« Nidal Hassan est un héros. C’est un homme de conscience qui ne pouvait vivre la contradiction d’être musulman et de servir une armée en guerre contre son propre peuple. La seule manière pour un musulman de justifier son appartenance aux forces armées des Etats-Unis est de suivre la voie de Nidal Hassan. »
Ces propos de l’imam Anwar al-Aulaqui, se réjouissant de l’assassinat de douze jeunes gens, ne surprennent personne. Ils ont perdu le pouvoir, qu’ils détiennent pourtant, de provoquer la stupéfaction. On ne s’étonnera plus de rien.
Les occidentaux sont priés de considérer ces paroles comme normales, respectables en ce qu’elles expriment une foi profonde en la cause musulmane, donc dignes de respect, confinant au sacré. D’ailleurs, toute réaction, y compris celle que je pourrais exprimer en ce moment, serait perçue comme bafouant les musulmans et l’Islam, religion tolérante comme chacun sait, sauf à l’égard des non-musulmans ou des musulmans ébauchant une réflexion critique.
En d’autres termes, et selon cet imam, les musulmans ont le droit imprescriptible d’assassiner des gens, occidentaux ou non, sans que l’on songe à émettre une critique sur les fondements religieux d’une telle attitude. Les occidentaux sont plus libéraux : ils tuent et assassinent des musulmans, mais tolèrent que leur action soit critiquée, que des journaux s’expriment, que des citoyens – musulmans ou occidentaux – manifestent leur désaccord.
« Servir une armée en guerre contre son propre peuple »… Il existe donc un « peuple musulman », et plus spécifiquement des individus et des régimes qui se reconnaissent dans les paroles de l’imam, et pour qui ces paroles sont pure sagesse.
Que ces régimes laissent à la femme une place déplorable, cela ne me regarde pas.
Que la presse y soit muselée ne me regarde pas, non plus qu'on y interdise l'entrée de journalistes étrangers.
Qu’on y rencontre des régimes bellicistes, aux côtés de la Corée du Nord et du Venezuela, cela ne me regarde pas.
Que des milices soient lâchées dans les rues et aient le pouvoir d'humilier, frapper, lyncher, lapider quiconque ne répond pas aux canons que des religieux ont édictés, ne me regarde pas.
Cela me regarde si peu en fait que je ne regarde même pas : cela ne m’intéresse pas.
Je suppose qu’on a manifesté de la joie dans les rues concernées quand on a appris qu’un soldat américain musulman avait réussi son bon tour, brûlé quelques drapeaux, la routine, quoi.
Mon seul étonnement réside en ceci : reste-t-il, dans ce tourbillon halluciné, un début de conscience qu’il se passe quelque chose de grave sur cette planète, qui balaiera musulmans et non-musulmans, sans faire de distinction ?
Y a-t-il, au sein de ces régimes, les prémisses d’un embryon de soupçon de réflexion écologique, qui ne se limite pas à répéter que le prophète a dit qu’on devait respecter l’œuvre du créateur, qu’il fallait d’abord nourrir son bœuf ou son cheval avant de songer à manger…? Quoi d'autre, sinon des pétitions de principes ? On brûle en attendant des forêts à Bornéo, on construit des pistes de ski à Dubai, et pour le reste il n'y a pas grand chose à sauver.
Je me refuse à parler des jeunes filles voilées dans un régime laïque, je me refuse à perdre mon temps en débats nationaux sur le régime hospitalier le mieux adapté aux femmes musulmanes. Que chacun vive sa religion sans emmerder les autres, c’est un principe fondamental qui s’appelle liberté religieuse, et qui fait qu’on peut être Français et musulman, sans porter atteinte ni à sa foi ni à sa loyauté. Que les pays démocratiques offrent cette liberté et les autres non, cela ne me regarde ni ne m'intéresse, car je vis, je m’exprime et je m’intéresse à ce qui touche à la démocratie, pas à la tyrannie.
Mais que des dirigeants politiques, du fait qu’ils sont religieux, en viennent à polluer les débats qui devraient se tenir aujourd’hui sur la place de l’homme dans la nature, parlent d'uranium enrichi et à aucun moment ne songent à regarder ailleurs - au pôle nord, par exemple - ce qui se passe, cela me regarde, oui, cela me touche près, et cela m’irrite. Un peu comme je suis irrité face à des caboclos brésiliens pour qui le système de référence est celui qu'a dicté Abraham, un éleveur de moutons qui ne vivait pas exactement dans les mêmes conditions environnementales.
Quelles sont les réflexions des dirigeants iraniens, indonésiens, pakistanais, saoudiens, sur la question de la réduction des émissions de CO² ? Quelles sont leurs connaissances, quel espace ouvrent-ils à des préoccupations planétaires, qui ont un autre impact et une autre ampleur que la possibilité, pour un soldat musulman, d’assassiner ses camarades et d’en tirer gloire et récompense ? Jusqu’à quel point ont-ils avancé dans la question de la place de l’homme dans la nature, et combien de conseillers ont-ils qui seraient qualifiés pour cela ?
Je sais, ces questions semblent totalement décalées dans ce contexte et c’est le point que je veux souligner : nous ne vivons manifestement pas sur la même planète, et les questions que se posent les dirigeants qui cautionnent de tels actes et se complaisent dans la dialectique Islam-Occident ne portent pas vraiment sur l’avenir des humains ou de la Terre qu'ils habitent.
Et dès que c’est d’Islam qu’il s’agit, voilà que nous devenons aveugles, voilà qu’on sort du coffre à jouet un autre jeu, un jeu géopolitique encombré de réflexions sur la chute ou le destin manifeste des civilisations, où plus rien de ce qui a à voir avec la catastrophe environnementale n’est de mise, un peu comme au théâtre, par un jeu de poulies et de manivelles, une scène bucolique laisse place au décor de l’enfer et de la damnation.
Ca me rappelle une aventure sur une piste de ski, il y a bien 15 ans... Piste noire. J'arrive a fond, normal. Pas "bien", je sais bien. Mais n'empeche. J'arrive au dessus d'un mur, que je decide de passer pleins gazs car je sais que derriere la piste est plate sans difficultes. Je decolle donc et passe a 1m de la tete d'un mec qui faisait une pause derriere le mur. Pas tombe, non. En pause.
Il gueule, m'insulte et decide de me rattraper. Je m'arrete et l'attends. Il arrive et me beugle dessus: "pauvre con, t'aurais pu me tuer".
C'est vrai. "je suis desole je vous avais pas vu. faut dire que cache derriere le mur, c'etait quasiment impossible de vous voir. et vous deviez y etre depuis un moment car je vous ai pas vu "y aller".
Et la, le mec me rappelle que c'est celui qui est en amont qui doit controler sa descente, qu'en cas de probleme, c'est lui qui est en tord.
Et il a raison.
C'est vrai.
Donc, voila un exemple d'un gars qui veritablement, se fout de mourir pour une connerie, du moment qu'il est dans son droit.
Ca c'est magnifique.
Donc tu vois ta planete, les gens s'en branlent. Temps que tu leur montres des choses sur lesquelles tu peux les convaincre qu'ils ont raison, le reste, ils le regardent meme pas.
Rédigé par : Le Piou | jeudi 12 nov 2009 à 20:21
Certes, ami Piou, l'histoire que tu racontes est éclairante, mais elle porte sur les comportements et aspirations individuelles. Si on me laissait régenter à ma guise, il y a plein de stations de métro qui sauteraient à Paris, car je ne m'y arrête jamais et allongent mes trajets.
Mais, mon cher, c'est précisément pour cela qu'on élit des représentants, à charge pour eux de se soucier du long terme et de la juste distribution des droits et devoirs selon les catégories de citoyens.
Si tu peux, toi, te ficher éperdument de "ma" planète, c'est parce que tu sais que d'autres s'en soucient à ta place. Or les dirigeants de nombre de pays musulmans (pas tous heureusement) se foutent du réchauffement climatique parce que leurs problématiques sont religieuses et guerrières.
Bien d'autres pays s'en moquent, c'est vrai, mais pour d'autres raisons, davantage liées aux népotisme et à la corruption.
Rédigé par : Anthropopotame | vendredi 13 nov 2009 à 10:58
Oui en meme temps, donne-moi un SEUL exemple d'un pays qui fait vraiment quelque chose contre le rechauffement climatique.
Y'en a AUCUN. AU-CUN.
En france, par ex., on dit que c'est pas bien. Mais pourquoi? simplement car y'a pas de petrole a bruler. Donc on detourne l'attention des gens en leur disant que le nucleaire est la solution. Or c'est pas la solution, c'est une illusion. La vraie solution c'est de reduire sa consommation. Ce qu'AUCUN pays n'est d'accord de faire. Non par cntre, on peut detourner l'attention: "on reduit pas la consomation d'nergie, on reduit la conso des energies fossiles".
Enfin bon, je pars en vrille, la.
On est tous des moutons, suffit juste de savoir/etre capable d'identifer son berger...
Et je suis pas mieux que les autres sur la question...
Rédigé par : Le Piou | vendredi 13 nov 2009 à 20:17
Hmm, je me méfie des "vraies" solutions. Pour moi, la "vraie" solution serait une décroissance démographique, mais quand une solution n'offre aucun moyen de parvenir jusqu'à elle, cela signifie que ce n'est pas une "vraie" solution.
Tu dis qu'aucun pays n'a fait quoi que ce soit pour lutter contre le réchauffement: je ne suis pas d'accord. L'Europe a limité ses émissions, par exemple - il semblerait même que cela aggraverait l'instabilité du climat dans l'hémisphère sud.
Pour ma part, je rêve de voir les toits de Paris recouverts de panneaux solaires face sud, et de jardins face nord. Chaque immeuble pourrait y atteindre. Il existe toute sorte de dispositifs permettant de produire de l'électricité pour un foyer ou une petite communauté, qu'ils soient hydroélectriques ou éoliens.
Mais ce n'est pas aux chercheurs de trouver, c'est aux "trouveurs"...
Rédigé par : Anthropopotame | vendredi 13 nov 2009 à 20:51
"L'Europe a limité ses émissions", pas sa consommation...
Quand a la baisse de consomation qu'on observe, c'est la crise l'a fait pour elle... Y'a pas eu de decision politique...
Rédigé par : Le Piou | mardi 17 nov 2009 à 00:59