La mission, relevant du projet DURAMAZ (Développement durable en Amazonie – CREDAL/IHEAL/CNRS, financement ANR), portait sur la réserve de développement durable de la rivière Iratapuru (RDS Iratapuru), unité de conservation de l’Etat d’Amapá (806 000 hectares de forêt dense pour deux cents habitants, répartis en trois familles principales demeurant à la Vila de São Francisco do Iratapuru). La réserve, créée en 1997, est dédiée à l’extraction de noix du Brésil et occasionnellement, à l’huile de copaíba et à la sève du bréu branco. Le débouché principal de ces produits est l’entreprise de cosmétique Natura qui en a fait un de ces projets phares : conditions équitables, soutien logistique à la coopérative des collecteurs (COMARU). Les autres bailleurs de fonds sont l’Etat d’Amapá, à travers le Secrétariat à l’Environnement (SEMA), et la Fondation ORSA, organe de l’entreprise ORSA qui a racheté l’entreprise Jari Celulose, principal propriétaire terrien de la région.
Nous étions trois missionnés : Un géographe, FM, se chargeait des positions GPS et des données socio-économiques ; Anthropopotame, anthropologue, devait enregistrer des récits de vie afin de déterminer les profils biographiques et les parcours migratoires des habitants ; A. G., doctorante en géographie, devait préparer son terrain en notre compagnie. Son séjour ne devrait s’achever que vers la fin août 2007 et il lui faudra d’ici là compléter les données géographiques et appliquer des questionnaires biographiques, statistiques et démographiques au maximum d’acteurs et de participants au projet de développement durable (acteurs institutionnels et habitants). A ces trois chercheurs venait s’adjoindre José Reinaldo, enseignant en agronomie, doctorant appartenant à l’Institut de Recherches de l’Amapá (IEPA), qui nous avait considérablement facilité la tâche en obtenant les autorisations nécessaires et en contactant les responsables que nous souhaitions rencontrer.
Le but ultime de cette mission est de s’insérer dans un ensemble comparatif et représentatif des projets de DD menés en Amazonie brésilienne, tant dans des communautés traditionnelles que dans des terres indigènes, mais aussi dans des exploitations agricoles modèles et des projets agro-forestiers. Nous cherchons à mettre en évidence les principaux indicateurs de durabilité, et à appréhender les éléments objectifs et parfois bien plus subjectifs qui font qu’un projet fonctionne ou non. S’agissant de développement durable, le succès se traduit à la fois par la durabilité ou « soutenabilité » sociale et environnementale (revenus satisfaisants, déforestation contenue) et par un ensemble de facteurs de développement : scolarisation, accès aux soins et aux services… En clair : nous nous intéressons aux projets qui intègrent le long terme dans leur programmation, projets dont dépend pour partie la pérennité de la forêt amazonienne.
11 juin (lundi) : après six décollages et six atterrissages, arrivée à 15h à Macapá, capitale de l’Etat d’Amapá, logés à la pension Equinox tenue par le Consul honoraire de France. Visite à l’IEPA, Instituto de pesquisas científicas e tecnológicas do Estado do Amapá, adossé au Musée Sacaca des populations traditionnelles. Le IEPA est un organe adjoint au Secrétariat de l’Environnement de l’Amapá (SEMA), chargé de la politique scientifique et des inventaires environnementaux que la SEMA intègre à sa politique de contrôle et de développement. Nous rencontrons, François-Michel et moi, Benedito Vítor Rabelo, Directeur-Président, qui nous fait part des difficultés éprouvées à passer de l’inventaire scientifique à la planification, de l’étude prospective à la mise en place de programmes de gestion et de développement durable.
L’entretien est bref, et nous nous rendons dans la foulée au Secrétariat à l’Environnement, SEMA, où nous rencontrons Jesse James, chargé de la fiscalisation (surveillance) et des aires protégées. Son visage m’est familier : après recoupement, nous découvrons que nous avons participé tous deux au 2e séminaire de coopération transfrontalière qui s’est tenu à Cayenne en décembre 2005. Concernant la coopération Guyane/Amapá, dit-il, il n’en est rien résulté. Il faut dire qu’au long de la frontière commune on trouve essentiellement des Unités de conservation fédérales, qui ne relèvent pas de l’Etat d’Amapá. Jesse James nous remet nos autorisations, puis nous emmène au département de cartographie.
La direction locale de la Réserve de Développement Durable (RDS) de la rivière Iratapuru est administrée par plusieurs organes : les études scientifiques sont chapeautées par l’IEPA, dont nous rencontrerons un doctorant local, José Reinaldo. La coopérative extractiviste (COMARU) est gérée par un président, Eudimar Viana (Nego), résidant à Monte Dourado (Pará) et par un directeur, Sebastiano Freitas (Sabá), résidant à Vila de São Francisco, à la confluence de la rivière Iratapuru et du fleuve Jari.
Rédigé par : |