M. la Jolie depuis l'Irlande m'annonce que tout va bien.
Elle passe ses journées au grand air, escalade des volcans, traverse des régions ne figurant sur aucune carte. Elle m'envoie un petit mot chaque soir avant de s'endormir, et chaque soir je la sens remplie d'une saine fatigue et de belles images plein les yeux.
Evidemment je suis heureux qu'elle s'émerveille des paysages qu'elle décrit, qu'elle passe en une journée du bord d'un lac au front de mer, gravisse et redescende des monts insoupçonnés.
Mais dans le même temps je suis un peu inquiet de l'état dans lequel je vais la retrouver. J'avoue que je me suis habitué à son joli minois. Je ne serais pas sûr d'être ravi si elle me revenait tannée comme un vieux loup de mer, burinée par l'air du large, soufflant l'écume de sa bière et chiquant du tabac.
Et son absence commence à influer sur ma vie quotidienne : pas rasé, pas lavé, levé n'importe quand, mangeant n'importe quoi à n'importe quelle heure, le crâne ni tondu ni à tondre, le nez mi-mouché mi-bouché, aucune envie d'aller au tango ni au cinéma, bref, tout cela (l'absence de M. la Jolie) commence à me peser.
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