A Neverland, l'état de grâce à la direction du Département n'aura pas duré longtemps.
Exaspéré par l'insistance de deux collègues remettant sans arrêt en cause ma décision de fermer un groupe de TD, j'ai mis la question au vote, par mail.
Mal m'en a pris: j'ai non seulement été mis en minorité, mais toute l'aigreur latente s'est exprimée sans fard. La haine que quelques-uns me portent suintait littéralement de l'écran, à mesure que s'affichaient les messages.
J'ai donc commis la double erreur de laisser de l'espace à la discussion d'une décision que j'avais prise, et de laisser s'exprimer et se renforcer (puisqu'ils l'ont emporté), dès la deuxième semaine de l'année universitaire, une faction constituée d'anciens routiers du secondaire, formés au moule syndical.
Voici le mail par lequel je prends acte du résultat de cette consultation:
Bien chers collègues,
Majorité fait loi, et je demande à notre secrétaire de rouvrir le 2d groupe de licence.
Je vous demanderai cependant de bien vouloir lire attentivement les quelques lignes qui suivent.
La fermeture de ce groupe permettait de résoudre partiellement notre problème de sous-effectif. J'attends à présent les propositions des collègues concernant les cours non-attribués, sachant que les vacataires sont blindés et les lecteurs proches du double service. Je remercie sincèrement [j'énumère les collègues en question] qui ont accepté de prendre quelques heures. Il ne sera malheureusement pas possible de revenir sur ces attributions.
Nous avons en effet parfaitement le droit d'ouvrir un TD à partir de 37 inscrits, le seuil d'ouverture étant de 35. Faisons fi de la logique du chiffre. Mais regardons en arrière, et voyons combien de TD nous avons tenus à 3 ou 4 étudiants, TD qui n'auraient jamais dû être ouverts si nous n'avions bénéficié d'une marge de tolérance. Décider de n'ouvrir qu'un seul TD à 37, en dépit du seuil d'ouverture fixé à 35, c'est ce qu'on appelle "se réserver une marge de négociation", pour l'intérêt du département, une marge que nous venons d'effacer.
Une mise au point : je ne suis pas représentant syndical; la posture de revendication permanente n'est pas la mienne. Elle place celui qui l'adopte en position de subordonné, et non dans celle de partenaire ou d'interlocuteur. Je souhaite précisément situer le débat institutionnel (département-UFR-CA) ailleurs que dans les effectifs, et pour cela il faut se sentir appartenir à une maison, l'Université, qui n'a pas vocation à détruire des formations; cela implique que l'on ait une vue plus large des évolutions de la société et donc de l'enseignement supérieur. Voilà dix ans que le CAPES est menacé, dix ans que le constat est posé. Quelles évolutions sont-elles perceptibles dans l'organisation de nos enseignements, dans notre politique de recrutement et dans la vocation de notre filière? Aucune.
Enfin, des quelques échanges de mails qui ont accompagné ces prises de position se dégage un message important, que je me permets d'expliciter:
Au contraire de mon prédécesseur, qui avait à coeur les intérêts du département, j'engage délibérément une politique visant à entraîner notre filière dans le déclin et dans l'abjection. Je souhaite réduire nos diplômés au chômage, et, par la fermeture imminente du département, livrer nos propres enfants à l'orphelinat et/ou à la mendicité. Pourquoi cela? Je l'ignore, mais d'après les mails que j'ai reçus, certains parmi nous ont des idées très précises à ce sujet.
Cela étant dit, je rappelle que la direction de département, que j'assurerai durant deux ans - ainsi que le veut la tradition -, est une fonction essentiellement administrative, de gestion des affaires courantes, et de représentation. Elle est aussi affaire de responsabilité assumée et de décisions prises après consultation, en ayant autant que possible une vue globale de la situation - y compris celle de la Faculté et de l'Université dans son ensemble. J'ai signalé, à la réunion de juillet, que je fixerais les réunions de département longtemps à l'avance, excluant ainsi le principe de réunions extraordinaires à répétition, où seule une minorité de collègues se présente. C'est le gage d'un fonctionnement démocratique.
Jusqu'à nouvel ordre, la direction de département incombe successivement à chacun de nous, par ordre d'arrivée dans le département. Elle n'est pas exercée sous forme de triumvirat, et ne consiste pas non plus en une direction collégiale siégeant 24h sur 24. J'entends donc que mes attributions soient bien comprises comme étant celles d'un directeur de département, et non comme celles d'un adjoint ou suppléant de la direction précédente.
Bien cordialement à vous,
Anthropopotame
Tu parles beaucoup trop et ton email est bien trop long.
Et perso, je trouve que le ton n'est pas assez direct.
Le sarcasme, ca marche quand on est pas chef, justement.
Quand on est chef, on ordonne.
Pass'que de toute facon quoique tu fasses, les gens vont te hair. Alors autant s'emmerder le moins possible puisque de toute facon, le resultat sera le meme au niveau relationnel.
Et ecrire ca, dans un email "Majorité fait loi" C'est se tirer un balle dans le pied au niveau de toutes tes futures decisions...
Le Piou, futur chef du monde en formation.
Rédigé par : Le Piou | vendredi 17 sep 2010 à 18:51
Je suis d'accord avec toi sur la longueur du mail. Mais il s'agit d'une déclaration de politique générale, bien que je ne me fasse pas d'illusions sur la capacité de concentration des collègues de Lettres.
Pour le sarcasme, je fais le minimum syndical, au regard des mails haineux que j'ai reçus...
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 17 sep 2010 à 19:07
je suis totalement d'accord avec le Piou. Mais on a eu le même chef ... qui était aussi directeur d'unité (haï durant ses 4 années de règne, adulé post mortem). Mais bon, la démocratie, tu sais très bien que c'est un concept pour bon nombre de tes collègues. Et ce concept est simple à intégrer : la minorité peut et doit faire plier la majorité. Ce qui est totalement crétin (relire les grecs parfois c'est pas inutile, bref). Donc ne perd pas de temps à répondre aux attaques ad hominen, ton prédécesseur a dû recevoir les mêmes et probablement des mêmes personnes (c'est limite pavlovien parfois la lutte des classes). Ignore, passe à autre chose et DIRIGE ton département. Tu n'en sera ni plus aimé ni plus haie (p'tain, ce verbe me gave, je ne sais comment l'orthographier) et tu te seras moins usé les nerfs, et tu auras moins perdu de temps ....
Roberta, future chef du monde AVANT le Piou
Rédigé par : Narayan | vendredi 17 sep 2010 à 22:00
Je te rassure, je suis totalement désinvesti, et les messages haineux ne m'atteignent pas, je m'en fous. Ce qui m'irrite c'est le temps qu'il faut consacrer à ces conneries.
Les problèmes, je les règle. En revanche je constate qu'il sera difficile d'insuffler une politique.
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 17 sep 2010 à 22:06
ah mais mon cher, si tu veux un directoire sans heurs, je n'ai qu'un seul conseil à te donner (et que le Piou aussi pourrait te donner):
PAS DE VAAAAAAAAGUES !!!!!!
Rédigé par : Narayan | vendredi 17 sep 2010 à 22:28
PAAAAAAAAAAAAAAAAAAAS DE VAAAAAAAAAAAAAAAAAGUE!
Rédigé par : Le Piou | vendredi 17 sep 2010 à 22:43