Voici le petit dialogue qui s'est établi alors que je commentais la note "Témoignage" rédigée par Juge en Peine sur le blog de Maître Eolas (les blogs tendent fichtrement à assimiler les relations sociales au jeu de Pokémon qu'ont pratiqué mes neveux durant ces quelques jours à la campagne). Cette note, claire et précise, est accessible ici:
http://www.maitre-eolas.fr/2008/10/23/1153-temoignage?cos=1
Je supprime certains commentaires, non qu'ils soient inintéressants, mais parce qu'ils ne font pas partie de ce dialogue.
1) Le jeudi 23 octobre 2008 à 10:29, par anthropopotame
Merci pour cette présentation. Je comprends comme bien d'autres le malaise des magistrats, partagés entre améliorations discrètes et justice au rabais. Je fais partie du monde universitaire: nous autres avons abandonné, depuis plus de trente ans, les codes et rituels propres à notre corps de métier. La massification de l'enseignement supérieur crée des problèmes qui ne prennent pas les mêmes formes que la judiciarisation de la société, mais qui participent d'une même vague de fond. Le rapport du CSM pointe les contradictions d'une société dont le niveau de réflexion global s'élève (en ce sens qu'il est mieux partagé, et non plus affûté, hélas) et de services de l'Etat qui ne grossissent pas dans les mêmes proportions, ou croissent par hoquet, par à-coup, entraînant à chaque fois des temps de réorganisation et rééquilibrage qui sont autant de temps perdu. Et les réformes qui s'enchaînent, souvent opportunistes, finissent pas torpiller les édifices que nous cherchons à maintenir sur pied.
L'immense différence, toutefois, est que vous maintenez un esprit de corps qui se traduit par l'attachement à ces rites et ces codes verbaux dont vous savez pertinemment que c'est leur maîtrise et la coquetterie que vous mettez à en expliquer ou dissimuler l'origine qui dresse un mur entre les justiciables et vous. Il y a du bon et du mauvais en cela: solidarité de corps, estime de soi, mise en scène de vos activités comme si elles relevaient de l'héroïsme (cf témoignage plus haut "je me fais un thé entre deux audiences et peut-être vais-je m'autoriser un pain au chocolat" - c'est supposé être une démarche héroïque, n'est-ce pas?) ponctuées de "j'aime passionnément mon métier".
Or il n'est pas question d'amour ici mais de rôle social et d'utilité sociale, et d'adéquation du rôle et de l'utilité, question qui se pose pour tous les corps d'Etat, universitaires compris. Parmi les réponses d'Eolas à ses commentateurs, je relève l'extrême violence et l'ironie glaçante qu'il met en oeuvre pour écarter les jugements critiques, émanant de clients d'avocat ou de justiciables insatisfaits, comme si toute critique extérieure à la corporation relevait de la méconnaissance et de l'indignité. Or des trois personnes que je connais qui ont eu affaire à la justice, une seule a reçu un jugement conforme à ce que l'on pouvait logiquement attendre. Les deux autres, déjà quasi ruinées par ces escroqueries qui se multiplient au quotidien, ont obtenu des jugements favorables qui ne furent pas mis en application, et les frais d'experts, d'huissiers et d'avocats ont achevé de les mettre sur la paille. Doit-on écarter cela par principe, comme "basse justice" ? Cette expérience civique de la justice est plus fréquente pourtant que les procès d'Assises...
Vous êtes, d'après votre commentaire, parmi les seuls à décliner les problèmes qui se posent à vous sans affèterie, qui permettez donc de réfléchir plus globalement au rôle concédé par la société à l'Etat pour la réguler, la former, la protéger, etc. Après tout, quand nous aurons tous balayé devant notre porte, quand nous aurons su représenter un poids politique en tant que corps d'Etat, peut-être serait-il bon que nos représentants, y compris ceux de la police et de l'armée (j'en oublie), se rencontrent pour songer à une forme d'harmonisation et d'équilibrage de nos rôles respectifs, qui consistent globalement à faire tourner la machine du pays.
2) Le jeudi 23 octobre 2008 à 17:13, par camille
@anthropopotame,
vos exemples d'injustices illustrent plus le manque de moyen que le manque d'autocritique des magistrats et personne ici n'a remis en cause l'humanite des magistrats et leurs possibles erreurs. tous ont insistés sur le fait que juger, c'est la plupart du temps, faire des mécontents. Quand à l'exercice du droit il me semble qu'il est important qu'il soit encadré par des notions et un vocabulaire précis. Je pense pour ma part qu'il faut une certaine dose d'heroisme pour exercer la fonction de magistrat.
3) Le jeudi 23 octobre 2008 à 17:56, par anthropopotame
@ Camille: si vous y tenez, je conviens aisément qu'il faut de l'héroïsme pour exercer ce métier. Mais le déclarer en boucle et ne pas voir que nous travaillons tous en situation de pénurie, que nous sommes des serviteurs de l'Etat en position de rupture et de discrédit permanent, ma foi, cela me coupe de vos positions et m'interdit toute compassion. La stabilité de l'Etat repose sur nos missions : garantir l'Etat de droit pour vous, et garantir aux membres de cet Etat un seuil minimal d'instruction, de compétence et de capacité d'analyse pour nous. Or les gouvernements successifs ont affaibli nos institutions respectives (la Justice pour vous, l'Université pour mes confrères et moi) en jetant l'opprobre sur nous (magistrats drapés dans leurs toges pour vous, chercheurs inutiles pour nous), s'assurant ainsi le soutien d'une opinion malheureuse, inquiète, et prompte à la rancoeur. Vous avez (si vous êtes magistrate, Camille) su conserver un certain nombre de traditions qui vous permettent de renforcer votre sentiment d'appartenance à un corps prestigieux, fort bien. Mais vu, ou plutôt lu de l'extérieur, ses pétitions d'héroïsme, de désintéressement, de "passion pour la justice" finissent par sonner comme des rengaines qui se posent comme des obstacles à une réflexion dépassant la question de la magistrature pour poser celle de l'organisation de notre société, et de son avenir. La décision d'accorder ou de refuser à un étudiant son diplôme n'est pas si spectaculaire que la décision d'incarcérer un citoyen lambda ou de lui refuser les visites à sa fille, certes, et je ne compare pas ces missions, même si elles engagent l'avenir de citoyens ordinaires. Que diriez-vous si j'héroïsais mes journées d'enseignant chercheur passant des mois en Amazonie au risque de crever et une fois de retour corrigeant les fautes d'accord du participe passé d'étudiants de 3e année? Amertume et sentiment de gâchis nous ont envahis, tous.
Bien, je proposais l'ébauche d'un dialogue mais si vous le préférez je vous laisse entre vous. Cordialement
4) Le jeudi 23 octobre 2008 à 19:14, par Fantômette
@ Anthropopotame,
Voulez-vous dialoguer, alors ?
Il y a plusieurs points dans votre commentaire sur lesquels je souhaite vous apporter un éclairage.
Un premier point, qui saute aux yeux de la praticienne que je suis (avocate) : les deux personnes que vous connaissez, et dont vous dites qu'elles n'auraient pas obtenu un jugement conforme à ce qu'elles auraient pu attendre, ont néanmoins remporté leur procès. Elles ont obtenu satisfaction, mais n'ont pas réussi à faire exécuter le jugement qui leur donnait raison.
Des dossiers comme ça, j'en ai un paquet dans mes armoires. Des jugements à encadrer, c'est comme ça qu'on les appelait, au crfpa (l'école des avocats).
Vous avez une créance, peu importe sa nature. Un jugement, rendu en votre faveur, fixe cette créance, vous accorde, peut-être, des dommages intérêts, le remboursement de vos dépens (frais d'huissiers, d'expertise...) et frais irrépétibles (honoraires d'avocat). Mais voilà, le défendeur, le débiteur est totalement impécunieux. Il n'a rien.
"On ne tond pas un oeuf". Voilà ce qu'on nous disait également au crfpa.
Un jugement qui n'est pas exécutable, un jugement qui n'est pas executé sert-il à quelque chose ? Oui, me souffle mon opinion de juriste, mais vous êtes, quant à vous, en droit de vous poser la question, en droit de penser que ce jugement ne sert à rien. Vous êtes en droit d'exiger, en tout état de cause, que l'on vous indique, en début de procédure, que, même un jugement favorable, peut être impossible à mettre à exécution.
Votre débiteur, c'est M. F (allez lire plus loin dans les billets de magistrats en colère). Si vous le souhaitez, vous pouvez en faire quelqu'un de moins sympathique, de moins émouvant. Mais, en pratique, cela ne changera pas grand chose.
Il vous doit 10.000 euros ? On a un jugement qui fixe la créance ? Le jugement est définitif ? Allez, on saisit un huissier de justice. Il va rapidement vous poser des questions du type suivant : avez-vous les date et lieu de naissance de votre débiteur ? Son numéro de compte en banque (avec le nom et l'adresse de la succursale où se trouve le compte) ? A t-il une voiture, et si oui, en avez-vous l'immatriculation ? Est-il propriétaire de son logement, et où se trouve t-il ? Connaissez-vous le nom et l'adresse de son employeur ?
Si ce débiteur est votre locataire, peut être avez-vous quelques uns de ces renseignements, mais ce n'est pas certain. Si c'est quelqu'un qui vous a, par exemple, renversé en voiture, vous ne disposerez probablement d'aucun de ces renseignements.
L' huissier peut faire une recherche FICOBA, pour tenter de trouver les références du compte bancaire de votre débiteur. S'il en a un, il le trouvera, probablement. Mais combien trouvera t-il dessus ?
Très souvent, lorsque quelqu'un ne paye pas ce qu'il doit, c'est qu'il ne le peut pas. Il arrive que les débiteurs soient de mauvaise foi, gagnent de quoi payer, mais ne le font pas. Cela arrive. Pour ceux-là, régulièrement, on finira par faire exécuter le jugement, puisqu'ils ont de l'argent.
Mais les autres ? Eh bien pour les autres, que proposez-vous ? Ils n'ont rien. Que dalle. Zip. Nada. Vous voulez faire quoi ? Saisir leurs meubles, oui, on peut. Très franchement, ne rêvez pas, le mobilier usagé, ça ne va pas aller chercher très loin. Dans ces dossiers, dont je vous parle, le débiteur est locataire. Son compte ? Il est dans le rouge, ou s'il ne l'est pas, il n'y a presque rien à saisir. Son salaire ? hahaha. Mais ce débiteur ne travaille pas, c'est bien pour cela qu'il s'endette. Ses assedic alors ? Il y a un minimum qui lui est laissé pour vivre, fonction du nombre de personnes à charge. Vous serez bien chanceux qu'il y ait quelque chose à saisir dans ces sommes là.
Alors on fait quoi ?
Deuxième point de votre commentaire qui appelle la discussion, une discussion récurente, celle relative au decorum, c'est-à-dire au rituel judiciaire.
Que celui-ci coupe le judiciaire des justiciables, oui, évidemment.
C'est fait pour ça.
Je suis partisan du symbolique, précisément parce qu'il crée de la distance, une distance nécessaire. Parce que le juge ne s'exprime pas en son nom propre, pas plus que le procureur, pas plus que l'avocat, pas plus que l'ensemble des personnels judiciaires. Il symbolise une fonction régalienne. Le costume, le décor, les phrases rituelles, tout cela est utile, tout ce langage codé sert une fonction qui a du sens. Tout cela est légitime. Certains pays s'en passent, direz-vous peut-être ? Non, ils ne s'en passent pas. Ils n'utilisent pas les mêmes symboles, voilà tout.
Il est, au mieux très réducteur, au pire, simplement erroné, d'en faire uniquement le rappel de l'appartenance de tous à un même corps, "prestigieux" ou non, le signe d'un entre soi que vous dédaignez. Ces symboles sont un langage à destination des justiciables, et non pas à destination des collègues.
5) Le jeudi 23 octobre 2008 à 23:04, par anthropopotame
Merci pour cette réponse détaillée, Fantômette, et sachez que j'apprécie votre billet. Vos explications sont fort éclairantes, mais ne s'appliquent pas au cas que je cite, en l'occurence une vieille dame poussée au procès par un avocat qu'elle consulte, avocat qui avait les moyens de savoir qu'elle avait eu affaire à un escroc ayant changé de département, déposé son bilan, etc. L'avocat, je le répète, le savait mais l'a poussée à continuer, au point que c'est cette vieille dame qui s'est trouvée insolvable. Vous allez me dire que ce n'est pas représentatif de la profession mais comme je vous l'ai dit 2 cas sur 3 que je connais de près se sont déroulés peu ou prou ainsi.
Concernant le décorum, j'avais bien compris qu'il est à destination du justiciable. Je suis anthropologue et les rituels, que ce soit chez les Yanomami ou au palais de Justice, je connais assez bien (du moins la fonction du rituel et ses modes de transmission).
Vous ne parlez nullement d'un point central de mon commentaire (qui ne doit pas éclipser l'exposé de Juge de peine figurant ci-dessus). Son témoignage avait attiré mon attention car je me reconnais dans cette observation sereine du métier dans ses attendus comme dans ses possibilités de fonctionnement. J'appartiens à un corps d'Etat, l'Université publique, qui il est vrai n'a pas été distinguée par Montesquieu comme un pouvoir. Nous avons cependant un rôle social et scientifique à jouer, nous l'exerçons dans des conditions qui s'apparentent aux vôtres, en termes d'injonctions contradictoires, de réformes attentatoires à notre fonctionnement, et ces réformes sont menées par des campagnes gouvernementales de déstabilisation. En clair, la réforme est pensée puis préparée et finalement menée à bien quand les concernés sont groggies. C'est de bonne guerre. Est-ce de bonne politique ? Je ne le crois pas. Et c'est en cela que mes préoccupations rejoignent les vôtres.
Nous ne travaillons pas à la Poste ni à la SNCF. Comme vous, notre métier repose sur une aura, sur la certitude qu'un étudiant peut avoir que nous sommes de bons guides et de bons juges concernant l'analyse de questions contemporaines, et l'avenir d'une formation. Or nous avons jeté à bas tous les rituels, nos uniformes, nos toques et autres diploma pour faire face à la démocratisation effrénée de l'Université, face à ce nouveau public qui n'a plus les mêmes aspirations, ni les mêmes attentes, que celles que j'avais quand j'étais étudiant. Nous y avons perdu énormément, sans doute, mais peut-être, sur ce point précis, y avons nous gagné quelque chose, en termes de remise en cause de nos savoirs et de nos méthodes, tant de recherche que d'enseignement. Le prix que nous payons est d'être traités de "Professeur Nimbus" ou de "chercheurs qui cherchent mais ne trouvent pas" dans tous les replis de tous les commentaires de journaux.
Donc je comprends votre situation, et je le répète: il y a des points de convergence, je dis bien de convergence, entre nos corps de métier que les gouvernements successifs se croient libres de remodeler sans penser aux atteintes, aux déstabilisations, aux malaises qu'ils suscitent.
6) Le jeudi 23 octobre 2008 à 23:49, par anthropopotame
Juste un détail, Fantômette: vous parlez de "langage destiné au justiciable" à propos des codes et rituels qui entourent vos fonctions. Je vous fais observer qu'un langage est destiné à être compris. Sinon on parle en effet de rituel, et non de langage, comme la messe en latin ou les cérémonies des flûtes dans le haut rio Negro.
Eolas:
Relisons nos classiques (lien)
7) Le vendredi 24 octobre 2008 à 00:14, par anthropopotame
Je ne parlais pas du langage juridique, cher Maître. Nous aussi nous avons nos concepts - habitus, couvade, esprit-maître. Fantômette me parlait du decorum, uniformes, habits, préséances, comme étant un langage "adressé" au justiciable. C'est cela que je commentais.
8) Le vendredi 24 octobre 2008 à 14:17, par Fantômette
Ma pratique tend à démontrer que le rituel est bien compris du justiciable, même s'il n'est pas maitrisé. Lorsqu'il arrive dans une salle d'audience, la plupart du temps, et même s'il le dissimule souvent sous une apparence paradoxale faite de décontraction et d'hostilité, le prévenu est angoissé. Et ce n'est pas plus mal. L'autorité judiciaire va lui imposer une forme de violence, qui a déjà commencé par le simple fait qu'il a été dûment convoqué à comparaître. Cette violence est légale et légitime, je m'empresse de vous le préciser, dès lors qu'elle s'exerce conformément aux règles de procédure qui l'encadrent. Le rituel lui fait comprendre, sitôt "les robes" entrées dans la salle, précédée d'un "drrrrrrrring" plus ou moins discret, et de l'annonce de l'huissier ("le Tribunal!") qui nous impose à tous de nous lever, qu'il est là pour répondre de ses actes devant ce que je suis tentée d'appeler "un tiers autoritaire". Sans doute ne maitrise t-il pas l'ensemble des signifiants que les professionnels eux-mêmes ne décodent pas sans peine. Peu importe, suis-je tentée de penser, dès lors qu'immédiatement, il perçoit au moins cela (et il le perçoit immédiatement) : le juge est un autre.
9) Le vendredi 24 octobre 2008 à 14:57, par anthropopotame
Ce que vous dites est très juste. C'était comme cela qu'on soutenait autrefois les doctorats: l'aspirant docteur est traité comme un sous-asticot cependant qu'on se lève et se rassoit au gré des allers et venues des membres du jury. J'ai passé une journée au Tribunal d'Instance (?) de Bobigny, pour assister une amie qui était convoquée. Priorité accordée aux justiciables assistés d'un avocat, ton narquois du juge s'adressant aux gens simples, connivence avec les honnêtes gens dérangés par des squatteurs. Bourdieu parle de violence symbolique lorsqu'on use, par exemple, de sa maîtrise du langage pour discréditer l'interlocuteur:"Apprenez le français avant de m'adresser la parole!" Mon amie était Italienne. Elle a été relaxée, mais non entendue. Je suis sorti de là avec le sentiment d'une justice pas très juste, si vous comprenez ce paradoxe. Et d'une grande violence, en partie illégitime. Lorsqu'Eolas écrit sous mon commentaire "Relisons nos classiques (lien)", je rectifie et lui indique à quoi je faisais précisément allusion, mais je pourrais répondre tout aussi laconiquement: "Relisons les commentaires avant de suggérer de relire nos classiques (voir ci-dessus)". Maître Eolas jugerait-il cela offensant ? Si oui, il jugerait légitime de faire usage de laconisme mais illégitime de se le voir retourner. Dès lors les conditions d'un dialogue seraient difficiles à établir.
Mais encore une fois, ne perdons pas de vue ce qui m'amène - et d'autres chercheurs avec moi: nous sommes abreuvés d'injonctions contradictoires, nos métiers sont systématiquement ou presque rabaissés par les membres du gouvernement, et des réformes nous sont imposées avec moultes effets d'annonce, par exemple celle de Pécresse - qui ne vaut pas votre ministre, il est vrai - proposant à 130 jeunes maîtres de conférences - sur 38000 - de bénéficier de conditions qui devraient être celles de toutes recherches décentes. 130 sur 38000, cela donne du 0.5%, soit une logique plus proche de celle de la Française des Jeux que du Ministère de la Recherche. Vous comprenez à présent ce qui peut éventuellement nous rapprocher ?
10) Le lundi 27 octobre 2008 à 11:45, par hatonjan
Vous dites : "C'était comme cela qu'on soutenait autrefois les doctorats: l'aspirant docteur est traité comme un sous-asticot cependant qu'on se lève et se rassoit au gré des allers et venues des membres du jury" Et vous êtes choqué? Le jury est représentant du peuple français pour juger un accusé, ce n'est pas rien ! Certes il est tiré au sort, mais il a un pouvoir que vous n'avez pas. Je n'ai rien contre les doctorants, mais ils sont allez disons stagiaire, et ne représente que leur pomme. Je me leverai sans soucis pour un jury, par respect pour leur fonction de juger, non pas car ces personnes sont plus exceptionnelles en soit. L'explication sur les affaires avec avocat en premier est bêtement financière (en effet un avocat ça coute, et cher, même si je ne doute pas qu'Eolas et Fantômette ont des tarifs raisonnables). Maintenant, il est clair que la Justice n'est pas le seul ministère qui souffre.
11) Le lundi 27 octobre 2008 à 16:07, par Juge en peine
Il aura fallu que les vacances arrivent pour avoir le temps de revenir lire vos commentaires. Le mouvement de magistrat a été plutôt vécu, de l'intérieur, comme une réussite (même si les magistrats interlocuteurs des médias n'étaient pas forcément sur la même longueur d'onde que les magistrats de la base, et que dans la bataille médiatique nous n'avons pas les mêmes armes que nos assaillants dont la contre-attaque est appuyée).
Je voulais juste rajouter quelques propos suite aux quelques remarques que vous faites.
Je ne pense pas que les problèmes viennent des rituels ou du cérémonial judiciaire. Certes il est "dépassé" mais comme l'ont dit camille et fantomette, il participe de la dimension symbolique de la justice qu'il convient de conserver, dont nous demandons le respect, et qui tient moins à la respectabilité de ceux qui l'occupent (c'est une autre question) qu'à la fonction que l'on assigne à la justice et la vigueur que l'on souhaite au contrat social.
Quant à la question des moyens et des réformes, j'aimerais que l'on se souvienne, à travers le blog d'EOLAS que bon nombre d'entre nous ne sont nullement contre les réformes, mais que nous souhaitons seulement du bon sens, des réformes réfléchies et pensées par des connaisseurs avant d'être légitimées par les décideurs ou l'opinion s'ils n'ont plus d'existence autonome.
Quant au commentaire de "j'ai fait un rêve", il y a de bonnes idées (la conciliation, autrement dénommée médiation familiale dans le cabinet d'un jaf ; la redéfinition des fonctions de Juge des enfants / juge aux affaires familiales qui mériterait d'être rediscutée). Il y a aussi à mon avis des erreurs : certes le métier entraine parfois des souffrances psychologiques et des incertitudes, mais elles ne sont pas refusées par les magistrats et elles sont le prix de l'humanité de la justice. Et cette humanité, j'y tiens, en tant que citoyen.
Le cliché que je voulais le plus balayer, c'est l'âge du magistrat. Parce que c'est confondre, à mon sens la fonction et celui qui l'incarne, que ce sont les plus jeunes qui sont aussi les plus concernés par la charge de la fonction, la mesure des responsabilités et qui seront les moins nourris de certitude ou de parti pris, le plus souvent.
Quant au parcours extérieur avant l'entrée dans la magistrature, sans même parler de qui vous savez, l'observation quotidienne démontre que parfois ce mode de recrutement permet surtout à des gens bien placés, ou bien entourés de réseaux, d'intégrer la "haute fonction publique" avec des compétences en droit ne leur permettant pas d'assumer correctement la charge de travail qui nous est imposée, et qui n'ont d'autre ambition que de progresser dans la hiérarchie.
A l'heure actuelle je pense que le concours, et le recrutement de jeunes magistrats est la meilleure solution. Je pense qu'il pourrait être utile, pour résoudre les problèmes d'effectifs, d'expérience, de réfléchir à ce dont je parlais sur les assistants de justice.
Cela mériterait d'être débattu par les magistrats (et autres praticiens) de terrains (ils ne sont pas 8 000) qui ne sont que rarement consulté et en tout cas écouté. Ce serait une autre forme de fonctionnement de nos administrations mais pourquoi toujours avoir les mauvais côté de ce qu'on appelle la logique "entreprise" ou "privé" sans jamais s'inspirer de leurs bonnes idées de fonctionnement ?
12) Le lundi 27 octobre 2008 à 20:24, par Fantômette
@ Anthropopotame,
Je parviens à distinguer respect et soumission. Les marques de respect - j'insiste - imposées par la rituel ne me semblent pas poser de problème. Pour ma part, je ne verrai aucun inconvénient, si j'étais doctorante, à me lever à l'entrée d'un jury de thèse. Il en faut bien d'avantage pour que je commence à me sentir ramenée au niveau du sous-asticot. J'ajoute qu'il me semble paradoxal de lire le rabiassement dans l'obligation de se redresser et de faire face debout à ceux qui vous jugent.
Je vous avouerai franchement que je ne suis pas très "bourdieu".
Je trouve paradoxal que vous veniez reprocher une violence symbolique à l'institution judiciaire, dont la fonction consiste à exercer dans la réalité du concret, une violence qui n'a rien de symbolique. Elle condamne. Elle expulse. Elle incarcère. Elle convoque. Elle place sous scellés...
En bref, elle juge, dit, ordonne, exécute.
Et encore une fois, tout ceci est parfaitement et toujours légitime, dès lors que cette violence vient à s'exercer dans le respect des règles de procédure. C'est la raison pour laquelle n'importe quel juge, greffier, avocat qui se respecte doit éprouver une déférence particulière vis-à-vis de la forme, le véritable fondement de nos libertés.
Je connais le manque de moyens de la recherche actuelle, et notamment en sciences humaines. Je ne crois pas cependant que les deux situations puissent facilement être mises en parallèle. J'ai, croyez moi, la plus grande estime pour les métiers de la recherche, et aucune sorte de dédain pour les sciences humaines, loin s'en faut. Mais la Justice est une fonction régalienne de l'Etat. Que la recherche française soit malmenée, dévalorisée, ruinée, est une honte. Qu'il en aille de même de la Justice, est une catastrophe.
13) Le vendredi 31 octobre 2008 à 09:17, par anthropopotame
Désolé pour mon silence, Fantômette, j'étais parti grogner à la campagne. Votre ultime commentaire me laisse songeur: la tête de l'Etat a récemment proclamé que l'effondrement des banques serait une catastrophe nationale. Vous dites qu'il en irait de même si s'effondrait la justice. Il est vrai que telle que vous la décrivez, la Justice s'apparente à un vaste et ténébreux système bancaire, où un mandat de dépôt permet de conserver au frais, ou à l'ombre, de dangereux criminels, qui à leur sortie produiront des intérêts sous forme de récidives. De même Mesrine voulait faire payer l'Etat comme un client mécontent s'élève contre les IPTC (pénalités de remboursement.
Mais quoi qu'on en dise, 1789 a été provoqué non par les juges, ni par les banquiers, mais par les boulangers. L'effondrement d'une profession peut avoir des conséquences vraiment inattendue, ma foi. J'aimerais pouvoir dire : si l'Université s'effondre, ce serait catastrophique. Malheureusement je ne le pense pas. Le seul effondrement catastrophique qui me vienne à l'esprit est celui de la biosphère.
Bien, je vous laisse entre vous. Je vais copier et coller ces commentaires dans mon blog, si Maître Eolas n'y voit pas d'objection, comme cela nous entre parlerons entre universitaires.
Je vais me permettre d'intervenir ici, quoique n'étant pas universitaire.
Vous cherchez, je crois, à me faire dire une chose que je n'ai pas dite, mais peut-être est-ce du à un manque de clarté de ma part. En distinguant "honte" et "catastrophe", je cherchais simplement à vous faire percevoir une différence de nature entre ces deux abandons, et non une différence d'intensité.
Dire le droit (juris dictio) est une fonction régalienne de l'Etat. Je suis bien consciente de ne pas vous l'apprendre, naturellement. Il est étrange - et probablement votre expertise en anthropologie doit vous rendre encore plus sensible à cette étrangeté que je ne le suis moi-même - de voir l'Etat se retourner contre l'Etat, lorsque l'exécutif malmène le judiciaire.
Ceci dit, la théorie des trois pouvoirs doit nous inciter à relativiser la réalité du paradoxe. Ces trois pouvoirs sont complémentaires certes, mais en un sens, également concurrents. Leur séparation l'impose. Un équilibre subtil doit être maintenu entre eux, fait d'indépendance et interdépendance, pouvoir de contrôle, pouvoir de juger, pouvoir de changer les règles du jeu, etc.
Le parallèle avec le système bancaire que vous proposez est intéressant, mais doit être précisé. Que les (ou des) banques fassent faillite n'interesse pas en soi l'Etat. Par contre, l'Etat bat monnaie. Ici, nous avons bien un domaine régalien, quand bien même aujourd'hui ce pouvoir a pu être délégué au niveau européen. Donc, si une crise bancaire débouche sur une crise monétaire, là, nous avons effectivement "une catastrophe", car l'Etat est touché dans l'une de ses fonctions régaliennes. Sur ce point, toutefois, je ne suis pas particulièrement compétente pour en discuter, n'ayant à peu près aucune formation digne de ce nom en économie.
Je me limite donc modestement à une discussion sur la Justice.
Si la société française est indubitablement mille fois plus complexe que les micro-sociétés étudiées dans la littérature anthropologique, il n'en reste pas moins extrêmement important (je voudrais même dire : vital) que les inévitables conflits qui apparaissent entre citoyens, entre Etat et citoyens, puissent être dominés, contraints, et, in fine, tranchés, par une autorité incontestable. Faute de quoi les rapports sociaux se délitent. Faute de pouvoir raisonnablement compter sur une Justice qui fonctionne, les citoyens se feront justice eux-même. Soit (comme l'a justement noté dadouche, chez eolas) par le biais d'une justice privée non violente mais couteuse (l'arbitrage), soit par le biais d'une justice privée bon marché, mais violente (la vengeance).
L'Etat aurait tout à perdre à (se faire) courir un tel risque.
Rédigé par : Fantômette | samedi 01 nov 2008 à 11:07
Chère Fantômette,
avant tout, bienvenue sur mon blog!
Nous nous égarons, je crois. Je plaisantais en comparant les systèmes bancaire et judiciaire, cela m'amusait juste d'imaginer le QHS comme le dépôt de valeurs précieuses, et les peines prononcées comme des durées d'emprunt. Cela ne va pas plus loin.
Reprenons certains points de votre commentaire, avec lequel je suis d'accord. Que l'exécutif malmène le judiciaire (et le législatif) n'a rien d'étonnant: les trois pouvoirs sont en compétition; dans une société saine, ils devraient être en équilibre, et ce n'est pas le cas chez nous.
Que l'Etat malmène ses fonctionnaires (magistrats, mais aussi praticiens hospitaliers, enseignants, chercheurs) est tout aussi inquiétant, et je désespère de voir une réponse collective qui manifeste une certaine hauteur de vue (voir la déplorable pétition qui circule parmi les univesitaires, rapportée dans ma note "Comment on se tire une balle dans le pied").
Revenons-en à ma motivation première en intervenant chez Eolas: prendre le pouls des magistrats puisque nos mécontentements suivent la même chronologie. Nous nous sommes ensuite égarés sur des questions de droit, de decorum, de rituel, etc, et c'est pourquoi nous tournons un peu en rond.
Il me semble que si réflexion conjointe il devait y avoir, elle porterait, non sur nos attributions respectives et notre importance relative, mais sur nos rôles sociaux et notre utilité sociale. Depuis quelques années, les gouvernement successifs n'ont de cesse de stigmatiser les catégories socio-professionnelles qu'ils aspirent à réformer. Et le résultat est que nous nous trouvons non plus face à une société solidaire (il n'a jamais été question fût homogène) mais à des catégories juxtaposées et parfois contreposées : public/privé, actifs/retraités, chômeurs/actifs, clandestins/citoyens, chercheurs/entrepreneurs, jeunes de banlieue/citoyens honnêtes, etc. Rien d'étonnant donc à ce que certains sifflent la Marseillaise.
Il y a donc un problème de cohésion sociale, et l'anthropologue qui sommeille en moi vous dira tout de suite que le communautarisme n'a rien à voir là-dedans. Le communautarisme est garant de l'ordre social au sein de communautés reconnues comme telles (reconnaissance de l'autorité des aînés, etc). Le problème commence quand on dresse les communautés les unes contre les autres.
Je trouve déplorable, y compris de ma part, qu'au cours de nos commentaires croisés chez Eolas ait surgi une forme de provocation (régalien, pas régalien, honteux, catastrophique).
C'est pourquoi je suggère, si ce dialogue devait se poursuivre, qu'il se fasse uniquement sur la base de nos rôles respectifs, avec des objectifs clairement posés, pour dire au Gouvernement: "voilà le détail de ce que nous estimons être notre mission; voilà ce qui n'en relève pas; voilà les moyens humains, matériels, et le degré de soutien dont nous avons besoin pour le mener à bien."
Cordialement
Rédigé par : anthropopotame | samedi 01 nov 2008 à 13:15
Bonjour Anthropopotame,
Je viens de la part de Fantômette, qui m'a conseillé votre blog.
Il me paraît certain que vous ne manquez pas d'excellentes raisons de développer une certaine anxiété devant une société qui ne s'organise pas particulièrement pour réfléchir aux rôles et à l'utilité sociale des individus, des groupes, voire des communautés, et des institutions.
Notre société est en effet tournée vers d'autres préoccupations qui relèvent plutôt de la sphère économique, de la gouvernance ou du divertissement.
Même le domaine politique,qui devrait être le lieu par excellence où se déroule le débat sur le "rôle" et "l'utilité" sociale des individus, et l'adéquation de l'un à l'autre, délaisse le plus souvent cet aspect des choses pour se consacrer essentiellement à la "prise de décisions" dans une perspective totalement gestionnaire, c'est à dire complètement déconnecté de ce qui fait l'objet de votre discipline scientifique: l'homme, et plus probablement la nature humaine.
Dans la prise de décision, il s'agit en effet toujours d'affecter une ressource (de l'argent, des moyens matériels ou immatériels, des hommes) à un emploi (faire une route, construire un porte avions, expulser des étrangers, tout ce qu'on veut en fait).
Ici j'ouvre une parenthèse que je vous laisserais le soin de refermer, avec l'empressement non dissimulé de celui qui veut se débarrasser d'un sujet auquel il ne connait pas plus que ce que le dictionnaire a bien voulu lui en dire: à grands coups de hache, je définirais rapidement l'anthropologie comme une science de l'homme bien sûr - mais cela ne m'avance pas vraiment- et surtout comme un effort de théorisation de ce qui fait la nature humaine, donc de ce qui distingue l'homme de sa nature par l'analyse de cette nature (je ne sais pas si je suis très clair).
Toujours est il que c'est sous l'empire de cette définition - qui doit être tellement approximative et imparfaite que j'espère qu'à sa lecture vous ne vous êtes pas fait mal en tombant de votre chaise - que j'appréhende votre propos, dans le cadre précis de votre intervention sur le blog d'Eolas, et de ses suites ici même.
Je crains que le mouvement d'humeur des magistrats ne soit pas un phénomène anthropologiquement porteur. Ou en tout cas, pas plus qu'un autre phénomène social ressortissant au domaine de la revendication collective.
Dès lors, votre focalisation sur les codes et les rituels des magistrats, que vous présentez comme un système séparatif destiné à maintenir le justiciable loin de la compréhension de la justice, ne pouvait que vous conduire à mon avis qu'à un contre sens.
J'ai été très étonné que pas une seule fois durant ce dialogue avec Fantômette ou d'autres intervenants, le mot "sacré" n'ait pas été prononcé, sauf erreur de ma part.
Le decorum - appelons ainsi l'adhésion du personnel judiciaire aux codes et aux rituels - a pour fonction de maintenir la justice dans l'ordre du sacré. De part ce fait, la justice n'est effectivement pas immédiatement accessible au profane.
Pour autant, la justice ne se rend pas sans lui, bien au contraire, puisqu'elle se rend même en son nom, sacralisé pour l'occasion: c'est la fameuse formule "au nom du peuple français..." qui figure dans les jugements.
Je crois que je ne vous apprends rien.
Maintenant, parlons du contre sens. Des contre sens en fait car j'en entrevois deux.
Le premier a trait à vos développements sur le "mur" qui sépare le justiciable de la justice. Tant que vous n'aurez pas compris que la frontière entre les deux est une frontière poreuse, vous n'aurez rien compris à la justice: le mur est un filtre.
En effet, tout l'objet du decorum n'est pas d'éloigner le justiciable de la justice, mais au contraire de le faire pénétrer progressivement en tant que profane au cœur du processus judiciaire qui va aboutir au jugement qui le concerne au premier chef.
Si vous voulez je développerai ce thème là, mais je ne suis pas certain qu'il vous passionne.
Deuxième contre sens: ignorant ce qui se passe derrière le mur que vous avez vous même érigé, vous semblez supposer que les magistrats ont une vision et une réflexion globales et ont par là même une prétention à réfléchir à l'adéquation entre leur rôle et leur utilité sociale, que vous donnez l'impression de comparer à celles des chercheurs et universitaires, à cette réserve près qu'ils ont abandonné le decorum depuis trente ans.
En sommes, vous vous interrogez sur les capacités respectives de réaction des chercheurs et des magistrats face à une énième réforme.
En réalité, les magistrats partagent le même désarroi que le monde universitaire, notamment pour cette raison qu'ils n'ont précisément pas de réflexion globale sur l'adéquation de leur rôle à leur utilité.
Il suffit de gratouiller un petit peu et vous vous en rendez compte très vite.
C'est pourquoi en définitive votre analyse de la justice s'est ramenée à des anecdotes (qui sont sans doute vraie d'ailleurs)et à une critique que j'ai trouvé humoristique pour ma part de l'héroïsme du juge répétant à l'envi qu'il aime passionnément son métier.
Héroïsme que Madame Dati avait singé à sa façon en affirmant qu'elle s'éclatait avec le droit pénal, ce dont nous avons effectivement pris la mesure.
Rédigé par : tschok | vendredi 12 déc 2008 à 18:21