Le lecteur a peut-être suivi les péripéties d'un de mes articles soumis à une excellente revue - appelons-la Journal de la Société des Anthropopotames Amazonistes.
En janvier 2008, je recevais un ensemble de commentaires peu flatteurs auxquels j'avais répondu. J'avais profondément remanié l'article, supprimé certaines parties, signalé précisément ce qui venait de mes terrains, etc.
En septembre 2008, l'article m'est retourné. L'un des relecteurs n'y voit plus d'objections, l'autre en revanche continue de m'attaquer sur tel et tel point. Je discerne dans ses critiques une part de malveillance qui fait que je réponds au comité de rédaction.
Généralement on accepte les commentaires, y compris lorsqu'ils sont infondés, mais disons - comme l'a prouvé l'expérience de Pomme d'Api, que certains comités de revues très recherchées frôlent l'irrespect à l'égard des auteurs, et pas seulement ceux qui ont une faible notoriété. Ce peut être aussi l'occasion, sous l'anonymat du commentaire, de régler de vieux comptes avec des spécialistes hautement reconnus.
Bref, en janvier la Société des Anthropopotames m'annonce que l'article est accepté, et vient enfin la dernière étape avant publication : la révision générale par la secrétaire de rédaction. Dans certains cas - comme cela est arrivé avec la revue "Etudes Anthropopotames", la secrétaire va un peu loin, m'annonçant par exemple avoir supprimé la conclusion "car elle ne la comprenait pas"...
Or, dans le cas du Journal de la Société des Anthropopotames, voici le document que 'ai reçu (toutes les pages ne figurent pas sur la photo) :
En violet, ce qui a été réécrit ou remanié, en jaune les demandes d'éclaircissement. J'ai donc tout relu attentivement et donné mon accord ou mon désaccord à chacune des modifications proposées.
Ce que je veux souligner ici, c'est que 95% des modifications sont judicieuses ou très judicieuses, toute la biblio a été passée en revue, les références rectifiées, avec un souci du détail et de l'exactitude auquel je tire mon chapeau. L'édition scientifique est un dur métier. Mon bouquin était également passé entre les mains d'une éditrice excellente et l'ensemble était sorti grandement amélioré. Donc je ne regrette pas d'avoir soumis cet article au Journal de la Société des Anthropopotames, même si le processus a été long et laborieux.
J'ai assisté ce jeudi à un séminaire 'éthique en biologie' (dont je ferai -si j'en ai le temps- un billet). Bref, au cours de la discussion, nous avons abordé le problème du referring. Certains disaient qu'il serait bon que les auteurs de l'article soient anonymes (aux referee) d'autres que les referee ne soient plus anonymes. Je pense que cette dernière solution est bonne. Assumer ses propos sans protection de l'anonymat, conduirait certains (j'en suis sure) à modérer quelque peu leurs propos. Il est un peu dur de devoir assumer en chair et en os, les insultes ou critiques infondées. Après tout, on évolue dans un si petit monde...
Rédigé par : Narayan | dimanche 15 mar 2009 à 21:10