Le Point titrait l'autre jour: "Les plus grandes erreurs du XXe siècle" et énonçait, après l'inévitable Conférence de Munich, "l'entrée de la Grèce dans l'euro".
Or le Point péchait à la fois par inexactitude et par optimisme. D'abord, l'entrée de la Grèce dans l'euro n'était pas une erreur.
Ensuite, il conviendrait de se demander où, quand, à quelle occasion, les bonnes décisions ont été prises. Quand on y songe, l'Histoire des hommes n'est faite que d'une succession d'erreurs plus ou moins grave, et lorsqu'on parle de "bonne décision", c'est à propos de celles qui viennent mettre un terme à l'accumulation de choix erronés.
Les rencontres Sarkozy Merkel? Le fruit d'erreurs et d'indécisions de la commission européenne et de la Présidence de l'Europe, c'est-à-dire des citoyens européens eux-mêmes.
Le sommet de Durban (dont d'ailleurs il n'y a rien à espérer)? Le fruit d'un développement incontrôlé et totalement inconscient des limites planétaires.
Bref, partout et en toutes occasions, ce sont les mauvais choix qui s'imposent, ceux qui vont dans le sens du court terme, ceux qui répondent aux pressions les plus immédiates. La Conférence de Munich? Résultat de 15 ans de tolérance à l'égard des dictatures. Seule la réponse de Churchill, disant qu'à aucun moment la Grande Bretagne ne transigerait avec l'Allemagne, fut à la hauteur de l'événement.
Et à présent, revisitons notre Histoire: le Néolithique, révolution ou grosse boulette? La station bipède: grand pas pour l'Humanité ou source d'innombrables maux de dos?
Une citation de Schopenhauer à méditer:
"On finira enfin par découvrir qu'il en est du monde comme des drames de Gozzi ; ce sont toujours les mêmes personnages qui paraissent, ils ont les mêmes passions et le même sort ; (...) les personnages de chaque pièce ne savent rien de ce qui s'est passé dans les précédentes (...); voilà pourquoi, malgré toute l'expérience qu'il aurait dû acquérir (...), Pantalon n'est ni plus habile ni plus généreux, Tartaglia n'a pas plus de conscience, ni Brighella plus de courage, ni Colombine plus de moralité."
Imaginons l'histoire de l'humanité comme un déplacement en voiture. Si le conducteur tourne à droite, puis à gauche, puis à droite encore et encore à droite puis à gauche, et ne trouve pas son lieu de destination, on dira qu'il est perdu. Mais dans la mesure où l'humanité n'a pas de lieu de rendez-vous, pas de destination précise, comment qualifier ces errements? Ils sont aléatoires, et nos décisions sont tout aussi arbitraires que la décision de tourner à gauche ou à droite alors que nous n'allons nulle part en particulier.
Ou bien réécouter le dernier tube de Christophe Miossec :
"Tout a déjà été dit
Mais ce n'est pas grave
Car personne n'écoute"
(Tube étant une appellation polémique pour cette "chanson que personne n'écoute", d'ailleurs.)
Rédigé par : La souris blonde | mercredi 07 déc 2011 à 18:01
De Churchill à propos de Munich à Chamberlain "vous aviez le choix entre la honte et la guerre. Vous avez choisi la honte, vous aurez également la guerre".(il était dans l'opposition pas encore "Prime")
Si tout n'était pas toujours "pareil" dans les passions humaines les mythes antiques nous parleraient-ils encore?Dans "la règle du jeu" de J RENOIR : "le problème c'est que chacun a ses raisons"
La vie des hommes c'est absurde et tragique, il n'y a guère que l'humour pour supporter ça (l'humour, toujours l'humour!)
Rédigé par : ...mande | jeudi 08 déc 2011 à 10:50
Citation de Churchill :
Ce n'est pas "honte" mais "déshonneur" je crois (ça reste une traduction de l'anglais...)
Rédigé par : ...mande | jeudi 08 déc 2011 à 11:12
Je ne suis pas sûr que l'humour change grand-chose à l'affaire, hélas...
Cela ne permet guère de supporter la disparition du thon rouge, ou l'étalage de cols de fourrure, ou le sempiternel processus de concentration des richesses qu'il faut, à un moment ou à un autre, stopper.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 08 déc 2011 à 11:54