Un point de vue publié dans le Monde vient à point nommé pour alimenter la réflexion sur l'évaluation de la recherche.
Depuis quelques temps je peine à me concentrer sur l'écriture d'articles, et je commence à comprendre pourquoi.
Il y a dans mon labo une atmosphère d'émulation très positive. Toutefois, nous sommes souvent tentés de réunir vaille que vaille quelques considérations et quelques données pour les publier dès qu'une opportunité se présente. Or j'ai énormément de mal à écrire des choses qui ne font pas sens pour moi, pour la ligne de réflexion que j'essaye de suivre, et j'ai encore plus de mal à me répéter.
La plupart des revues en ligne aujourd'hui offrent une pléthore de contributions dont on sent bien qu'elles sont le fruit d'un réagencement. Les introductions et les résumés débordent de fausses problématiques, de fausses questions.
Dans ma discipline et apparentées, j'observe que la tendance à la levée de lièvres inexistants est fortement ancrée, et cela depuis que les "débats et controverses" sont à la mode. Le développement durable en Amazonie, par exemple, porté par mille projets plus ou moins bancals, est décrit par le menu dans des centaines d'articles chaque année, tous reposant sur les mêmes prolégomènes, le triptyque "malentendu/gouvernance/savoirs locaux"...
Et je ne parle que de la biblio en français. Il y en a autant sinon plus au Brésil et aux Etats-Unis.
La proposition des collègues est raisonnable: les réseaux scientifiques alimentés par les coopérations, l'investissement dans des projets, l'animation de la recherche devraient figurer en bonne part dans cette évaluation.
Tiens, cadeau rien que pour toi: http://www.math.pacificu.edu/~emmons/JofUR/
Cet article du Monde me décrit parfaitement: je suis prisonnière d'une course vers l'abîme. Et j'en suis proche (de l'abîme)!
Rédigé par : Dr. CaSo | mardi 25 jan 2011 à 08:08