C'est le titre du dernier ouvrage d'Eric Baratay, publié au Seuil. S'inscrivant dans la lignée de "l'histoire des vaincus" (Wachtel) ou "des anonymes" (Corbin), Baratay s'intéresse à la période - du XIXe à la moitié du XXe - où les humains ont utilisé les animaux en grand nombre - chevaux de mine, de batelage et de trait, vaches multi-usages, chèvres baladées en ville avec la montée de la consommation de lait.
En partant du "point de vue animal", Baratay cherche à échapper au piège de l'histoire culturelle (les représentations humaines des animaux) et de l'histoire des techniques, pour relever tout ce qui, dans les rapports des ingénieurs des mines, dans les thèses vétérinaires, suggère la façon dont les animaux vivaient le sort qui leur était réservé.
Baratay excelle dans la reconstitution des milieux, des décors, des atmosphères - humides, moites, obscures - et reconstitue pas à pas l'itinéraire d'un cheval traînant son convoi de charbon, comptant les "clics" des wagons attelés, reconstituant l'alternance des jours et des nuits par la conscience des heures travaillées.
Ce qu'écrit Baratay confirme les intuitions de Jocelyne Porcher: le "travail", comme obligation, est intelligible aux animaux, et pas seulement aux humains. Un cheval sait en quoi consiste son travail, combien de temps il doit durer, et, on le suppose, ce qu'est un travail bien fait (puisqu'il peut décider de mal le faire).
Le champ ouvert par ces investigations est fort vaste. Il est dommage que l'intérêt pour les animaux s'éveille aujourd'hui où ils s'évanouissent.
Et ma petite Galipette qui dépose soigneusement des brindilles à côté de mes sabots.
Certes, ce devrait être des souris, ou des oiseaux, d'ailleurs parfois ça l'est, mais quand elle ne trouve rien, ou qu'elle n'a pu "faire mieux" ...
Elle est fière de son travail; il n'y a que quand elle ramène des vers de terre que je ne la félicite pas, j'ai du mal à la décevoir.
Pour elle, le travail résulte sans doute d'un conditionnement ancestral dont elle a hérité.
Rédigé par : nonos | samedi 05 mai 2012 à 18:35