout à fait légitime).
C'est à dire qu'il y a un clivage: notre société désire le contraire de ce qu'elle fait.
Nous sommes en train de réifier la nature, mais nous vivons dans le désir d'une nature authentique.
C'est ce clivage qui me fascine.
Sur le fond de votre commentaire: je n'aurais pas la même sévérité que vous à l'égard d'Eolas.
Je ne pense pas qu'il nie les pertes humaines, la souffrance ou la pollution, ou tout ce que vous mentionnez. Simplement, en tant que juriste il veut avoir les éléments matériels, les preuves si vous préférez, pour savoir de quoi on parle et prendre la mesure du phénomène.
Si untel dit "contamination", il répondra "montrez moi où".
Et le juriste se demandera "quelles conséquences?". C'est automatique.
Faut pas engueuler les juristes. Les juristes sont des gens qui sont prêts à "tout arrêter" si le "tout" en question crée un préjudice insupportable.
Si le "tout" ne crée pas de préjudice insupportable, alors il n'y a pas de raison de l'arrêter.
Le "tout" en question pouvant représenter une activité économique ou scientifique profitable pour l'humanité, le juriste y regardera à deux fois avant d'agir.
N'est ce pas une démarche fondamentalement raisonnable?
195. Le vendredi 4 janvier 2008 à 19:16, par Fantômette
Je précise à Laurent Dingli qu'il altère également les propos de Tschok (salut, confrère, et bonne année !)
Comparer :
"Et comme vous l'avez si bien remarqué, Maître Eolas en vient à proférer des inepties du genre : l'agriculture n'a rien à voir avec la nature !!!! " (Vous)
et
"Bref, cette idée que l'agriculture n'a rien à voir avec le milieu naturel, je la trouve pas si bête que ça." "C'est fini, il n'y a plus de relation entre l'agriculture et la nature, dit il en substance; Ce n'est plus du "hors sol", c'est le degré supérieur: de l'agriculture sans nature. Et ce n'est pas faux: les OGM, les cultures hydroponiques ou sous serres, l'élevage en batterie éloigne "l'objet" cultivé ou élevé de son milieu naturel"
Prenez le temps de bien lire. Méfiez-vous de Tschok, sa pensée est subtile.
198. Le vendredi 4 janvier 2008 à 19:36, par Fantômette
@ Tschok
Désolée, j'ai posté avant d'actualiser les commentaires sur la page, de sorte que j'ai manqué votre dernier commentaire.
"C'est à dire qu'il y a un clivage: notre société désire le contraire de ce qu'elle fait. Nous sommes en train de réifier la nature, mais nous vivons dans le désir d'une nature authentique."
Je ne suis pas si sûre que nous vivons un tel clivage, car je ne suis pas si sure que nous vivons REELLEMENT dans le désir d'une "nature authentique".
Par parenthèse, utilisez-vous d'ailleurs ce terme volontairement vous-même, ou est-il venu naturellement - si je puis me permettre ? Qu'est-ce qu'une nature "authentique"? A quelle nature "inauthentique" s'oppose t-elle ?
J'aurai tendance à qualifier, pour commencer, ce "désir" de "nostalgie", et je vous concède, de peur d'être attaquée sur ce point, qu'il ne s'agit que d'une impression.
Quant à l'objet de cette nostalgie, il me semble qu'il est déjà largement artificiel. La nature dont nous raffolons aujourd'hui (et moi-même après une journée stressante, rien ne me convient mieux que d'aller me balader dans un parc à l'anglaise) est une nature déjà bien peu naturelle.
C'est précisément, il me semble une nature "à l'anglaise" comme je vous parlais de jardins à l'anglaise. Une nature imitée, mais idéale. Idéologique peut-être.
Une nature cultivée, en un mot, eh oui, un oxymore tout entier, où l'on se promènerait en respirant un air, mon dieu, aussi pur qu'il sera possible.
Ce désir là n'est probablement pas nouveau du reste.
Pour rebondir sur des commentaires passés, vous n'ignorez pas que dans la Génèse, le paradis est un jardin. Donc, en un mot, une nature cultivée, une nature avec homme.
Et que, sauf erreur de ma part, ce jardin est opposé (et entouré par) une nature qui est qualifiée de "champs" (en tout cas dans les traductions dont il me semble me souvenir).
Et si, en réalité, nous réifiions la nature pour en faire des jardins ?
Qu'en pensez-vous, vous ?
21. Le lundi 7 janvier 2008 à 16:08, par tschok
Bonjour Fantômette,
… Je reprends donc votre com 198 dans le post sur José Bové. Vous y abordez deux thèmes: la nature authentique et le retour vers un paradis perdu.
Pour moi, la "nature authentique" est un pur concept, ce qui ne l'empêche pas d'être assez précis.
En gros, on trouve toujours trois idées motrices:
- Une notion de temps anciens et révolus où l'homme n'était pas ou peu présent: la nature authentique est une nature sans l'Homme, ou avec une présence humaine minimaliste, non polluante (l'Homme vis tassé dans une caverne, sans gasoil ni électricité nucléaire). La nature est un temps: en fait, c'est le temps des dinosaures, des jungles et des forêts primaires, de la vie qui explose dans tous les sens. C'est le temps du temps primitif.
- Une notion d'écrin ou d'île, ou encore de sanctuaire (Robinson Crusoe, ou la pub "ce petit coin de nature est l'endroit idéal pour vous parler de la lessive..."): la nature est un lieu. Ce lieu présente une caractéristique très particulière: il n'est pas là où celui qui en parle se trouve. C'est un "ailleurs": observez comment, dans le débat, ceux qui ont prétendu parler "depuis" la nature se sont vus contester cette sorte de surplomb qu'ils se donnaient par rapport aux autres: cet ailleurs, il n'est pas interdit d'en parler, mais il est interdit d'en parler quand on s'y trouve (comme à l'église ou au temple) sauf quand on est un prêtre. Dés lors les comportements de "grand prêtre de la déesse nature" peuvent être observés et, corrélativement, les accusations de fanatisme écologiste ou de mysticisme fusent.
- Une notion jupitérienne de chaos ou de punition divine, d'immensité, de Dieu, de démiurge, d'apprenti sorcier, de science: la nature est un projet, donc une volonté ou un affrontement des volontés entre un Dieu Créateur et un Homme inventeur. Du reste, la notion d'authenticité, dans l'une de ses acceptions, signifie qu'on est capable d'établir un lien entre une œuvre et un auteur: la nature authentique est une œuvre créée par un auteur nommé, Dieu, ou un grand architecte, comme disait Voltaire.
Ces trois éléments, c'est Jurassic Park, en fait. Et Jurassic Park nous est inaccessible, heureusement d'ailleurs vu les monstres de cauchemar qui peuplent l'endroit.
Bref, une nature où nous n'avons pas vraiment notre place mais qu'on peut observer de l'extérieur ou dont on peut se souvenir, comme on se souvient d'un rêve qui était peut être un cauchemar.
Ce concept n'est jamais qu'une représentation mentale de la nature, il n'est pas la description du "phénomène nature", qui n'est pas un concept, mais une connaissance scientifique.
Dans le débat qui a eu lieu, on a assez typiquement retrouvé cette opposition entre ceux qui faisaient primer la représentation mentale sur la connaissance scientifique et ceux qui avaient une position inverse.
De nombreux commentaires ont cependant montré que ces deux positions étaient en réalité complémentaires.
Toujours est il que je rejoins partiellement votre point de vue: nous vivons réellement dans le désir d'une nature, mais qui n'est pas réellement authentique. Là, je suis d'accord avec vous.
Parce que personne ne sait ce que cela signifie être authentique. La puissance symbolique du mythe est trop féconde: chaque esprit invente sa conception d'une nature authentique autour du canevas temps/lieu/dessein.
Pour ma part, la représentation que je me fais de la nature est l'espace, le cosmos, et je suis toujours très étonné que le mot nature convoque souvent dans notre esprit une vision bucolique, terrestre, et rarement une vision cosmique.
Sur votre deuxième idée: le retour vers le paradis perdu, vers le jardin originel à travers la réification de la nature.
C'est un paradoxe. Si je vous suis bien, nous réifions la nature pour revenir vers le jardin d'Eden, c'est à dire ce lieu et ce temps qui était inclus dans un dessein divin et qui représente pour nous un modèle de nature où, cette fois-ci, l'Homme était présent et faisait intrinsèquement partie de la nature.
C'est une idée très symbolique
La réification de la nature n'est concevable que grâce aux techno-sciences, c'est à dire à la connaissance.
Or, bibliquement, l'Homme a été chassé du paradis terrestre parce qu'il a goûté au fruit de la connaissance.
Si je vous suis bien, encore une fois, il y reviendrait donc grâce au fruit de la connaissance.
Voilà un parallélisme des formes qui ne mettra sans doute pas fin à la vigilance de la garde que montent les chérubins, du moins je l'espère: ce qu'il y a de motivant dans le paradis terrestre, c'est qu'il est perdu, définitivement, sans esprit de retour.
Je m'explique: l'autre volet de la réification de la nature par les techno-sciences, c'est la réification de l'Homme par les sciences humaines, qui permettent entre autres choses de raffiner les mécanismes de domination et d'anéantissement.
Cet autre volet, on sait ce qu'il a donné par le passé: le totalitarisme. Et la notion de paradis était au cœur de la cible.
Ce premier volet a été ouvert, puis fermé, pour de bon j'espère.
Maintenant, nous passons au volet n°2: la réification de la nature par les techno sciences (l'Homme est très méthodique finalement). Et je crains que cette voie ne nous conduise au même cul de sac.
Alors je préfère abandonner toute idée de paradis autre que très clairement artificiel et bois un bon coup à votre santé en vous priant de me pardonner de vous avoir asséné une réponse aussi longue.
28. Le lundi 7 janvier 2008 à 19:15, par Fantômette
…
"Si je vous suis bien, nous réifions la nature pour revenir vers le jardin d'Eden".
Pas tout à fait.
J'opposais en fait l'idée de jardin au concept de nature authentique, pour faire valoir qu'en réalité - il m'apparait que nous nous rejoignons sur ce point - il n'y a pas de réel désir de retour à une nature authentique - pour autant qu'il ne soit pas hautement contradictoire de désirer une nature authentique qui - dans les termes de votre définition - ne saurait inclure l'homme.
Pour moi, l'idée même de jardin réside précisément dans l'alliance "nature - homme" qu'elle propose, tout simplement (tout bêtement) parce qu'un jardin ne se conçoit pas sans jardinier.
Et que le jardin est donc par excellence le lieu où l'homme et la nature cohabitent.
Ce n'est alors plus de la nature "authentique", mais de la nature que l'on pourrait qualifier de "cultivée" (et il me plait assez de laisser planer la double signification du mot, sans dissiper l'ambiguïté).
En un mot, il m'a paru amusant - et peut-être juste - d'imaginer qu'un jardin pourrait précisément être qualifié de nature réifiée.
Or c'est de la nature-jardin dont l'homme, à mon sens, est nostalgique. D'où également la référence au jardin d'eden : le paradis perdu, celui dont nous avons la nostalgie - ce n'est pas la nature, c'est un jardin.
Et - je rejoins votre analyse sur ce point - c'est là que se situe la possibilité d'un rapprochement des deux positions exprimées.
"C'est une idée très symbolique".
Vous savez que le contraire - étymologiquement - de symbolique, c'est diabolique ?
A la vôtre."
Qu'en pensez-vous, mon cher anthropopotame ?
Rédigé par : Fantômette | vendredi 20 fév 2009 à 10:41
Vous êtes bien dure avec votre serviteur, Fantômette, car vous savez peut-être que je travaille à ma libération conditionnelle (dossier de 300 pages) et pour cela il faut justifier d'un poste à l'IRD.
Je vous propose d'inverser la proposition:
Lorsqu'un castor construit un barrage pour édifier son abri, on parle de "phénotype étendu", le phénotype étant les caractéristiques physiques dictées par le génotype individuel, et le phénotype étendu étant tout ce qui permet à cet individu d'évoluer dans un milieu favorable. Le nid des oiseaux, la pierre taillée, la termitière, tout cela appartient au phénotype étendu des espèces respectives (cf Dawkins, The extended phenotype, 1979 je crois). L'homme est un singe tropical qui tropicalise son environnement. Tout ce que nous faisons, tout ce que nous pensons, sont des faits de nature, nos villes et nos champs appartiennent à notre phénotype étendu.
Donc tous les débats portant sur la "construction sociale de la nature", la "réification de la nature" sont des projections narcissiques qui n'ont pas lieu d'être. Le problème qui se pose à l'homme est que l'extension extrême de son phénotype en vient à mettre en danger, non seulement l'existence d'autres espèces, mais également ses propres possibilités de survie. Tout est nature, en somme, y compris la culture.
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 20 fév 2009 à 13:21
Pfff... desole mais les programmes comme ca sans pause foie gras/Cahors, moi, je "passe"...
Rédigé par : Le Piou | samedi 21 fév 2009 à 04:52