Je signale au lecteur cette excellente note d'Eolas à propos des déclarations de Luc Besson dans Le Monde : http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/16/1318-quelques-lecons-de-droit-a-l-attention-de-luc-besson
La parodie finale est hilarante, ce pourquoi je classe décidément cette note dans la catégorie "Arnaques et entourloupes".
Parmi les nombreux commentaires, il en est un que je retiens: quand un film est pré-payé car il sert de support publicitaire à Rolex, Nokia, Dell, Redbull, Audi et j'en passe (par exemple l'immarcescible Yes Man, avec Jim Carrey), et qu'il se décline sous forme de produits dérivés et vente d'image comme le fut Arthur et les Minimoys ou Le Cinquième Elément à la BNP ou SFR, ne peut-on considérer que comme tout produit publicitaire il devrait s'exhiber gratuitement - un peu comme un écran parasite ?
Dans la note suivante, le défenseur de Besson (Luc) est pourfendu à son tour:
http://www.maitre-eolas.fr/2009/02/18/1319-tout-le-monde-n-a-pas-le-talent-de-luc-besson
Un passage m'intéresse particulièrement:
"D'une part, dit Eolas, personne ne sait combien BeeMotion a gagné grâce à la pub. Rappelons que la société Wizzgo, avec son “magnétoscope numérique”, affichait 1294 euros de recettes publicitaires en une année d'existence. Je crois qu'il y a une vraie illusion d'une criminalité extrêmement lucrative, entretenue par les chiffres fantaisistes de l'industrie (rappelons que Luc Besson parle d'un milliard d'euros par an pour la France), donc d'argent à confisquer ou taxer, qui va faire des malheureux"
Il m'intéresse car on entend souvent ce genre de propos en Amazonie, à propos de la "biopiraterie" : les laboratoires étrangers gagnent "des milliards" sur le dos des Indiens, donc du Brésil. Les savoirs traditionnels valent "des milliards", etc. Ce chiffre magique, la barre du milliard, nous oblige à nous intéresser à la valeur de l'argent: en effet, passé un certain seuil, le chiffre annoncé ne désigne plus une valeur monétaire, mais une valeur tout court. Il se transforme alors, et intègre un nouveau marché, marché purement symbolique, celui de la valeur que l'on s'accorde à soi-même.
A mesure que les différences culturelles s'amenuisent, la diversité ethnique augmente (Voir Poutignat et Streiff-Fénart, 1995), et les processus de différenciation doivent adopter de nouvelles modalités. L'argument culturel allant en s'appauvrissant, ce sont les références financières - universellement admises - qui prennent le relais. Un peu comme si les Histoires de l'Art abandonnaient les axes chronologique et thématique pour adopter comme critère celui du prix des toiles de maîtres sur le marché contemporain.
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