Le clash avec les écologues qui s'est produit en début de semaine (j'ai craqué, mais ils m'ont eu à l'usure) explique assez bien pourquoi la plupart des programmes de conservation s'achève par des levées de bouclier d'habitants qui s'estiment dépossédés de leurs décisions.
Attitude oscillant de la morgue au mépris affiché, affirmations péremptoires ("les corridors biologiques ça ne sert à rien!"; "les sangliers vont là où il y a de quoi manger!"; "les haies suppriment des espèces!"), fins de non recevoir (cette démarche est inutile; ça ne sert à rien; ça demande trop de travail...), désir d'en revenir toujours à une position d'expertise ("on est là pour répondre à vos questions") et finalement s'estimant quitte avec le programme en proposant une anthologie de solutions toutes faites, rabaissant ainsi tout l'effort de socialisation et de participation que nous avons mené dans les différentes communes.
Parfois j'en viens à me demander s'ils ont lu le programme que nous avons co-rédigé.
Car rien n'indique qu'ils se soient intéressés à nos compte-rendus de terrains, à nos transcriptions d'entretiens... Le plus blessant (mais c'était intentionnel) fut leur refus de prendre un exemplaire des posters que nous avions élaborés pour les restitutions ("pas de place") comme si ce qui provenait du programme était salissant. Refus trois fois réitéré.
Je suis d'autant plus stupéfait qu'ayant fréquenté nombre de biologistes et botanistes brésiliens (l'écologie n'est pas une science reconnue au Brésil) je me suis habitué à les voir mouiller leur chemise, à partager des semaines de vie avec les locaux, à les associer à leurs recherches.
Il me faut à présent rédiger un rapport pour le ministère qui m'a financé. Une bonne partie du rapport sera consacrée aux raisons de cet échec.
L'écologie est un concept noble qui avait (peut-être) une certaine pertinence il y a 50 ans. Aujourd'hui, on dirait un combat d'arrière-garde (pour les plus sincères) et un train à prendre en marche pour les opportunistes politicards et autres. J'éprouve beaucoup de respect pour ton attitude rationnelle et honnête (normal, t'es un scientifique...). Mais aujourd'hui, il n'y a peut-être plus beaucoup de choix entre laisser filer à veau-l'eau et frapper physiquement le système là où ça peut faire vraiment mal. Les actions de terrain de GreenPeace sont un exemple très acceptable pour le grand public, pas mauvais en soi, mais est-ce vraiment efficace ?
Rédigé par : seuldesongenre | vendredi 26 août 2011 à 21:53
Merci cher ami. Une précision: je parle bien d'écologues, pas d'écologistes. Les écologues dont je parle n'étaient justement pas assez écologistes à mon goût...
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 26 août 2011 à 21:58
L'écologue serait à l'écologiste ce que le politologue est au politicien ou le carburologue au motoriste ? Une sorte d'excroissance théoricienne avec une nette tendance à l'arrogance et totalement dispensable... Encore une maladie grave.
Rédigé par : seuldesongenre | mardi 30 août 2011 à 11:12