Bien chers lecteurs,
Qui, parmi nous, n'a pas rêvé d'aller en Afrique, tirer un buffle ou un éléphant, et revenir au camp suivi de vingt porteurs chantant des hymnes sauvages en plein coeur de la brousse ?
Ce rêve, la revue Le magazine des voyages de chasse vous propose de le réaliser, et dispense d'utiles conseils que l'on oublie trop souvent, même si l'on s'appelle Jupiter Tonnant:
Un petit regret cependant: ce rêve n'est pas à la portée de toutes les bourses :(
Il faut compter 30.000 euros all included, ce qui certes donne le droit de prélever 1 éléphant, 2 buffle, 1 Eland du Cap, 2 hippotragues, 5 gnous, 1 koudou, 2 bubales, 3 panthères, 1 lion, 20 babouins et 6 dik dik, mais nombre de braves Français, plongés dans la crise, devront se contenter d'y aspirer. A quand une réelle démocratisation des safaris en Afrique? Mais c'est un autre débat.
Le magazine Voyages de chasse N°22 (fév-mar-avr.2010) propose, pour faire patienter nos âmes aventurières, quelques récits bien sentis, qui nous permettent, à défaut de foudroyer Dumbo, Simba et consorts, de rassasier nos yeux et nos oreilles. Voici quelques extraits:
Voyons comme ce voyageur aux traits fatigués respire le bonheur. Il est venu chasser le lion. Pour cela, il faut des appâts:
"En arrivant à pied à proximité de la carcasse de bubale accrochée à l'arbre, le pisteur Basile constate que la moitié est dévorée. (...) Le matin suivant les pisteurs repèrent une belle trace de léopard qui a mangé une partie du babouin qui sert d'appât.(...) L'animal repéré par Basile est bien mort, nous le rejoignons et nous pouvons savourer le plaisir de voir un très gros léopard tué d'une excellente balle. (...) Un beau buffle fera les frais d'une approche et les quartiers serviront d'appât." (pp.34-35)
Certes, c'est un peu laborieux, mais ça marche! Imaginez le bonheur du voyageur quand il parvient enfin à prélever un lion extraordinaire:
"Le retour au camp est triomphant, ponctué des klaxons et des chants du personnel heureux de notre réussite, qui est aussi la leur! (...) La beauté de l'animal et la majestueuse crinière en font un sujet d'exception! Quel bonheur en savourant le soir le champagne et les brochettes de pintade, de réaliser que je suis enfin arrivé à réaliser mon rêve en prélevant ce lion extraordinaire." (p.35)
UN ELEPHANT NOMME FLUFFY
Un autre témoignage émouvant, pages 32-33, concerne cette fois le prélèvement tant attendu d'un éléphant phénoménal:
"Chasser un grand éléphant au Botswana avait toujours été un de mes rêves avant même d'y apprendre la fermeture de la chasse. Bien décidé à en profiter avant qu'il ne soit trop tard..."
Ainsi commence le récit qui doit mener le narrateur à faire preuve de courage et de patience, pas comme ces touristes "la plupart américains ou espagnols [qui] restent deux ou trois jours le temps de prélever un ou deux éléphants et repartent" - rien de pire qu'un chasseur pressé! "Tu veux un gros éléphant, tu l'auras", dit le guide, voyant que son client refuse de tirer les pachydermes minables avec des mini-défenses.
C'est alors que surgit enfin, en toute majesté, l'éléphant:
La conclusion est émouvante:
"Jamais je n'aurais pensé prélever un tel animal. Que retenir de cette expérience? Sans doute qu'il ne faut pas hésiter à prendre des risques, à faire preuve d'imagination. La chance sourit souvent aux audacieux..."
Les audacieux abondent, et voici quelques photos d'éléphants prélevés :
Pour conclure, un bel article signé Bernard de Polignac concernant la chasse à l'éléphant en Afrique du Sud, où figurent nombre de trucs et astuces et des anecdotes amusantes, comme celle-ci, où le troupeau s'efforce d'entourer l'éléphant abattu; quelques coups tirés en l'air et hop, tout le monde décampe:
"Il paraît que, bien que très rares, de telles manifestations d'éléphants envers un congénère mort ont déjà été observées. Le compagnon ou page de mon éléphant, déjà réticent à fuir, a dû revenir avec de la compagnie."
Mais foin de compassion! L'auteur préfère clore son récit sur une note de sagesse humoristique qui est semble-t-il sa marque de fabrique:
"Il est très certainement possible de tirer à Létaba des éléphants plus grands, mais le mien me réjouit le coeur. Seule (petite) réserve: la viande de l'animal qui nous été servie un soir en grillade était vraiment dure. Il faut bien garder un peu d'humour."
Un reportage sur le sujet: "Cull or be culled.
Et un film qui fera rêver tous ceux qui rêvent de prélever un vieil éléphant entre les deux yeux (je recommande le passage entre les 7e et 8e minute, jusqu'à l'éclat de rire viril qui conclut la scène:
à pleurer de rage
Rédigé par : claudie | jeudi 15 juil 2010 à 10:00
Je pense à nos ancêtres qui bravaient mammouths et rhinocéros laineux avec des épieux, non pas pour le plaisir de se masturber sur un cadavre, mais pour assurer leur pitance...Je me dis que tout compte fait, poser fièrement avec un éléphant abattu à 1 km avec un fusil à lunette, déniché grâce à 3 ou 4 pisteurs, avant de rentrer à la lodge pour bouffer des brochettes de pintades, c'est un peu comme poser fièrement sur la ligne d'arrivée d'un marathon que l'on aurait remporté haut la main... au volant d'une voiture.
Rédigé par : alscion | jeudi 15 juil 2010 à 10:59
Claudie, quel plaisir! Je vous croyais disparue dans la nature :)
Alscion: penses-tu vraiment qu'il puisse exister un tel décalage? Qui sait si nos ancêtres ne faisaient pas basculer des troupeaux entiers de mammouths du haut des falaises, grâce à des pantins terrifiants actionnés à des centaines de mètres?
Ce qui est extraordinaire (outre ce pauvre lion), c'est la terminologie qui accompagne ces récits: "rêve, audace, phénoménal, bonheur", etc. "L'excellente balle" qui zigouille le léopard est bien aussi.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 15 juil 2010 à 11:10
J'apprécie beaucoup que vous ayez pensé à moi cher Anthropopotame ! Hélas, comme je le craignais, mon pécule ne me permet pas d'envisager une telle expédition...
Bon, passons sur les remarques des moralistes écologistes (ça me fait penser au dessin animé Babar que je regardais enfant, les chasseurs sont vraiment vilains). Il reste que cette chasse à l'éléphant a quelque chose de mystérieux : qu'est-ce qui pousse les hommes à y investir autant de fantasmes ? Un traitement plus sérieux de la question est donné par Clint Eastwood dans un film un peu ancien : Chasseur blanc, coeur noir. Il y joue un réalisateur qui prend prétexte d'un tournage en Afrique pour partir en safari, et lorsqu'il parvient à traquer et abattre (je crois) un éléphant, il ne s'oppose pas au discours (que j'allais qualifier de "droit de l'hommiste") tenu par un acteur qui est dégoûté par son immoralité : Clint lui rétorque qu'il s'agit de bien plus que cela, car il y va d'un rapport au divin. Comme s'il fallait s'acculturer à l'Afrique (Clint parle le patois local) pour rendre possible une telle chasse et lui donner toute sa valeur (l'axe du film est celui de la double identité du réalisateur). Je tenais simplement à préciser que n'aimant pas juger, il me semble plus intéressant de chercher à comprendre (encore une autre référence, dans une émission de l'été dernier sur France Culture on pouvait entendre ce point de vue : sans légitimer cette pratique (car on n'est plus des hommes des cavernes), il y avait un réel souci documentaire à propos de cette chasse).
Vous insistez à bon droit sur l'euphémisme de "prélever", qui est de mauvais goût. Je ne le comprends pas autrement qu'à partir d'un parc aux effectifs comptés : comme je peux prélever un poisson rouge de mon bocal, ces gens prélèvent un buffle...
Rédigé par : Bardamu | jeudi 15 juil 2010 à 11:30
Huhu, Bardamu, comme je prévoyais que vous auriez réponse à tout, je me suis bien gardé d'émettre le moindre jugement tout au long de cette note, me contentant de "prélever" des extraits d'articles, des encarts et des photos. Et cela, précisément, pour que les lecteurs disposent d'éléments leur permettant de comprendre ce qui est en jeu dans la mise en scène de soi, par le texte et par les photos, qui accompagne un safari.
La section "commentaires" est un lieu de débat, chacun est libre de prendre le parti de l'éléphant ou celui du chasseur, de juger ou de ne pas juger.
Mais vous noterez qu'un rêve aussi longuement entretenu, consistant à passer cinq jours en Afrique pour effacer un éléphant, selon le processus décrit par Alscion, a de quoi rendre perplexe.
Soyons sincère: je comprends parfaitement l'émotion de la chasse ou de la capture, je l'éprouve vivement quelquefois. Mais je ne passe pas à l'acte car je n'ai ni raison ni droit de le faire, de même que j'aspire fréquemment à répandre mes gènes quand je croise une jolie fille dans la rue - mais je ne le fais pas.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 15 juil 2010 à 11:38
Le coup des animaux précipités du haut de la Roche de Solutré, c'est une jolie légende...
Pour effrayer un troupeau de mammouth avec un pantin, encore eut-il fallu que ceux-ci aient peur dudit Pantin. Or, la peur de l'humain chez l'animal est le résultat de millénaires de traque, de chasse, de poursuite, etc. Il n'y a pas de peur de l'humain sans expérience du danger qu'il représent. Un humain, pour un mammouth, c'était pas un bien gros danger... et il y a de grandes chances pour qu'il fasse front (et là il vaut mieux courir vite !). Afin de confirmer mes dires, je vous suggère l'expérience suivante : allez donc au pôle nord courir en hurlant vers un ours polaire (pour lequel vous n'êtes pas un danger, mais un apéritif potentiel). Je pense qu'il y a 4 chances sur 5 que vous finissiez en petits morceaux rougeoyant sur la glace immaculée.
Rédigé par : alscion | jeudi 15 juil 2010 à 11:39
Alscion, je veux bien tenter l'expérience, mais il me semble qu'à moi tout seul je n'y arriverais pas. Il nous faudrait être une quinzaine, vêtus de peaux de bêtes et arborant des barbes, des boucliers peints et des lances de trois mètres.
Sans doute si j'étais seul entourerais-je l'ours de mes bras pour le couvrir de poutous.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 15 juil 2010 à 11:44
Les boucliers peints, ça doit avoir le même effet que la couleur rouge de la muletta. Peanuts. Soit l'animal a l'habitude de courir en présence d'un danger, soit il a l'habitude de faire face (il y a d'ailleurs des animaux qui ont été éradiqués parce qu'ils avaient l'habitude de faire face).
En fait, je pense qu'ils chassaient les mammouths en leur jetant des souris. Les éléphants ont peur de souris. Tout le monde sait ça.
Rédigé par : alscion | jeudi 15 juil 2010 à 11:52
C'est juste qu'il me semble peu probable que nos ancêtres affrontaient les mammouths avec de simples épieux, sachant que les spécimens isolés sont souvent de vieux mâles, et qu'il me paraît invraisemblable que des chasseurs entreprennent une chasse où la moitié d'entre eux risque de rester sur le carreau.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 15 juil 2010 à 12:05
Il reste les animaux très vieux, jeunes, blessés, malades... Les lions, par exemple, ne chassent presque jamais les éléphants, mais une troupe s'est spécialisée en Afrique, et parvient à en attraper un de temps en temps, notamment à la faveur de la nuit, les pachydermes n'y voyant goutte. Bien entendu, ils ne se risquent pas sur les adultes en bonne santé, mais parviennent à isoler des individus plus jeunes. Nos chers ancêtres ont pu faire de même, en utilisant les particularités du terrain, la ruse, l'embuscade, etc.
Rédigé par : alscion | jeudi 15 juil 2010 à 12:09
Grrr... Bon alors que dis-tu de cela: j'ai ici un témoignage signé d'un de mes ancêtres qui relate une chasse au mammouth:
"Cher journal, hier avec Grompf et Frompg, nous avons précipité un troupeau de mammouth dans un ravin. Nous chantions de joie en retournant au campement et nous fûmes accueillis en héros par le reste du groupe: cette victoire était aussi la leur. Une (seule) réserve: la viande était vraiment dure." (ma traduction)
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 15 juil 2010 à 12:50
Ce témoignage ne concorde pas avec le mien, directement tiré d'un livre d'époque (daté de -18 000 ans) sur les prélèvements raisonnés du mammouth :
"Jean-Michel et Gontran-Pierre sont allés voir les mammouths au pré hier. Les mammoutheaux de l'année sont magnifiques. La Société Lainière du Solutréen (SAL) a augmenté ses prix et le kilo de laine devrait atteindre les 4 feuilles de laurier allègrement (cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Feuille_de_laurier). La SSAM (Société Solutréenne d'Abattage de Mammouths) a annoncé une baisse sur le prix de la viande d'aurochs, ce qui devrait avoir de néfastes conséquences sur notre activité. Les ARS (Abattoirs de la Roche de Solutré) tournent désormais à 35 têtes par jour, ce qui devrait nous permettre d'écouler nos stocks dans les temps impartis avant la prochaine saison. [...] Bon an mal an, nos budgets devraient être à l'équilibre en fin d'année. Cela tombe bien, je pensais acheter un manteau de bison et une toque de vison à Hildegarde."
Rédigé par : alscion | jeudi 15 juil 2010 à 14:59
Moui, je connais ce témoignage, il a été diffusé par la FNSEA pour justifier la durabilité de son action. Je le soupçonne d'être apocryphe.
De toute façon, mon cher, si nos ancêtres prélevaient sagement un petit mammouth malade de temps en temps, on peut s'interroger sur les raisons de leur extinction en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, en même temps que celle des mastodontes et autres grosses bêtes.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 15 juil 2010 à 15:04
Ah, je ne conteste pas l'effet délétère des actions de nos ancêtres velus, quoique les changements climatiques puissent également être invoqués.
Pour répondre à Bardamu également, je ne conteste même pas le droit aux excités de la culasse de décharger leur projectiles explosifs dans la tronche des éléphants, lions et autres... l'argent versé par ces mêmes excités permet même souvent de sauvegarder les espèces en question et de payer des gardes qui iront traquer les vilains braconniers crevant de faim qui n'ont pas 30000$ à débourser pour oser se permettre de tirer sur unn animal.
Ce qui me fait rire (jaune) c'est la fierté qui en est retirée et les photos multiples et ridicules qui sont affichées... Comparer cela avec la vision romancée qui en est donnée dans le film eastwoodien, et le fait de toucher au divin, je me marre ! Du vain, pas du divin, et de la vanité, pas de la divinité...
Alors certes, il est toujours de bon ton de chercher à comprendre, et c'est même ce pourquoi on me paye, mais ça ne va pas m'empêcher de traiter d'abrutis les euro-rupins qui dézinguent à l'abri dans leur 4x4 les animaux africains présérvés grâce à l'expulsion manu-militari des populations locales.
Quand le dermatologue a un bouton, il ne se colle pas la tronche sous un microscope, il se passe de la pommade.
Rédigé par : alscion | jeudi 15 juil 2010 à 15:21
Je ne sais pas si l'on peut comparer les brochures publicitaires pour les fortunés cadres sup' amateurs de chutes d'éléphant et l'imaginaire véhiculé par le safari. Qu'il y ait des européens qui se fourvoient dans cette chasse et s'en vantent vulgairement, c'est probable. Je m'abstiens cependant de juger car je n'en ai pas besoin (à la limite, le mal me fascine plus qu'il ne me révulse). Ce que je voulais souligner est ceci (le passage sur le divin est seulement extrait du film, je citais et ne commentais pas) : Eastwood et Hemingway sont-ils aussi méprisables que nos regrettables compatriotes ? Je suis marri de répondre affirmativement. Ce qui me conduit à douter du caractère intégralement répulsif de cette chasse : certes les zigotos que notre ami nous permet de voir semblent abrutis, certes leur méthode ne paraît guère héroïque. Mais peut-on en conclure que le safari est mauvais pour autant ?
Ma position est légaliste : si cette chasse est illégale, condamnons ceux qui s'y livrent. Si elle est tolérée, alors inutile d'établir une casuistique sur le degré d'héroïsme nécessaire pour justifier cette pratique (qui a dit que mon aïeul cromagnon était plus estimable que M. de Polignac ?).
Quant à l'intérêt de seules brochures, je l'approuve, car je les trouve jouissives (ce plaisir de la caricature involontaire m'empêche de rire jaune). Il faudrait aller voir à la BNF les magasines de géographie du début du siècle pour voir si c'est comparable.
Rédigé par : Bardamu | vendredi 16 juil 2010 à 13:41
Je ne sais pas si l'on peut comparer les brochures publicitaires pour les fortunés cadres sup' amateurs de chutes d'éléphant et l'imaginaire véhiculé par le safari. Qu'il y ait des européens qui se fourvoient dans cette chasse et s'en vantent vulgairement, c'est probable. Je m'abstiens cependant de juger car je n'en ai pas besoin (à la limite, le mal me fascine plus qu'il ne me révulse). Ce que je voulais souligner est ceci (le passage sur le divin est seulement extrait du film, je citais et ne commentais pas) : Eastwood et Hemingway sont-ils aussi méprisables que nos regrettables compatriotes ? Je suis marri de répondre affirmativement. Ce qui me conduit à douter du caractère intégralement répulsif de cette chasse : certes les zigotos que notre ami nous permet de voir semblent abrutis, certes leur méthode ne paraît guère héroïque. Mais peut-on en conclure que le safari est mauvais pour autant ?
Ma position est légaliste : si cette chasse est illégale, condamnons ceux qui s'y livrent. Si elle est tolérée, alors inutile d'établir une casuistique sur le degré d'héroïsme nécessaire pour justifier cette pratique (qui a dit que mon aïeul cromagnon était plus estimable que M. de Polignac ?).
Quant à l'intérêt de seules brochures, je l'approuve, car je les trouve jouissive (ce plaisir de la caricature involontaire m'empêche de rire jaune). Il faudrait aller voir à la BNF les magasines de géographie du début du siècle pour voir si c'est comparable.
Rédigé par : Bardamu | vendredi 16 juil 2010 à 13:41
Je reviens - un peu tard - dans le débat. Tout d'abord, s'abstenir de juger est une posture tout à fait honorable, à condition de le faire de manière équitable. Parler de "moralistes écologistes" qui font penser au Babar de votre jeunesse ressemble à s'y méprendre à un jugement. Me trompe-je ?
Je ne fais pas partie de ces "moralistes écologistes" (ce qui ne veut rien dire, par ailleurs). Je ne suis en accord ni avec les baba-cool ni avec les viandards, mais il faut bien avouer que je trouve les premiers plus sympathiques.
Quant à votre positition légaliste, je me demande jusqu'où vous pouvez la pousser ? J'ai parlé de populations humaines expulsées, privées de leurs droits de chasse pour satisfaire les euro-rupins. Nous parlons également d'espèces menacées. Traiter ce que vous appelez les "écolos" de moralistes n'est-il pas une façon d'éviter la question de l'éthique ? Quelle est la position du légaliste sur la peine de mort ?
Par ailleurs, concernant le degré d'héroïsme, la question de l'éthique et même celle du "fair-play" existe dans la chasse et parmi les chasseurs, puisque la chasse est devenu un "jeu", un "sport". Ce n'est donc pas seulement une question de "moraliste écologiste".
Enfin, on peut effectivement trouver jouissif la vision de ces chasseurs autosatisfaits et rire à gorge déployée, mais, avez vous remarqué qu'ils n'étaient pas seuls sur les photos ?
Ah oui... Ce ne sont que des bêtes...
Rédigé par : alscion | mercredi 21 juil 2010 à 12:42
De mon côté, je suis ravi de découvrir en Alscion un esprit frère :)
Rédigé par : anthropopotame | mercredi 21 juil 2010 à 17:55
Décidément, ce n'est pas ici que je trouverai l'âme soeur...
Vous avez raison : par les temps qui courent, moraliste et écologiste sont synonymes. Le terme n'est pas pour autant insensé : il existe une "éthique écolo", dont un recueil a été donné chez Vrin. Il s'agissait de stigmatiser, à peu de frais je l'accorde, la posture qui énonce un jugement de valeur lorsqu'on est hors contexte (à partir de prémisses vertes ; de même qu'il est aisé pour un parisien de condamner l'usage des voitures polluantes par ses concitoyens).
La question éthique - laquelle ? - est annulée selon moi car bien peu parmi nous sont confrontés à un choix du type : safari ou semaine à Bornéo ? Si le premier conduit à des exterminations massives de Baruyas, alors haro sur ses amateurs criminels ! Mais bon, ce n'est pas l'argument principal, qui consiste à s'offusquer d'une chasse radicalement asymétrique. C'est pourquoi l'héroïsme me semble déplacé. L'éthique me paraît hors sujet puisqu'elle ne s'impose à moi que dans des situations où je peux m'imaginer acteur. C'est lorsque je n'arrive pas à sympathiser de quelque manière que j'en viens à une position légaliste (la peine de mort est suffisamment proche de nous pour que j'en prononce, avec la plus ferme solennité, une franche condamnation !).
En revanche, une différence de sensibilité me sépare de vous autres : j'appartiens à une génération qui n'a pas de haut-le-coeur face à de telles images. Elles sont plutôt l'occasion d'une franche rigolade en tant qu'elles exposent des humains indélicats dans une imitation surannée de photographies où l'indélicatesse était soigneusement gommée.
Rédigé par : Bardamu | mercredi 21 juil 2010 à 23:54
Il est par contre très difficile d'abattre un de ces bipèdes humains chasseurs.Une balle dans le cerveau?Il est tellement minuscule...Et dans le coeur? Ils n'en ont pas.
Enfin heureusement il arrive qu'ils se tuent entre eux.Preuve s'il en est que même aviné, comme il est courant pour cette espèce en voie de disparition,certains restent d'une habileté stupéfiante, confondant, mais on ne leur en voudra pas,le gibier et leurs collègues.
Rédigé par : Downwithhunters | samedi 24 sep 2011 à 13:07