Dîner avec Philippe et Liz, hier, à propos de la résistance de l'agriculture intensive à la popularisation de l'agriculture biologique. Les lobbies tendent à décrédibiliser le biologique, comme s'i'l s'agissait d'une pulsion orientée par des fantasmes de santé et d'harmonie, les producteurs intensifs faisant alors figure d'hommes ayant les pieds sur terre, tolérant les fantaisies mais devant toutefois assumer la lourde tâche de nourrir le monde. (Exemple avec les porcs en batterie: "le consommateur projette ses fantasmes sur le porc et imagine que celui-ci est plus heureux en liberté...")
Autre stratégie: la propagande. Viser à la création d'une niche, créer des signes de reconnaissance sociale: boboïser le produit, le vendre deux fois plus cher, et en sous main revaloriser les produits bourrés d'hormone comme s'il s'agissait d'une marque chère aux couches défavorisées.
Santé et environnement ne font pas forcément bon ménage. Acheter du raisin bio d'Afrique du Sud, résultat de l'écoute passive de milliers de slogans contradictoires mais qui sont, je pense, volontairement répandus: ("manger trois poires préserve du cancer" - "l'abus de pastèque peut favoriser l'acouphène" - "2.5 verres de vin bio fait baisser le taux d'infarctus de 17%" - "des souris nourries au transgénique ont couru plus longtemps mais avaient du poil aux oreilles") - chacun précédé de l'incipit "Une enquête menée à ... par... révèle que..."
Bref. En autorisant cet obscurcissement progressif de l'explication par la santé, le marché nous refourgue toute sorte de produits, laitiers, fruitiers, élaborés, et nous en revenons à l'épisode précédent: tout ne sera plus affaire que d'emballage et de communication.
Moi, si j'en avais les moyens, je mangerais 5 fromages par jour et je suis sûre que je me porterais comme un charme... mais ça devrait être du fromage bio, bien sûr, et pas ce bloc de cire orange qu'on appelle fromage en Amérique du Nord...
Rédigé par : Dr. CaSo | vendredi 26 juin 2009 à 15:35
salut CaSo, j'aurais donc dû laisser mon titre original: " mangez cinq viennoiseries par jour" ;-)
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 26 juin 2009 à 16:51
Le plus important, c'es surtout de bien boire son pinard avec son fromage.
Pfff...
Rédigé par : Le Piou | vendredi 26 juin 2009 à 17:15
ben moua je voudrais bien manger 5 fromages par jour, mais faudrait d'abord que je fasse un gros héritage, parce que tu vois, quand la pointe de brie (du brie !! bas de gamme en plus !) d'environ 150 gr est à 6$ et des brouettes, ben comment dire. tu manges moins de salade quoi.
Rédigé par : Dodinette | vendredi 26 juin 2009 à 17:25
Ca me rappelle cet article, dans lequel l'auteur décrédibilise le bio:
http://miammiam.mabulle.com/index.php/2007/12/04/104163-non-l-agriculture-biologique-n-est-pas-durable
Rédigé par : IV | vendredi 26 juin 2009 à 17:31
Super lien, Veggie. Les commentaires illustrent précisément mon point: la multiplication des informations plus ou moins estampillées scientifiques (ici un article d'un "rapporteur de l'AFSSA, membre de l'Académie d'Agriculture") toutes mises sur le même plan, est le revers de la médaille à "l'entrée des sciences en démocratie".
J'ai lu aujourd'hui le mensuel publié par Act Up aujourd'hui, qui a tout d'une publication scientifique, discours militant en plus. Bref, aujourd'hui, le citoyen lambda peut faire son marché et sa popote d'arguments scientifiques non filtrés sur internet, et se constituer son petit menu d'opinions à l'emporte-pièce, réductibles à des formules de ce type 'non, l'agriculture biologique n'est pas durable'...
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 26 juin 2009 à 17:44