Après l'atterrement, la stupeur, la colère, j'y vais de mon commentaire sur l'affaire DSK.
Surpris d'abord qu'il fasse l'objet de moins de sollicitude que notre compatriote Florence Cassez, qui a pourtant, elle, été jugée et condamnée sur pièce.
Perplexe également devant ceux qui se complaisent à la réduction de l'individu Strauss-Kahn à n'être qu'un humain, ni plus ni moins, sur le vaste échiquier des jugements et des peines. Je cite Eolas: "Moi, j'aurai une pensée pour les dizaines de personnes parties aujourd'hui en détention provisoire pour 4 mois ou 1 an dans l'indifférence." (Twitter, 16 mai).
Ces "dizaines de personnes parties en détention provisoire dans l'indifférence", qui sont-elles? A quoi est due l'indifférence qu'elles suscitent? Au fait, sans doute, que le rétablissement économique de la Grèce et du Portugal n'était pas entre leurs mains, que le sort des prochaines présidentielles françaises n'est pas scellé par leur départ en détention provisoire. Quand l'avion emmenant le président polonais s'est écrasé en Russie, Eolas a-t-il eu une pensée "pour toutes ces victimes d'accidents aériens krashées dans l'indifférence"?
Et ensuite, les coups bas. DSK devenu un violeur récidiviste, par la grâce de la calomnie. Il n'a pas encore dit un mot mais personne ne s'interdit de parler à sa place. Oui, et la jeune femme qui a porté plainte? Il est de bon ton d'affirmer que personne n'en parle, qu'on l'oublie. Et ma foi, c'est précisément le sens du mot déposé sur sa porte, par ses soins: "leave me alone!"
Enfin, la multiplication des chefs d'inculpation, et leur addition potentielle. Imagine-t-on un braqueur de banque condamné pour vol de voiture, stationnement illicite, port d'arme, et finalement braquage? Non, on lui accorde un forfait, le braquage impliquant techniquement qu'on vole une voiture et qu'on se gare où l'on peut. De même, une tentative de viol s'accompagne nécessairement d'une séquestration, d'attouchements, d'arrachage de vêtements, de tentative de pénétration, etc. Les crimes et délits sont constitués d'actions enchaînées sans lesquelles ils ne pourraient être perpétrés. Il faudrait donc admettre qu'il existe, dans ce domaine, des "packs": le "pack braquage", le "pack cambriolage", le "pack viol", etc. Tout serait bien plus simple et nous n'en serions pas réduits à faire des additions.
à propos de la multiplication des chefs d'inculpation: c'est une des différences entre les systèmes judiciaires français et étasuniens. On peut juger que c'est crétin, mais c'est comme ça pour tous les inculpés aux USA et pas réservé à DSK.
Sinon, je suis assez d'accord avec ton analyse sur les différences de traitement "médiatiques". Non, cet homme n'est pas le premier venu, donc je ne suis pas plus choquée que ça par l'ampleur prise par l'information.
Ce qui me choque en revanche, c'est la quantité de commentaires désobligeants sur la victime supposée. De toute évidence pour bon nombre de détenteurs de chromosome Y, une femme violée l'a souvent "bien cherché", ou "n'en mourra pas" (voire se fera du fric sur cette histoire) ou encore "a mal interprété", "il n'y a pas de quoi en faire un drame" ...
Et là, pour le coup (c'est le cas de le dire), j'ai vraiment la nausée.
Rédigé par : Narayan | mercredi 18 mai 2011 à 12:18
Cette histoire m'a surtout fait penser à la conclusion du livre de Bakhtine sur Rabelais : "tous les actes du drame de l'histoire mondiale se sont déroulés devant le choeur populaire riant". Reste à savoir s'il s'agit bien d'un drame et non d'une tragédie. Si c'est une affaire de calomnie, comme tu le penses, nous sommes plutôt dans un drame bourgeois et les acteurs, ses avocats en premier lieu, finiront par sauver le héros. Sinon, nous sommes plutôt dans la tragédie et le héros, victime de sa propre hubris, subira son destin.
Rédigé par : Anthropiques | mercredi 18 mai 2011 à 12:54
Jean-Michel, il y a en plus la dimension "tragédie (ou drame) collective". Moi je comptais beaucoup sur DSK, et voilà que notre avenir s'assombrit de nouveau. Au point où nous en sommes, on peut envisager Sarko rempilant pour 5 ans voire Marine le Pen à l'Elysée...
Narayan, en ce moment je trouve qu'il y a un peu trop de viols qui ressortent des placards: Julian Assange, Roman Polanski... Je crois qu'on est en droit d'ironiser sur la manière dont la justice érige des affaire de moeurs en affaires d'Etat.
Par ailleurs, faire des victimes de viol l'équivalent de petits enfants victimes d'attouchements me paraît NE PAS aller dans le sens d'une égalité de traitement hommes femmes. Pour ma part, je suis décidé à aller au commissariat la prochaine fois qu'une femme me fait des avances.
Rédigé par : anthropopotame | mercredi 18 mai 2011 à 13:14
non, je n'ai jamais parlé de calomnie. Ce que je pense n'a aucune valeur, vu que je n'ai pas accès aux pièces du dossier. Nous avons pour l'instant un présumé innocent et une présumée victime (ou victime supposée, que tu as pu mal interpréter). Point barre. Ce qui n'excuse aucunement les commentaires tenus par certains sur le "statut" de femme violée.
Rédigé par : Narayan | mercredi 18 mai 2011 à 13:16
Narayan, la calomnie, c'est quand Bernard Debré affirme que DSK n'en était pas à son coup d'essai, et dans le même hôtel, faisant de lui un criminel récidiviste.
J'ai apprécié ce commentaire de Badinter:
"Mardi, sur France Inter, Robert Badinter a dénoncé "une mise à mort médiatique" de DSK. L'ancien ministre de la justice aurait "aimé l'égalité des armes" entre "l'accusatrice" et "le présumé innocent" : "On dit 'c'est la justice égale pour tous'. Plaisanterie, dérision ! En vérité, quand Strauss-Kahn est là assis au milieu des autres, il est ravalé délibérément au rang de dealer." "Où est l'égalité des chances quand en effet l'accusatrice dit 'je suis la victime' et qu'on la protège et DSK répond 'je plaide non coupable' et on l'accable ?", a-t-il plaidé."
(in http://www.lemonde.fr/dsk/article/2011/05/18/elisabeth-guigou-evoque-la-reputation-de-dsk-gisele-halimi-fustige-l-esprit-de-clan_1523663_1522571.html)
Rédigé par : anthropopotame | mercredi 18 mai 2011 à 13:22
oui j'ai lu ce papier du Monde. Il est des trucs que vous les mecs ne pourrez jamais percevoir (et que je ne vous souhaite pas au demeurant). L'insistance du mec, qui refuse de comprendre ou fait semblant de ne pas comprendre. Que non, c'est non. NON. Qu'on ne changera pas d'avis, que l'insistance nous place en position de gibier. Pour toutes ces raisons, et même si j'ai du mal à croire (accepter) que DSK puisse être un de ces hommes, ma sympathie sera toujours du coté de la victime, dont la parole est toujours remise en doute par tous.
Rédigé par : Narayan | mercredi 18 mai 2011 à 20:20
Narayan, tu dis que la parole de la victime est remise en cause par tous. Ah bon? DSK est en prison, il me semble, on lui a refusé la libération sous caution.
Ce qui m'ennuie, c'est que j'ai l'impression de me retrouver dans je ne sais plus quel film où un homme, lynché ou condamné dans la liesse générale, s'attire de la part d'une femme le commentaire suivant "A le voir, j'ai compris que c'était un homme qui faisait souffrir les femmes".
On dirait que la population féminine, dans son immense majorité, profite de l'affaire DSK pour épancher leur dégoût de certains hommes. Mais ce n'est pas le procès des hommes qui est en jeu, c'est le procès d'un homme particulier dans un cas particulier.
Manifestement, la juge new-yorkaise a tranché en faveur de la détention à partir du même type de généralisation abusive.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 19 mai 2011 à 08:16
Certes c'est dur, mais la raison principale du refus de la libération sous caution est que la France n'extrade pas ses citoyens ... donc s'il se barrait le procès tombait à l'eau. Et être en préventive n'a jamais impliqué la culpabilité de quiconque ni en France ni aux USA.
Rédigé par : Narayan | jeudi 19 mai 2011 à 11:06
Et si DSK se remarit cela serait mieux que d'aller vouloir violer les femmes.Et quand un musulman prend une deuxieme femme dans la ligalité des choses il est t'accuser de barbarie et d'obsédé et celui qui a une épouse et mille maitraises non il est pas obsédé il est humain le monde lit à l'envers....
Rédigé par : sibawih | jeudi 19 mai 2011 à 15:50
Et quand une femme prend un deuxième mari, que dit le musulman?
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 19 mai 2011 à 18:41
c'est bien connu voyons, la polygamie élimine le viol. c'est bien connu voyons, dans le mariage pas de viol ...
Rédigé par : Narayan | jeudi 19 mai 2011 à 20:25
Comment pouviez croire en cet homme, directeur d'une institution qui ne fait qu'enliser des pays déjà en faillite?
Obama-DSK, même faux combat...
Vous avez certainement vu le film "Inside job"de Ferguson. En ce moment, le FMI est en train d'utiliser les mêmes recettes de déréglementation au Portugal pour "sauver" un pays. Les conséquences vont être désastreuses. On en reparlera dans 1 an...
Rédigé par : Guga | dimanche 22 mai 2011 à 00:08
la justice est aussi pourrie la bas que chez nous il n'y a de la justice que pour ceux qui ont de l'argent je suis ecoeuree
Rédigé par : vasseur | mardi 23 août 2011 à 21:13
Pourriez-vous développer? Sinon il y a toujours le comptoir du bar du coin.
Rédigé par : anthropopotame | mardi 23 août 2011 à 21:17