17 août : expéd Laranjeiras vieille roça de Domingos (ouverte il y a 40 ans). Ce n’est pas le programme prévu mais un petit-fils de Domingos est mort cette nuit à Macapa et ses parents ne peuvent plus pénétrer dans les roças (abattis) pendant quinze jours sous peine de perdre la récolte. Nous parcourons 5km aller-retour, mais moustiques particulièrement agressifs. C. et V. enregistrent Domingos expliquant les différents types de capoeira (forêt secondaire). Les igarapés et igapos sont pleins ; lorsqu’ils sont vides, on les appelle grutas. On voit domingos boire à l’aide d’une feuille pliée, puis déchirer la feuille. Alors il nous parle des coutumes des anciens, d’Oyara divinité du fleuve, et de l’entité qu’il salue quand il entre en forêt, et qu’il appelle « minha avó » (ma grand-mère). Bizarrement quand on évoque le curupira ils le rejettent avec dédain. Trop indigène ? Est-ce pour cela qu’ils évitent aussi de parler de pajés et de bichos do fundo.
18 août: embouchure, fazenda appartenant partiellement à Velha (Jocilene… prima Bigo), femme de Camarao, fils d’Ubirajara tenant venda à Vila Tomazia…
Fazenda Barbosa à l’embouchure plus de cent ans ; a fait venir marajoara pour s’occuper buffles. Construit école pour employés et ses enfants. Donné petit terrain à son employée dona Tomazia (Vila Tomazia). Enéias Barbosa mort quand domingos était encore enfant. Ascension progressive des employés le long du Cunani, et descente progressive des habitants anciens : des unions en ont résultat. Ainsi la mère de Domingos venait de Breves. Filho Tomazia casou com filha Macedo.
Ceux de Vila Uniao en revanche venaient de Bailique: sont venus pour la pêche.
Evenements structurants du XXe siècle : implantation de fazendas le long du littoral plus communautés orientées vers pêcheries et logistique garimpo. La circulation se faisait par mer : Belém, Macapa, Cayenne (achat de viande sur pied et plumes).
L’ouverture de la BR 156 a réorienté la circulation vers l’intérieur du territoire. Les petites communautés ribeirinhas ont commencé une lente asphyxie.
Autre événement crucial : la montée en puissance de l’açai depuis cinq ans. Lieu de plus grande abondance : igarapé agua doce.
Serginho de Macapa a obtenu concession depuis igarapé da francesa jusqu’à l’embouchure pour palmito de açai. Financé par Sudam. A fait faillite ?
Joao nous disait hier soir, comme je m’extasiais sur la redistribution généralisée à laquelle on assiste ici, que certains de ses élèves commençaient à réclamer un ou deux réaux quand on leur demandait un service. Il est donc possible que l’açai en vienne à bouleverser les rapports sociaux, en particulier si est effectivement créée une coopérative locale (pour domingos, le but de la coopérative est d’éviter les atravessadores comme Lidio, le but n’est pas de beneficiar o açai, mais de le vendre dans de bonne condition à l’usine qui est à ??? vérifier le lieu). On assisterait alors à un scénario identique à Iratapuru d’une communauté doublée d’une coopérative avec ce que cela implique d’ajustements successifs…
A creuser : Domingos me parle d’un Raul, qui serait lié à Barbosa (je ne sais sous quelle forme), et qui serait un des fondateurs de l’internat… (raul mari d’estelita, prof de l’internat)
Scène chez Bigo : sa cousine Velha et son mari Irao (Camarao) sont en train de pêcher poissons-chats, une variété d’une quarantaine de centimètres. Ils en ont une quinzaine, y compris des très jeunes. Velha est irritée car cela mord de moins en moins et ils n’auront bientôt plus d’appâts (minhoca). Elle en pêche un dont elle sent qu’il est tout petit ; en effet, c’est un petit poisson chat d’une espèce différente, de dix à douze centimètres environ. « Filho da puta ! » dit-elle en le remontant. Elle l’appuie sur le ponton, le maintient, et lui écrase la tête avec son couteau en proférant « Vai te foder ! »… Puis le rejette à l’eau. C’est la même qui nous annonçait qu’elle allait prendre sa retraite de prof fédérale grâce à l’appui d’un ami député fédéral. « Et s’il n’était pas ton ami, tu l’obtiendrais ? » « Non, dit-elle », mais elle précise qu’elle a été vereadora et que d’autres membres de la famille de Bigo sont vereadores. Elle est restée en disposition ou congé maladie pendant huit ans, a repris depuis un an et demi comme directrice de l’école, a fait un AVC il y a un an. Veut se retirer dans sa fazenda (l’ex de Barbosa) à l’embouchure Cunani. S’appelle Velha car elle est née dentée…
Scène avec Domingos, au déjeuner. Je lui demande pourquoi il y a un grand açai planté tout seul à vingt mètres environ de la terrasse de la base (photo). Il me dit que c’est sa mère qui l’a planté, il y a environ quarante ans, et me décrit la rue partant du fleuve et formant un coude pour rejoindre ce qui est aujourd’hui l’école. Il y avait également une petite transversale. Ses parents ont eu deux maisons successives de part et d’autre de cette transversale…. Rectif : en fait il s’agit de bacabeira, et pour ce qui est des autres arbres ont été abattus lors de la construction de la base…
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