25 aout: pour un gars soucieux de mon confort, je me pose là. Départ à 7h avec E., Nei, et Marquinhos vers igarapé « buraco da pedra » pour pêcher. Joli chemin de trois km traversant quelques anciens abattis. Le départ est par l’arrière de la maison de Domingos, on longe la maison abandonnée d’Orlando, et puis commence la séance de taichi : se baisser, se relever, se pencher, faire un pas de côté, sauter, marcher sur des troncs… à l’arrivée on est crevé.
Marcos arrivé il y a douze ans, né à Serra do navio, grandi à Calçoene. Rencontré Juci là-bas, a demandé l’autorisation à Vac, qui lui a dit qu’il n’avait jamais battu ses enfants. Il a trois enfants avec elle, elle en avait un d’un autre (d’un des fils de Bigo). « Battre les enfants quand on a besoin de se relaxer, d’accord, mais comme principe éducatif, c’est nul », lui dis-je, et il est bien d’accord.
Marcos et Nei connaissent bien le chemin mais pour ce qui est des arbres, c’est moyen. Ils repèrent les chemins de tatou, les traces de pécari, mais en fait leur rayon est assez limité ; je leur ai demandé pourquoi on voyait si peu de singes et ils me disent que c’est dû à l’absence de fruit, ou au fait qu’ils dorment. Sur le chemin, il y a des « bacabão », comme bacabeira mais fruit plus gros. Marcos me dit qu’il va les chercher quand ils sont mûrs. Cela renvoie à ensemble d’indices montrant que les arbres fruitiers sont des marqueurs géographiques importants : Cristiane parlant d’un cajueiro du côté de la roça de Bigo qui est tout chargé de fleurs, prémisses d’une bonne récolte. La castanheira de l’igarapé campeao dont ils disent que la première castanha tombe le 13 décembre. Les bacabão sur le chemin du poço da pedra. L’abacateiro qui sert de repère pour indiquer où se trouvaient les tireurs embusqués qui ont tué Benvenuto. La roça de Domingos qui s’appelle Laranjeiras… Sans parler, évidemment, des açaizal)
L’igarapé était très bucolique, beaux arbres le surplombant, majestueuses sapopema, eau limpide, tortue perema ( ?) mais le bain était déconseillé à cause des poraquê (gymnotes).
J’aime bien marcher avec E., nous avons généralement la même opinion sur les différents épisodes qui ont marqué notre séjour ici.
Conversation avec Joao hier : Sousa est l’apelido de Manuel dos Santos Alves, beau-père de Nei (padrasto).
Poço da Dovina : jeune fille d’ici qui a dema ndé sortilège à un umbandista, pajé poderoso : « você vai conseguir esse homem » lui dit-il, mais elle doit faire un travail. Entao foram là, com uma amiga, onde tem um poço. E elas se perderam. O pessoal so foi encontrar elas depois de dois dias. (autre version: elle allait chercher des plantes médicinales sur indication de Priciliano)
Pajé Prisciliano: quando menino, foi levado por Oyara. Voltou dias depois, conheceu os bichos do fundo. Ficou conhecido como pajé do fundo, virado pro bem e pro mal.
Finalement Joao me parle du pai de santo baiano venu à Calçoene il y a 5 ans. Bebia muito. Il a défait un sort qui menaçait de s’abattre sur sa fille (inveja). C’est vraisemblablement le même qui a fait un travail pour Olga.
Il s’est un peu lâché aussi, expliquant qu’à Calçoene il valait mieux marcher droit, à cause du nombre de gens susceptibles de « malinar ». Que par ailleurs il était fréquent, y compris parmi les habs de Cunani, d’aller jusqu’à St Georges consulter des Saramaka pour obtenir ce qu’ils désirent.
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