Dernier cours de l'année à Neverland, aujourd'hui.
J'ai donc fait mes adieux à ma promotion préférée, les 3e année, que je ne reverrai plus.
Parmi ces étudiants se trouvaient mes chouchoutes, celles à qui je ne comptais pas les fautes éliminatoires, celles pour qui j'étais comme de la pâte à modeler. Elles savaient qu'elles pouvaient faire de moi ce qu'elles voulaient.
Elles savaient aussi que mes notations étaient aléatoires, dépendant de mon humeur. Je leur avais expliqué que je m'inspirais d'une pièce de Svevo, Un marito, où il est dit:
"Vede, signora, tutti gli educatori moderni hanno la grulla idea di abituare i fanciulli alla giustizia, di far credere loro che le più grandi soddisfazioni stanno nel compiere il proprio dovere. (...) Il mio Guido invece è abituato alla più rigorosa ingiustizia. Quando fa bene trovo sempre di punirlo per motivi insignificanti, quando fa male anche ma non sempre. (...) Egli ha già capito con ciò di non poter disporre del suo destino, ma di doversi sottomettere a un capriccioso e irragionevole caso."
(en français: "Voyez-vous, Madame, tous les éducateurs modernes ont la sotte idée d'habituer les enfants à la justice, de leur faire croire que les plus grandes satisfactions se trouvent dans l'accomplissement du devoir. (...) Mon petit Guido, en revanche, est habitué à la plus rigoureuse injustice. Lorsqu'il agit bien je trouve toujours moyen de le punir pour des motifs insignifiants, quand il agit mal aussi, mais pas toujours. (…) Ainsi, il a déjà compris qu'il ne peut disposer de son destin, mais qu'il doit se soumettre à un hasard capricieux et irrationnel.")
J'aimais beaucoup leurs regards d'incompréhension suivis de rires. Je ne leur ai pas enseigné grand chose mais je les aimais bien.
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