Le lecteur sait peut-être que j'essaye de faire de mon appartement un petit écosystème. Cela ne va pas sans poser des questions morales dont j'expose l'une ici.
Alors que je me servais mon café, une petite araignée sauteuse a descendu son fil depuis le placard de la cuisine. Irrité, je l'ai saisie par le bout du fil et l'ai déposée dans le pot de la plante carnivore. Elle s'est baladée deux minutes et crac, la dionée s'est refermée. MAIS le piège était cassé car une autre mâchoire entravait sa fermeture. L'araignée allait donc passer de longues journées à s'ennuyer, dans le piège à demi refermé. Finalement j'ai pris des ciseaux et lui ai découpé une petite ouverture afin qu'elle s'en aille quand elle le voudrait.
Ce qui m'a gêné c'est que je l'ai posée moi-même dans le pot, comme ces idiots qui balancent des souris à leurs mambas.
Bonjour anthropopotame,
Je crois qu'il pourrait vous être profitable d'élaborer un corpus de règles posant par avance les principes qui prévaudront dans votre cuisine et vous guideront dans vos choix d'action.
Un droit de l'environnement, en d'autres termes.
Vous pourriez utilement vous inspirer du droit des installations classées, par exemple, pour définir un statut adapté à la zone "plante carnivore". En effet, cette zone relève de la notion d'exploitation agricole, susceptible de créer des risques ou de provoquer des pollutions ou nuisances, notamment (et manifestement) pour la sécurité et la santé des araignées.
La question que vous posez n'est pas sans lien avec les questions que vous souleviez il n'y a pas très longtemps, à propos du jardin de la maison de votre tante.
Par exemple, dans quelle mesure souhaitez-vous laisser se développer une certaine biodiversité dans votre cuisine ?
Comment respecter à la fois les droits et les intérêts, parfois divergents, voire conflictuels, qui opposent la plante carnivore et les araignées ? Quel rôle souhaitez-vous vous attribuer dans la résolution des litiges qui ne manqueront pas de se produire ? Devez-vous organiser l'information a minima des araignées sur le risque qu'elles courent ? Souhaitez-vous privilégiez des solutions de type libéral, laissant à tout un chacun le soin de se déterminer sur ses actions (manger ou ne pas manger les araignées riveraines, tomber ou ne pas tomber dans le café d'anthropoptame, etc) quitte à en assumer les conséquences ? Souhaitez-vous être plus interventionniste ? Ce qui n'empêche nullement, d'ailleurs, de définir des critères d'intervention qui permettront à celles-ci d'être lisibles et prévisibles, pour le bénéfice de tous (par exemple : faut-il distinguer les araignées-du-matin-chagrin des araignées-du-soir-espoir ?)
Les enjeux soulevés ici sont importants et complexes, mais ils sont également de très classiques enjeux juridiques. Courage donc.
Rédigé par : Fantômette | lundi 25 mai 2009 à 12:02
Fantômette, je vois que vous êtes sensible aux enjeux et défis posés par la modernité (définie ici comme capacité des humains à respecter et restaurer le fonctionnement d'écosystèmes).
D'autres problèmes de coexistence se posent: les moineaux entrent dans la cuisine et me chipent du pain, les merles farfouillent dans les plantes à la recherche des vers de terre que j'ai péniblement rapporté de Vendée pour revivifier la terre, sans parler du bac à orchidées où se développent des acariens franchement hostiles à M. la Jolie, elle aussi partie intégrante de l'écosystème mais très allergique à tout ce qui porte plume, poil ou huit pattes.
Ce que vous me suggérez, c'est de définir des zones d'usage, des zones différemment affectées.
La plante carnivore, par exemple, se sent si bien sur la table de la cuisine que je ne me sens pas le coeur de la déplacer, même si les araignées boudent généralement l'endroit (elles préfèrent l'étagère au-dessus de mon lit).
En revanche, je crois qu'on peut poser comme acquis que le frigo m'est réservé, ainsi que son contenu. Pareil pour le congélateur.
Je peux dédier un tiroir de la commode à l'élevage de mites, où je placerais un vieux pull?
Problème également de mon avocat - haha, je vous sens dresser l'oreille - envahi de pucerons déposés par des fourmis. Saurez-vous juger de l'affaire en restant impartiale, si elle implique un confrère porté à la photosynthèse?
Rédigé par : Anthropopotame | lundi 25 mai 2009 à 12:14
Ah cruauté humaine quand tu nous tiens...
(je sais pas pour les araignées, mais mes chats sont très douées pour attraper et bouffer les mouches, si ça t'intéresse ;))
Rédigé par : Dr. CaSo | lundi 25 mai 2009 à 14:26