Toutes les professions n'ont pas eu la chance d'avoir leur Claude Lévi-Strauss.
Rares sont celles qui peuvent se vanter d'avoir parmi leurs fondateurs un homme digne de respect et d'admiration, et dont un livre, Tristes Tropiques, a forgé des vocations au long des décennies qui ont suivi sa publication.
Lévi-Strauss disait quelques années avant sa mort qu'il n'était plus qu'un hologramme, une enveloppe immatérielle dans un monde auquel il n'appartenait plus. Le monde qui était le sien comptait un milliard d'habitants, disait-il, et il ne sombrait pas dans la béatitude de ceux qui s'extasient du formidable succès reproductif de l'espèce humaine.
Claude Lévi-Strauss ne s'est jamais contenté de l'ethnologie ou des mythes. C'était un intellectuel, mélomane, capable de condenser en une phrase la position éthique qui sous-tendait son propos. On ne l'a jamais lu ou entendu diluer sa réflexion dans un fatras académique émaillé de remarques "en passant", interprétables à l'infini, perdues en conclusion. Il ouvrait tout discours par un constat et par la position qui en dérivait. "Les droits de l'Homme s'arrêtent là où commence celui des autres espèces à vivre, à exister".
On ne saurait être plus clair.
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