Etre conscient est un drame qui se termine avec la mort. Du moins, espérons-le.
(Cioran, Cahiers)
Voilà, c'est fait: il ne me manquait plus que l'IRD pour rafler le grand chelem des ratages d'audition.
Après le CNRS, la Fulbright, et j'en passe, c'est au tour de la commission "Santé & société" de reconnaître mon incompétence et le peu d'intérêt qu'il y aurait à recruter un chercheur paresseux, soucieux de son confort, malmenant des handicapés mentaux dans les couloirs du TGV.
Je pourrais évoquer, bien sûr, mille complots et diverses formes de concussion pour expliquer que l'on m'en ait préféré d'autres, mais il est plus parcimonieux tout de même de considérer que j'offre peu de choses.
Mon ami Gérard C. m'a fait la leçon: il ne faut pas parler d'échec, mais de "préparation aux candidatures de l'année prochaine". Mouirf.
Le problème c'est que j'avais pris cet entretien très au sérieux. Votre serviteur, ravissant dans son costume Battistoni, boucles ondulant grâce au vent soufflant sur Marseille (un peu pénible je dois dire), a exposé son projet dans tous ses attendus, remontant à ma petite enfance pour expliquer mon intérêt pour la géographie symbolique et autre matière noire.
J'avais, parmi les membres du jury, des gens qui m'étaient favorables. Mon taux de sérotonine était élevé, je ne manquais pas de vitamine C. Donc, il faut se rendre à l'évidence: votre serviteur souffre d'un problème de crédibilité. Une lectrice signalait récemment qu'on trouvait dans ce blog fort peu d'analyses et beaucoup de psychanalyse de comptoir. Et c'est vrai.
Discutant hier de l'amitié franco-serbe avec une jeune et belle Serbe, à qui je faisais remarquer combien mes aperçus concernant les gens qui nous entouraient à la terrasse du café étaient incisifs et trahissaient en moi l'anthropologie incarnée, elle me fit observer que ses analyses à elle étaient moins nombreuses mais plus intelligentes, ce qui là encore était vrai.
Je pars donc à la campagne retrouver mon troupeau. Les vaches ne me jugent pas (du moins j'espère). Au pire elles donnent des coups de corne, ce qui ne remet pas en cause mon parcours ni la valeur de mes publications. Mieux vaut, ce me semble, ne pas faire face, et me réfugier dans le principe de fiction que j'évoquais précédemment.
Dur, dur... Est-on plus dur avec soi-même lorsque les autres le sont? Comme une sorte de bâillement? Ou le contraire? Quand nous sommes durs avec nous-mêmes les autres se voient presque dans l'obligation de profiter de l'occasion (demande-t-il).
Rédigé par : OLivier | vendredi 21 mai 2010 à 17:19
Bonne question Olivier. Ce qui est sûr c'est que je donne souvent le bâton pour me battre. Masochisme? Ou bouleversement de mon être après des années de suffisance?
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 21 mai 2010 à 19:45
Je crois que tout cela dénote un certain talent.
Reste bien concentré, on ne sait jamais avec les opportunités de dernière minute qui pourrait mettre à mal ces diverses parties d'échecs consécutifs.
Et sinon, la demoiselle Serbe a t-elle fait remonter ta propre estime...car la belle grade...
Rédigé par : Neuromancien | samedi 22 mai 2010 à 11:39