Il existe deux entités qui font beaucoup parler d'elles: les "Marchés" d'un côté, la "Rue Arabe" de l'autre.
Toutes deux ont une sensibilité à fleur de peau: un mot, une annonce, une vidéo postée sur YouTube, et les voilà qui frémissent, frissonnent, sursautent, sont prises de spasmes et prennent d'assaut, qui les ambassades, qui les crédits-swap.
Face aux Marchés, nos gouvernements peuvent quelque chose. Face à la Rue Arabe, ma foi, on ne voit trop que faire. Il existe en effet une déchirure temporelle qui nous donne, d'un côté, des questions à résoudre concernant l'environnement, le stockage du carbone, le réchauffement climatique, et de l'autre des considérations concernant le traitement à accorder aux femmes adultères (les hommes adultères ne sont pas concernés), et les éléments de langage visant à apaiser (parfaitement en vain d'ailleurs) les manifestations de haine, les prises d'assaut d'ambassade, etc.
On peut imaginer qu'une bonne part de l'opinion publique des pays concernés est aussi consternée que nous autres face à ces déchaînements. Un peu comme si, à Paris ou à New York, des foules en colère s'en prenaient aux lépreux, accusés d'empoisonner les puits, ou menaient les pogroms que décrit Alexandre Herculano dans son Histoire de l'Inquisition au Portugal: femmes et enfants traînés par les cheveux, hommes éventrés sur le soupçon d'avoir ingurgité des pièces d'or, et tout ce beau monde brûlé au fond d'un entrepôt.
De manière très étrange, les meilleurs interlocuteurs des Marchés ET de la Rue Arabe sont les Républicains ultraconservateurs. Ceux-ci en effet respectent la liberté de la spéculation et la logique menant à sacrifier les hommes aux capitaux; et dans le même temps, leur registre de pensée est calé sur la dialectique qui enflamme et souffle sur les braises. Ils sont prêts à brûler des Corans chaque fois qu'un imbécile brûle un drapeau. Ils pensent que le monde fut créé en 6 jours et que le Christianisme est la vraie religion.
Il existerait donc des fractures temporelles bloquant des pans entiers de l'humanité, par une spirale chronologique, à l'ère des grands débats qui agitèrent l'Eglise depuis la prise de Constantinople jusqu'au Concile de Trente.
Parler de conservation des espèces, d'énergies alternatives, de contrôle démographique, est aussi aberrant, face à ces interlocuteurs, que de raisonner avec un homme qui dit avoir été enlevé par des extraterrestres. Maintenir des représentations diplomatiques, dans ces circonstances, paraît un peu absurde. Une représentation, pour parler de quoi? Pour parler de l'Islam? Pour parler du Christ? Très bon courage à nos représentants diplomatiques.
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