De retour de Neverland, crevé comme d'habitude, incapable de lire ou même de regarder une série idiote. Mon pire ami, bien connu des services de police, m'avait encore compliqué la tâche en me servant un excellent dîner accompagné d'un vieux Bourgogne - pourquoi mon Dieu? si j'avais cours le lendemain - m'obligeant à choisir entre le diktat de mes papilles et ma conscience professionnelle.
Toujours est-il qu'embrumé, j'ai sondé mes étudiants sur le profit qu'ils tiraient de mes cours de synthèse. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai deux groupes motivés, assidus, et qui participent activement: un rêve éveillé.
Etant devenu grincheux, j'ai tendance à écarter assez vite les étudiants turbulents, tonitruants ou touristes, et cela a certainement un impact sur la cohésion des groupes, qui ne se sentent plus inhibés à l'heure d'intervenir.
Par ailleurs, j'ai remarqué que si je me livrais à l'exercice en même temps que mes étudiants, je cherchais moins à orienter leurs réponses en fonction du résultat escompté. La réflexion demeure collective, on avance à tâtons mais on avance tous ensemble.
J'essaye de leur montrer, à partir d'un texte de deux pages environ, comment le réduire à quatre ou cinq phrases (10 lignes manuscrites) en respectant l'enchaînement des idées - réduire, donc, 600 à 700 mots ou 4000 caractères à l'équivalent des deux premiers paragraphes de cette note.
Les avantages que je vois à cette méthode est qu'elle devrait
- faciliter la lecture rapide,
- obliger à hiérarchiser les idées, en fonction des articulations contenues dans le texte,
- exercer leur faculté de mémorisation par la mnémotechnique (quels mots-clés du texte permettent de reconstituer un enchaînement d'idées?),
- faciliter la prise de note en cours et la révision,
- faciliter la recherche bibliographique en les habituant à repérer les passages introductifs, argumentatifs, conclusifs, etc
- si la synthèse est correctement faite, les cinq phrases obtenues correspondent à un plan permettant la discussion, le commentaire, ou la dissertation
- finalement, pouvoir exercer un métier en rapport avec la communication scientifique ou d'entreprise, au cas où ils ne pousseraient pas leurs études au-delà de la L3.
Ce qui change par rapport aux années précédentes, c'est que j'ai chaque groupe devant moi, deux fois par semaine, pour une durée hebdomadaire de 3 heures. C'est beaucoup, c'est répétitif, mais les progrès sont palpables. Pourquoi bouderais-je mon plaisir? Même si, depuis le début l'année il est vrai, je ne jure plus que par les synthèses, qui doivent correspondre, au fond, à ma tendance au laconisme.
Ca s'appelle un résumé. C'est une méthode qui correspond exactement à la compréhension d'un texte.
Du point de vue du prof, ça permet de vérifier que les étudiants ont compris, et de comprendre soi même quelques trucs qu'on avait loupé, en vérifiant qu'il y a plusieurs façon de comprendre (bien ou mal).
Rédigé par : Jacques Bolo | jeudi 03 jan 2013 à 14:10
"Ca s'appelle un résumé".
Ah oui? Tiens tiens.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 03 jan 2013 à 14:36