Les auditions au CNRS sont terminées pour moi. Zéro classement.
Mais lisant la note de Tom Roud sur le sujet, je reviens en arrière et j'essaye de comprendre ce qui est allé de travers.
Comme l'observe Tom, la fin de la limite d'âge a multiplié les candidats de valeur, bien établis dans leur recherche, cependant que le principe de l'audition générale de tous les candidats dont le dossier est administrativement recevable implique de longues sessions de jury.
Mais d'une part, le jury sait parfaitement, d'après les rapports qui sont établis pour chaque candidature, quel candidat correspond au profil qu'ils ont établi en concertation, et d'autre part, une présentation en quinze minutes est une épreuve en soi où la recherche finalement ne joue pas le rôle principal.
Ma pire audition fut devant la 31e, Homme, nature, société. Elle devait avoir lieu en fin d'après-midi, et je me suis trouvé confronté, en session plénière, à des membres de jury fatigués, regardant ailleurs, ne m'écoutant pas, n'ayant quasiment pas de question à poser. J'ai appris par la suite que la section était composée principalement d'archéologues, à la suite de remaniements successifs, et que le projet que je présentais, donc, ne répondait absolument pas à leurs attentes.
Devant la 45e, en plénière également, j'ai constaté que le ou les rapporteurs n'avaient nullement explicité mon dossier et mon travail. Incompréhension, regards dubitatifs, interruptions régulières... Le pire est que l'on se rend compte, en attendant son tour, que certains candidats font l'objet d'un feu roulant de questions, et dépassent allègrement le temps imparti.
Il faut donc voir la réalité en face: certains projets sont attendus, d'autres non. Pour ma part, j'avais bâclé les miens, et la raison en est simple: parti en octobre novembre au Brésil, j'ai dû rattraper le semestre entier en 5 semaines de cours, donc enseigner 18h par semaine jusqu'aux vacances de Noël. J'étais sur les rotules lorsqu'il m'a fallu remplir les dossiers et préparer les projets de recherche.
Je pensais me rattraper aux auditions, mais en réalité, si une audition se passe mal, elle a un impact sur l'état dans lequel vous affrontez la suivante. Un jury étalant son manque d'intérêt vous amène à douter de la pertinence de vos recherches, mais aussi de votre présentation physique, de votre manière de vous exprimer. Au fil des auditions, on perd contenance, on finit par ne plus savoir ce qu'on fait là.
Un peu comme dans le Montreur de Marionnettes, de Kleist, on découvre que la conscience de soi est obstacle à toute représentation. Et concentrer le passé et l'avenir en 15 minutes de PowerPoint exige une mise en scène et un jeu d'acteur d'autant plus aboutis que le public est conquis, ce qui est rarement le cas.
Il me semble qu'il n'y a pas de réponse valable lorsqu'on examine les raisons d'un échec dans un examen - tout simplement parce qu'on a jamais fini de pointer ses propres défaillances, et qu'on en vient à douter de son amour de soi. Il vaut beaucoup mieux (se) demander ce qui a réussi aux heureux élus.
Elément positif : vous aurez toujours des aventures à Neverland à nous raconter (une vie de pur chercheur au Cnrs n'est-elle pas un peu terne ?).
Rédigé par : Bardamu | mercredi 21 avr 2010 à 17:17