La Boétie n’avait pas tort de déplorer la manière dont les peuples d’eux-mêmes s’asservissent, et combien les tyrans ont la tâche aisée tant les humain(e)s aspirent à être mené(e)s. Ce qu’il ne considère point, en revanche, est la situation inverse, c'est-à-dire combien les puissants sont voués, à leur tour, à l’asservissement.
Considérons mon cas : à présent que je dirige des recherches, j’accumule un capital-despotisme que je pourrais, on s’en doute, faire fructifier. On imagine aisément que je me faufilerai, de projet en projet, jusqu’à la position enviée du mandarin, où ma soif de pouvoir et d’honneur pourrait enfin être assouvie.
Mais voilà qu’intervient ce phénomène étrange : n’importe quel flatteur parvient à m’asservir. Qu’un futur doctorant chante mes louanges et je deviens son esclave : je recherche des bourses, je me charge de l’inscription, je sers le café et fais la conversation.
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