Quand j'étais enfant j'imaginais parfois que le jardin était bardé de caméras qui suivaient mes faits et gestes - c'était bien avant que l'on invente la télé-réalité. Le public aurait sans doute été captivé : je surveillais des poules, donnais à boire à une chèvre, capturais des lézards et construisais des cabanes.
Le spectacle aujourd'hui serait décevant. Que fait un anthropopotame de ses journées? En quoi consiste le travail d'un anthropopotame? J'y ai réfléchi, j'ai songé également à la disposition éventuelle de caméras qui dévoileraient sans dévoiler, et il me semble que le spectateur aurait une idée fausse de mon activité, à tel point qu'il tiendrait cinq minutes puis se consacrerait à la journée d'un avocat.
En effet, mon enveloppe matérielle - ce vieux corps délabré - va et vient entre le bureau et la cuisine, préparant des cafés. On penserait alors : "Tiens, sans doute le pauvre chouchou est-il au service de quelque patron tyrannique, qui l'envoie à la cafetière ou la photocopieuse alors que l'infortuné avait de si hautes aspirations?"
Pas faux, ma foi. En réalité, la seule chose qui donnerait une idée de ce qui se passe réellement dans la vie professionnelle d'un Anthropopotame serait qu'il soit bardé d'électrodes. On verrait alors, sur l'encéphalogramme, quelques pics hérissés qui correspondent aux moments de travail effectif.
Moment où l'anthropologue, ayant résolu le douloureux problème de la faim dans le monde, se demande comment il va remanier l'introduction de son troisième chapitre.
arrète de remanier. Sérieux. Arrive un moment où il faut accepter l'imperfection (fantasmée ou réelle peu importe).
Rédigé par : Narayan | samedi 31 jan 2009 à 23:26
Ce n'est pas l'imperfection le problème, c'est la nullité :{
Rédigé par : anthropopotame | samedi 31 jan 2009 à 23:38