J'ai bien fait de ne pas aller à la réunion à Neverland, ce matin. Cela m'a évité de me faire lyncher, et de plus je trouve beaucoup plus amusant de rester chez moi et d'ouvrir au fur et à mesure les mails d'insultes. J'apprends ainsi que je ne suis pas "le roi de la recherche", mais un "homme normal" qui devrait "revenir sur terre". J'y réponds selon l'inspiration du moment, par une pirouette inspirée tantôt du mime Marceau, tantôt d'Hercule Poirot.
La grande affaire, qui fait hurler les collègues, est que "quelqu'un" m'a informé de ce qui s'était dit dans une réunion du département auquel j'appartiens. Comme si, n'ayant pas été présent, j'avais perdu tout droit à quelque information que ce soit.
Par ailleurs, j'ai annoncé à mes étudiants que j'assurerai tous mes cours la semaine prochaine, quelle que soit la situation. Aussitôt une étudiante m'écrit:
Monsieur Anthropopotame, bonjour.
Je me permets de vous écrire ce mail aprés avoir lu vos courriers transmits par le secrétariat.
Je suis moi-même POUR la reprise des cours, je ne vous cache pas mon inquiétude face à l'année qui se termine prochainement, aux partiels qui arrivent... Ceci étant, je suis entièrement d'accord avec les revendications des étudiants et enseignants, et soutient la grève à 100%. Mais il est vrai que je ne cautionne pas certains modes d'actions, comme le blocage. Je pense qu'il est grand tant de reprendre les cours, tout en continuant bien sur à manifester ou à montrer notre mecontentement par d'autres moyens. Ceci étant, je ne me vois en aucun cas , tout comme d'autres, faire un cours malgrés que la fac soit "bloquée", je ne pense pas que ce soit un contexte sain pour étudier. Faire cours sans être à l'aise, avec la "crainte" d'être "delogé" a tout moment par les pro-bloqueurs? Ceci est-il normal ?
Je ne pense pas que faire cours de force soit vraiment bénéfique.. Je ne sais donc pas encore si je viendrais en cours de portugais la semaine prochaine, car comme vous l'avez compris, je ne pense pas que ce soit la meilleure façon d'étudier... Nous nous rendons aux AG pour voter contre ce blocage, les anti-bloqueurs sont de plus en plus nombreux, et nous esperons pouvoir assister de nouveau à nos cours, NORMALEMENT.
Cordialement,
Julie.
J'ai répondu à cette étudiante qu'au pire elle risquait de voir son cahier précipité au sol par un bloqueur, mais que je ne pensais pas que quelqu'un viendrait avec un couteau de cuisine. En fait je suis curieux de voir comment ce blocage continuera d'être justifié s'il aboutit, comme c'est déjà le cas, à exercer des violences, réelles ou psychologiques, sur ceux qui ne l'approuvent pas.
Ma proposition n'aura de sens que si la majorité de mes étudiants se présentent, de même que quelques collègues.
Mon opération "recentrement" a en tous cas parfaitement réussi. J'ai repris le contrôle de la situation en cessant de m'exciter à tout bout de champ sur des choses qui n'en valent pas la peine.
Courage !
Rédigé par : Elo | vendredi 20 mar 2009 à 18:54
Elo, je crois tout de même que ma démarche n'est pas courageuse, mais perverse. Je suis, au fond, un peu coquin. As-tu lu "le démon de la perversité" de Poe?
Rédigé par : Anthropopotame | vendredi 20 mar 2009 à 22:16