28 août
Conversation avec Bigo et Edna sur les anciens habitants du fleuve. Nous complétons progressivement la carte : certains igarapé porte le nom de bisaieul, de grands parents, voire de personnes vivantes, mais d’autres, comme « maria angêlica » ne rappellent rien à personne : trop ancien, et sans doute n’a pas laissé de descendant. Donc pour que mémoire soit effective, il faut qu’il y ait une certaine continuité (mais ce n’est pas systématique : exemple Joao Barbosa).
Ils montrent beaucoup d’affection pour leurs deux perroquets, expliquent leur attachement à une personne (Edna), un ara s’étant laissé mourir car Edna partie se faire soigner à Cayenne. Je raconte l’anecdote de Mamiraua du guariba (singe hurleur) qui avait supplié le chasseur de ne pas l’achever, en joignant ses mains au dessus de sa tête. Alors Bigo embraye :
Historia da guariba, dos tempos dos avos : um caçador matou uma guariba. Tirou o couro pra defumar. Foi tomar banho, volta, o macaco sumiu. Ele esquece, nao pensa mais nisso. Entra em casa: a janta esta pronta, ta tudo pronto, e la no quarto uma lourona estendida. No dia seguinte, é a mesma coisa: a comida esta pronta, a loura esta ai a espera. O tempo passa. Um dia a mulher diz pra ele: vai ter festa na casa de meu pai. Quero que você me faça esse serviço: o senhor vai la e nao fala, nem abre a boca. Ta bom.
Foram la pra casa do pai dela: é uma grande festa, ta cheia de gente. Ele come bebe, dança. Depois de um momento ele nao agüenta, e ele fala.
Quando da por si, ele esta em cima de um pau, nao pode descer. Vem um tucano que lhe diz: olha, vou te ajudar. Eu vou babar, e minha baba vai virar um cipo. Quando virar cipo, você desce e corre, corre sem olhar pra tras. Assim ele faz: a baba vira cipo, ele desce e corre. Ai ele olha: ta preto de macacos correndo atras dele.
Todo bicho tem mãe. Por isso eu nunca mato uma guariba.
(Traduction: Histoire du singe hurleur, du temps de mes grands parents. Un chasseur tua un singe hurleur. Il lui enleva la peau pour le boucaner. Il alla prendre un bain, revint, le singe avait disparu. Il oublie, il n'y pense plus. Il rentre chez lui: le dîner est prêt, tout est prêt, et dans la chambre une femme blonde allongée. Le lendemain, c'est la même chose: le repas est prêt, et la femme est là qui l'attend. Le temps passe. Un jour la femme lui dit: il va y avoir une fête dans la maison de mon père. Je veux que tu me rendes ce service: tu y vas mais tu ne dis rien, tu n'ouvres pas la bouche. D'accord.
Ils s'en vont à la maison du père: c'est une grande fête, il y a plein de gens. Il mange, il boit, il danse. Après un moment il n'y tient plus, et il parle.
Lorsqu'il revient à lui, il se trouve au sommet d'un arbre, il ne peut pas descendre. Vient un toucan qui lui dit: je vais t'aider. Je vais baver, et mon filet de bave va devenir une liane. Lorsque la liane est prête, tu descends et tu cours, tu cours sans regarder en arrière. Et c'est ce qui se passe: la salive devient liane, il descend et il court. Alors il regarde: c'est noir de singes qui lui courent après.
Tous les animaux ont une mère. C'est pour cela que je ne tue jamais un singe hurleur.)
A partir d'ici ambiance pourrie, plus eu envie de noter quoi que ce soit. Fin des notes Cunani.
Rédigé par : |