Voilà à quoi j'en suis réduit : à mendier des participations à des colloques comme auditeur!!!
Je ne sais pas ce qui m'a pris, comme si je sortais d'un long sommeil monomaniaque, où j'ai laissé passer toutes les propositions et tous les appels d'offre afin de me consacrer à l'HDR, oubliant qu'il y aurait un demain.
Et à présent je me réveille et tel un diable de Tasmanie, ou comme j'étais moi-même il y a cinq ans, quand j'ai décidé de ne plus travailler chez les Pataxo pour me consacrer aux réserves extractivistes, je prospecte, je prospecte, je prospecte, je cherche de nouveaux partenaires, je veux créer un réseau - si possible tentaculaire - dans tout ce que la France compte d'écologues, de zoologistes et de botanistes.
Pendant ce temps M. la jolie pondère. Elle voudrait que je passe du temps pour choisir mes nouvelles lunettes, mon nouveau canapé, mon nouvel aspirateur. Elle veut comparer, soupeser, estimer, et moi je règle ce genre de choses en cinq minutes - "Mmmh pas mal ce canapé (dis-je à l'aimable vendeuse), vous le livrez quand" - mais je sens bien qu'il faudrait y consacrer plus de temps, en particulier les lunettes.
Et je ne prends pas ce temps, pas plus que je ne le prends pour me poser et réfléchir. Je vois passer des projets ANR qui disent et répètent tous la même chose - "Le développement durable est paradoxal en ceci que blablabla..." ; "On pense souvent la gestion d'aires protégées comme devant aboutir à la création d'espaces sanctuarisés, mais les populations humaines et patalali et patalala..." - et moi je voudrais du nouveau !
Mais je vais trop vite, je fais tout trop vite. Hier, sur le coup des dix heures du matin, je me suis dit (après mon footing) : "Tiens, finalement pourquoi ne pas répondre à l'appel d'offres de la Mairie de Paris, il expire ce soir à minuit, nous avons largement le temps."
Je file au labo: "Bonjour Martine, ça te dirait qu'on réponde à cet appel d'offres?" "Banco", dit-elle.
10h30: on se répartit les tâches, qui fera le résumé en anglais, qui fera la lettre d'intention, qui formatera les CV, qui adaptera le budget, et vogue le navire.
11h15: nous apprenons que l'appel d'offres se termine à midi, et non pas minuit comme je le pensais. Fouette cocher, chauffe Marcel, nous mettons les bouchées doubles. Le formulaire en ligne est ouvert sous mes yeux, mais il faut le remplir d'une traite.
12h30: on a fini! je rafraîchis le formulaire, et là : "L'appel d'offre a expiré".
Voilà. Cela m'a permis de tester la solidarité du labo, et cela me rend optimiste pour l'avenir, même si j'aurais dû réfléchir deux secondes avant de faire perdre deux heures à tout le monde.
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