Je suis de plus en plus angoissé, ces derniers temps, lorsque je m'interroge sur la finalité de mes projets, et ma capacité à les mener.
Nous avions, vendredi dernier, une réunion de travail au sujet de l'ANR "sociétés animales". Comme je suis porteur de programme, je pris soudain conscience que c'était à moi d'ouvrir des pistes, relancer la réflexion, tracer des schémas au tableau blanc. Or, le plus souvent, c'est justement un blanc que j'avais à l'esprit.
Que faire, que proposer? Et cela quand on est sous les regards, le feutre levé? C'est une chose que de savoir ce dont on est soi-même capable, une autre d'ouvrir un champ d'investigation aux historiens, géographes, etc. A défaut de réponse, on décapuchonne et recapuchonne le feutre rouge qui chicote et qui crisse...
A force de me concentrer sur ce qui pourrait motiver la constitution d'une équipe, je perds complètement de vue ce qui moi m'intéresse, les articles que j'ai laissés en plan, le bouquin sur l'Amazonie, etc.
Alors, je me réveille à quatre heures du matin et je retourne cela dans tous les sens. Plus question de trouver le repos. Au moins ai-je les idées à peu près claire à l'heure du café: je vois clairement les mails qu'il me faut écrire, y compris des mails qui me coûtent (lorsque je dois choisir entre la cohérence du projet et les propositions d'un collègue). A six heures du matin, la plupart des mails sont déjà partis.
Mais, petit problème, la fatigue me tombe dessus quand la journée commence à peine. Et ce n'est qu'au milieu de la nuit suivante que je m'aperçois de mes oublis.
Par exemple, un étudiant brésilien, excellent par ailleurs, demande à la fois une co-tutelle et une bourse Eiffel. Je me concentre sur les délais de la bourse Eiffel, et j'oublie de vérifier la limite d'inscription en co-tutelle (c'est terminé).
Je m'apprête donc à demander une bourse pour un étudiant qui n'est même pas inscrit, et cela par ma faute. Rongé par la culpabilité, j'ai rejeté la gaffe sur sa propre directrice brésilienne en lui reprochant son manque de réactivité. Cela en toute mauvaise foi, mais cela soulage un peu!
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