Exercice de dénigrement en règle de cette pauvre France: "C'est nous qui vendons des Rafale à la dictature de Sissi", "C'est nous qui pillons l'Afrique et renvoyons ses migrants", "C'est nous qui nous plions aux diktats de l'Arabie Saoudite parce qu'elle nous vend du pétrole". "C'est nous qui polluons la Chine en exportant nos entreprises"...
Je sature et me pose la question: qui est "nous"? A quel moment ai-je voté pour quelqu'un dont le programme mentionnait qu'on se coucherait devant l'Arabie Saoudite? Que l'on vendrait des armes à des pays explosifs? Jamais, je n'ai jamais voté pour cela. Tout ces "nous" sont nos dirigeants. Ce qu'ils font de répréhensible, au nom de qui le font-ils? Pas en mon nom, ni en le vôtre.
Voici la démocratie subvertie. Celle qui se dit représentative mais dont l'essentiel de l'action se joue dans un cercle restreint, pour des intérêts privés. Qui d'entre nous n'a pas éprouvé la honte d'être Français quand on tolère qu'un potentat sanguinaire soit reçu en grande pompe et monte sa tente dans les jardins de l’Élysée? Et devant ces circuits de corruption qui maintiennent aux pouvoir, en Afrique, des amis de la France qui vampirisent leur pays? Les exemples sont innombrables. Mais ce n'est pas à nous d'avoir honte. C'est à ceux qui claironnent qu'en aidant des multinationales on relance la croissance et l'emploi.
Ceux qui demandent aux Français des efforts au travail ou à la recherche d'un emploi, qui légifèrent sur le stationnement dans un hall d'immeuble, mais qui face à des salaires stratosphériques se disent impuissants. Ceux qui dépècent les biens de l’État, les nôtres, pour les revendre: un hippodrome par-ci, une autoroute par là, et qui aujourd'hui investissent notre argent dans des projets qui engraisseront des groupes privés - un aéroport par-ci, un EPR par là. A nous d'investir, en tant que contribuables, dans cet argent dilapidé, qui ne nous reviendra pas, dans cet environnement dégradé, privatisé.
Privatiser les profits, socialiser les pertes, sociales, environnementales: l'essence du néo-libéralisme est là. Les gouvernements, aujourd'hui, se soucient de gérer cette subtile transfusion, de faire passer cette spoliation collective comme étant nécessaire à la compétitivité. Notre ministre de l'agriculture défendant jusqu'au bout les néo-nicotinoïdes au motif que les agriculteurs français seraient pénalisés à l'exportation - suivant un argumentaire dicté par un grand patron de l'agrobusiness, représentant d'une fédération d'agriculteurs qui a distillé du pesticide dans toutes les rivières, les champs et les forêts, et dans ce que nous mangeons.
C'est un sablier que l'on retourne sans cesse: d'un côté, notre pouvoir collectif s'écoule, étranglé, pour que d'autres accumulent des capitaux qui ne nous reviendront jamais - partis au Panama ou ailleurs, ou dans la ludothèque d'une petite commune au maire corrompu. Quand on retourne le sablier, voici les externalités qui nous retombent en pluie sur la tête: misère, précarité, pollution.
Un mouvement comme Nuit Debout s'effilochera peut-être, mais il n'est qu'un symptôme de ce que "nous" avons cessé de tolérer. Nos représentants élus, lorsqu'ils deviennent des représentants de commerce pour Dassault, Airbus ou Areva, cessent de fait de nous représenter, ou de représenter la France.
Donc, je le répète, ce n'est pas "la France" qui vend, magouille ou pille. Ce n'est ni vous ni moi. Ce sont ceux qui ont trahi la République, la dévoient, et pensent qu'au fond nous partageons ces idéaux de crétins avides de gagner plus de fric.
Dans une de ses meilleures chansons ("Foules sentimentales"), Alain Souchon dit: "On nous fait croire/Que le bonheur c'est d'avoir/ d'avoir des quantités de choses/ qui donnent envie d'autres choses".
C'est ce que je fredonnais ce matin en courant les pharmacies pour acheter des couches premier âge.
Je pensais également aux débats stériles qui ont suivi les régionales, et le foisonnement d'articles ou de points de vue déplorant la stérilité des politiques et appelant à un renouvellement des classes dirigeantes.
Quant à la stérilité des débats, ils font écho à la pauvreté d'une campagne où le seul programme est de brandir l'épouvantail du Front National. Cela fait déjà quelques années que cela dure, ces "renforcer la sécurité", "comprendre le ras-le-bol des Français", comme si nos édiles n'en étaient pas eux-mêmes. Ils sont pourtant loin d'être des Léviathan.
Révélatrice à cet égard est la réaction de la Ministre de l'Education Nationale à la fausse agression d'un instituteur: proposer une loi pour "renforcer la sécurité", cette fois dans les écoles. Un événement, une loi. L'événement s'avérant un canular, adieu la loi.
Dans Political Order and Political Decay, Francis Fukuyama évoque ce cas de figure en opposant deux modes de gouvernance: le règne de la loi et le règne par la loi (Rule of Law vs Rule by Law). Dans le premier cas, des institutions solides, respectées, un système juridique bien pensé et encadré, permettent d'anticiper tous les cas de figures, ou phénomènes, susceptibles d'affecter un pays. Dans le deuxième cas, l'action politique est à configuration variable, s'ajustant en permanence aux événements, au risque de réajustements constants, voire de voltes-faces.
C'est bien entendu le second qui nous échoit, le règne par la loi, où la législation est produite par l'exécutif au lieu qu'il soit tenu d'appliquer celle qui émane du législatif.
Quant au foisonnement d'articles réclamant une nouvelle politique, par le renouvellement de la classe qui l'incarne, ils commencent et s'achèvent sur cette revendication. Mais quelle autre politique?
Il nous faut d'abord interroger la légitimité d'un pouvoir national. Les Nations se sont construites sur les ruines des Empires et l'homogénéisation des provinces, cela à partir du XVIIIe siècle. Elles sont l'incarnation d'une nouvelle assise de l'Etat: le peuple souverain et l'adhésion volontaire par l'impôt et émotionnelle par le patriotisme.
Comme tout phénomène historique, les Nations sont transitoires, elles peuvent s'effondrer, se fondre dans des ensembles plus vastes, se fragmenter. L'homogénéité culturelle n'est nullement une garantie de leur pérennité - une homogénéité mise à mal par les mutations de la société française - il suffit d'entendre à longueur de journée les allusions à "la communauté musulmane", "la communauté juive", la "communauté chrétienne", dans un pays laïc, pour mesurer l'inanité et la vacuité des discours stigmatisant les communautarismes, et la reconnaissance implicite que nous sommes un pays multiculturel.
Mais ce qui porte atteinte à la légitimité d'un projet national, c'est bien plutôt l'hétérogénéité sociale - en d'autres termes, les inégalités créées entre ceux qui possèdent tout et ceux qui ne possèdent ni ne décident rien. Or c'est cela, cette inégalité, que le néo-libéralisme va en produisant: jouer, comme on joue au poker, sur la productivité des entreprises (devenant elles-mêmes un bien ou un objet d'échange plutôt que les biens qu'elles produisent), puis sur la compétitivité des Etats eux-mêmes. Ce ne serait rien s'il n'y avait la complicité de gouvernants qui prétendent ne rien pouvoir y faire mais refusent, par exemple, une taxe sur les transactions financières. Les employés, puis les citoyens eux-mêmes, deviennent ainsi des variables dans des configurations macro-économiques qui les dépassent, qu'ils n'ont pas entérinées. Comment peut-on d'un côté défendre une démocratie représentative et de l'autre ôter au peuple le pouvoir de décider de son sort? Comment peut-on représenter un peuple entier et emporter dans ses bagages, à chaque voyage officiel, les mêmes dirigeants de grandes entreprises?
La mission de l'Etat Français, tel que défini par le Conseil de la Résistance - ce qui forge, donc, la loyauté du peuple à l'égard de la Nation - c'est la justice, l'éducation, la santé, et la sécurité. On ne peut garantir celle-ci tout en malmenant les trois autres. On ne peut, non plus, demander aux citoyens de supporter des inégalités qu'ils ont déjà mises à bas deux siècles auparavant, et cela sans frémir, sans réagir, en se taisant.
Que devrait faire l'Etat pour racheter son ineptie?
Basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité environnementale ou la taxation du capital, taxer les transactions et les produits issus de délocalisations, réorienter l'investissement des caisses de retraite des fonds spéculatifs vers le logement (c'était une des propositions de Pierre Larrouturou), indexer les salaires sur les compétences et non sur le revenu minimum, et lutter contre le besoin constant d'accumuler des biens, c'est-à-dire prohiber le martèlement publicitaire qui ne vend que du vent, de l'obsolescence, et configure les esprits en leur faisant croire que "le bonheur c'est d'avoir". L'Etat ne le fait et ne le fera pas. Il ne fait que se reproduire, se multiplier, sous formes d'échelons territoriaux fournissant leur lot de nouveaux représentants des Partis, non de la Nation. A quoi sert le Sénat? A quoi servent les Départements? Personne ne répond.
Ce qui me fait dire que les Nations se délitent, parviennent au bout de leur souffle historique, c'est précisément la lassitude qu'engendre un projet universel tombé entre les mains d'une oligarchie. Ce n'est pas le vote Front National qui doit susciter l'attention, ni le taux d'abstention. L'attention doit se porter sur les raisons de l'abstention. Non, nous ne sommes pas allés à la pêche, nous qui n'avons pas voté. Penser que la répulsion éprouvée pour les politiques est un aboutissement, voilà une grande erreur. Elle est le début de quelque chose.
Non pas le grand soir, pas la Syrie, mais la recherche de la démocratie.
Considérons un village de Bourgogne. Le revenu moyen y est de 17.000 euros annuels. Ce village est parmi ceux qui compte le plus grand nombre d'exploitations biologiques (40%, contre 4% de moyenne nationale). Trop loin des centres urbains, ce village n'a pas connu la rurbanisation. Le seul lotissement créé peine à se remplir. Or les habitants, conformément à leurs pratiques, sont de ces citoyens que je veux décrire: ils ne votent qu'aux élections locales, se sont détournés de tous les enjeux nationaux, et produisent de la sociabilité par le biais de l'entraide et de multiples associations. Malgré la faiblesse des revenus, personne ne manque de rien, toute la nourriture ou presque est produite sur place et fait l'objet de dons et de contre-dons. Ceux qui ne produisent rien donnent un coup de main.
Ce qui permet à ce système de fonctionner, c'est que les habitants, s'émulant mutuellement, se sont défaits de l'hallucination qui consiste à penser que l'on vit pour consommer des objets inutiles ou tapageurs. La réussite sociale, pour eux, n'est pas de pouvoir acheter une Ferrari, mais d'être aimé, d'être estimé. Je ne parle pas d'Indiens Yanomami, je parle d'un village de Bourgogne.
Tout ne tourne pas autour de l'argent. La dette, la rentabilité, la compétitivité, sont des concepts cannibales. Comme le dit la Bible, "là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur".
Lorsque M. la méchante et moi avons revendu notre appartement, en 2008, j'ai essayé de négocier une ristourne sur les pénalités avec la Caisse d'Epargne. Je faisais valoir qu'au moment de l'obtention du crédit, l'agence s'était engagée sur un taux très concurrentiel, puis avait conservé les originaux du dossier de manière à ce que nous ne puissions consulter la concurrence. Une fois que nous étions pris à la gorge par la promesse de vente, notre interlocuteur nous avait annoncé que la banque appliquerait, finalement, l'un des taux les plus élevés du marché.
Je me suis donc engagé dans un long marathon épistolaire avec le responsable du groupe crédit, espérant que la Caisse d'Epargne aurait l'élégance de racheter son inélégance. Mais non, pas question. La seule possibilité, m'expliquait ce responsable, serait que j'investisse dans les produits dérivés du groupe Natixis, lequel devait se casser la gueule deux mois plus tard.
Devant cette préférence manifestée pour l'investissement spéculatif, plutôt que pour l'intérêt de ses clients particuliers, la Caisse d'Epargne ne faisait qu'afficher le glissement moral auquel nous sommes peu ou prou résignés: celle de voir les banques mélangeant dépôt et investissement, au net profit de ces derniers.
Aujourd'hui, il va presque de soi qu'il faut ménager les marchés, que leurs hoquets ou leurs toux sont le signe que l'économie est malade, et les gouvernements tendent alors promptement les mouchoirs ou les comprimés. Des peuples tétanisés assistent à leur soubressauts, et parfois ces soubressauts les écrasent, par milliers.
Quelle fausse pudeur nous empêche de voir qu'une taxe sur les transactions financières, transactions qui s'opèrent aux dépens des citoyens, de leur monnaie, de leur industrie, de leur agriculture même, est une mesure qui s'impose? Détourner les flux contrôlés par des robots pour alimenter les caisses des Etats; s'enrichir par cela même qui est destiné à nous appauvrir: cela va de soi.
Tous les atermoiements et les craintes simulées d'une colère des marchés font penser qu'ils sont devenus des fétiches vénérés, redoutés, et dont la terreur est entretenue par des castes de prêtres et d'officiants qui se gorgent de sacrifices.
Ces fétiches que les Jésuites brûlaient pour montrer aux indigènes que leurs dieux ne valaient rien, et ne pouvaient rien.
Choqué comme tout le monde par les malheurs qui frappent l’Afrique. Cette année au programme : la Somalie.
Les gangs locaux exigent des commissions pour permettre à l’aide humanitaire de parvenir aux camps de réfugiés. 10.000 dollars en part fixe, plus une part variable pour accéder aux affamés.
Une telle information ne surprend que ceux qui pensent qu’une cause simple – la sécheresse – a des conséquences simples : les gens ont faim, vite qu’on apporte du riz !
Même enfant décharné, anonyme, trempant son doigt dans la bouillie. Même marmite posée devant une bâche de fortune, une femme son bébé dans le dos qui touille, qui touille. Bientôt la cuiller couverte de mouches.
Le même problème, décennie après décennie, n’appelle pas toujours la même solution, à moins d’estimer qu’il suffit de donner à manger à ceux qui ont faim, en prenant là où la production est abondante – par exemple en Argentine. Mais les humains ne sont pas qu’un gosier et vivre ne saurait se limiter à attendre, jour après jour, l’arrivée du camion de farine et de riz.
La pauvreté en Afrique, et les famines qui y sévissent, sont structurelles, sciemment ou inconsciemment entretenues, puisqu’elles sont par bien des aspects fort lucratives.
Revenons dans les années 70. C’est au cours de cette décennie que les famines ont commencé à frapper. La première, celle du Biafra, fut d’ailleurs provoquée par un blocus visant à étouffer des velléités sécessionnistes. Et durant la même décennie, une forme de néo-colonialisme bien-pensant, fondé sur un militantisme outrancier, fit basculer la démographie africaine dans la démesure. On appliqua des campagnes de vaccination sans aucun souci de ce qu’une terre pouvait produire. On multiplia les enfants au sein de foyers qui ne pouvaient les nourrir. La courbe démographique du Niger est éclairante à cet égard, ce pays où la pauvreté est endémique.
La surpopulation paysanne entraîna d’une part la dégradation des terres arables, d’autre part la migration accélérée vers les villes – cela sans présumer des spoliations diverses dont ces populations furent victimes. De là, c’est vers l’Europe qu’il fallut exporter le surplus de naissances. Et cela se poursuit aujourd’hui : du Mali, du Sénégal, de Mauritanie ou d’ailleurs, l’Afrique produit des bouches qu’elle ne pourra nourrir. On a infligé à ce continent un remède qui, dans les pays occidentaux, fut le fruit d’une lente évolution économique et sociale : industrialisation, scolarisation, politiques de santé entraînant un déclin de la mortalité infantile. En commençant par la fin – faire décliner la mortalité infantile – on a obéré toute chance d’évolution progressive et sans heurt.
Mais cette situation n’aurait pu perdurer s’il n’y avait tant de gens pour y trouver leur compte. Les élites africaines sont en première ligne. Combien de Bentley et Rolls Royce dans le garage du fils Bongo ? Pourquoi le pétrole pollue le Nigeria et affame les populations du littoral alors que sa rente aurait pu être redistribuée ? Parce que le pouvoir, national ou local, est un enjeu économique avant d’être politique. Pourquoi enrayer la pauvreté si la pauvreté permet d’engranger une confortable aide internationale ? Cette aide va dans la poche de ceux qui gouvernent : commissions, pots-de-vin, détournements divers. Ce sont des systèmes mafieux que la solidarité internationale entretient.
Le fonds de commerce d’innombrables ONG, où l’Occident déverse ses âmes compatissantes, désireuses de caresser de petits orphelins. Le prestige du cliché qui vous montre, seringue à la main, vaccinant un petit paysan qui vaut génériquement pour « un petit Africain ». Qui se soucie d’où il vient ? C’est du pareil au même. Somalien, Guinéen, même combat perdu d’avance, mêmes sommes brassées grâce à la générosité aveugle des uns, pensant solder je ne sais quelle dette, et la cupidité sans borne des autres, qui bénéficient de la situation grâce aux injections régulières de fonds de solidarité, et des sommes envoyées à leurs familles par les exilés, les malheureux migrants qui se saignent sur nos chantiers.
Imaginons que vous ayez affaire à un artisan indélicat.
Dans un régime libéral, il est mal vu de s'en plaindre: l'artisan peut fermer ses portes, licencier ses employés.
Mieux vaut, donc, mettre en place un numéro d'appel "SOS artisans indélicats" - appel surtaxé évidemment, et dont la conclusion invariable sera: pourquoi n'avez-vous pas pris une assurance?
On verra alors fleurir, si ce n'est déjà fait, sur le comptoir de chaque agence, un prospectus vantant la nouvelle assurance destinée à vous protéger de l'indélicatesse des artisans.
Ainsi en ira-t-il, pour les travaux mal faits, les enfants mal éduqués, les déni de justice. Un sous système économique fleurira à l'ombre de l'incompétence et de l'indélicatesse, dont rien ne dit, évidemment, que les services qu'il rendra seront marqués par la compétence et l'honnêteté.
Je me demande tout de même, parfois, comment certains peuvent rentrer le soir et se satisfaire à l'idée du travail mal fait, ou de la totale inutilité des services qu'ils proposent.
C'est sans doute que les tensions sur le marché du travail, et la quête effrénée d'un gagne-pain, rendent caduques les vieilles lubies d'utilité sociale et de conscience professionnelle.
Un article du Monde reprend quelques éléments d'un rapport effroyable sur la destruction des thons rouges, où l'on prend la mesure de l'attitude franchement complice de nos gouvernants.
Voici la page donnant accès au rapport intégral "Looting the Seas" de l'Association Public Integrity:
La lecture de cette enquête et des éléments qu'elle parvient à réunir concernant la pêche française - dévoilant non des secrets d'Etat mais des secrets de Polichinelle d'Etat - m'amène à m'inquiéter, non seulement pour la survie des thons rouges, mais aussi pour la confiance que j'accorde spontanément à nos journalistes d'investigation.
Pourquoi le Monde doit-il faire un détour par Public Integrity pour publier cette nouvelle? Pas de journaliste disponible ces dix dernières années? Tertiarisation des enquêtes? Système rôdé de retweeting?
"Il n'est pas de République sans une justice respectée. J'ai une haute idée de la justice de mon pays. J'ai une grande considération pour les magistrats. Alors je dis "assez" aux attaques aussi absurdes qu'injustifiées qu'on a vu fleurir ces derniers mois et ces dernières semaines. L'institution judiciaire et ceux qui la servent avec compétence, courage et dévouement, méritent qu'on les respecte."
Ainsi commence la tribune publiée par la Garde des Sceaux dans le Monde d'hier. Ironiquement intitulée "Pour l'honneur de la Justice", cette diatribe anti-tout-le-monde reprend la rhétorique employée par Eric Woerth ("ça commence à bien faire!" "là ça suffit vraiment!") tournée en dérision par le Canard du 21 juillet. A lire les réactions des lecteurs, on comprend à quel point le pouvoir est mal en point, et dans l'incapacité de gouverner en vue de l'intérêt général. On se gausse chaque fois qu'intervient un ministre, notre Président fait piètre figure à l'étranger, et l'entretien accordé à Thierry Henry au retour d'Afrique du Sud, aux dépens d'une réunion marquée de longue date avec des ONG humanitaires, en dit long sur sa profondeur de vue. Cela venant après tant d'épisodes qui nous ont rendus, collectivement, honteux ou mal à l'aise - le dîner au Fouquet's, Johnny place de la Concorde, les retrouvailles avec Cecilia, un étudiant de 2e année de Droit à la tête d'un groupement d'intérêt valant des milliards, le texto envoyé devant le Pape, - le lecteur complètera de lui-même - fait que le citoyen, quel que soit son sens civique, n'aspire plus qu'à griller des feux rouges, gruger le fisc, voire graver son nom sur les vitres du métro.
Dans le même temps, Isabelle Autissier, nouvelle présidente du WWF France, publie une tribune autrement accablante sur le jeu d'amour et de pouvoir avec le principal syndicat agricole, la FNSEA, vouant à l'inaction toute entreprise collective pour rétablir la qualité des eaux. Et cela nous coûte cher, très cher. Si nous observons les différents ministères, secrétariats d'Etat, si nous les passons à la loupe, allons-nous découvrir d'autres jumelages monstrueux, l'Aménagement avec les sociétés autoroutières, la Justice aux côtés de la jet-set, la Santé associée aux entreprises pharmaceutiques?
C'est de la Santé, justement, que je voudrais parler aujourd'hui, de ce service d'urgences de la Pitié-Salpêtrière où soixante personnes désargentées, de toute origine - hindoue, chinoise, africaine -, se pressaient pour obtenir des soins dentaires inabordables ailleurs. Et je songe à la méthode mise en place depuis près de 20 ans, et qui a fait ses preuves, qui consiste à laisser se déliter un service public jusqu'à ce qu'il soit décrété irréformable, trop coûteux, inefficace. La Poste, l'Université, et à présent - mais le processus est largement entamé - la Santé?
On connaît le paradoxe du service public à la française, équivalent du French Paradox dans la diététique. Les fonctionnaires sont mal payés, en particulier les praticiens hospitaliers et les universitaires, et trouveraient certainement de meilleurs salaires dans le privé. Mais à partir d'un certain niveau d'étude, le choix de travailler au service de l'Etat, et donc de la population, relève du sens civique.
Du côté de la population, un choix s'est porté clairement, dans la France de l'après-guerre, vers des systèmes de santé et d'éducation gratuits et démocratiques. Remettre en cause ces choix nécessiterait au moins un référendum. Mais de référendum, point, et quant aux programmes de nos élus, à aucun moment ils n'évoquent le progressif, et volontaire, affaiblissement de ces systèmes de soins et d'éducation.
Personne, ni notre actuel président, n'a proclamé qu'on cèderait des pans entiers de ces services essentiels au privé, que les autorisations de mise sur le marché de médicaments se ferait sur indication des entreprises pharmaceutiques elles-mêmes, ainsi de ces anticoagulants au pouvoir équivalent à l'aspirine mais vendus - et remboursés - à un prix trente fois plus élevé.
Ce que nos dirigeants proclament, c'est qu'il y a "un Trou de la Sécu". La vulgarité de l'expression, l'émergence d'un problème purement rhétorique, me scandalise, et ce n'est pourtant pas souvent. La sécurité sociale n'a jamais été conçue pour être bénéficiaire en tant que telle, pas plus que la police ou l'éducation, ou l'indemnisation du chômage. Parle-t-on du "Trou de la Justice"? Et quels sont ses revenus, pourtant? Les PV?
Le bénéfice que la société en retire ne relève pas d'une logique comptable qu'on veut à tout prix faire passer pour Etalon Suprême. Une population en bonne santé, ayant un bon niveau d'éducation, bénéficiant de conditions propices de sécurité et d'assurance que leurs biens ne seront pas arbitrairement menacés, un environnement préservé, c'est ce que l'on attend d'un Etat, et c'est au gouvernement, désigné en fonction d'une majorité parlementaire, d'assumer cette mission. De cette mission découle, en contrepartie, le civisme que l'on attend de chacun de nous.
Les fraudeurs et les évadés fiscaux, qui soustraient leur fortune à l'imposition, sont davantage criminels que ces jeunes qui incendient des voitures, contre lesquels sont invoquées les foudres de la Justice, le passage au kärsher et la guerre à la délinquance. Que Johnny aille vivre en Suisse et vienne se faire opérer en France est une insulte à la Nation. Et tout l'argumentaire visant à défendre ces attitudes révoltantes - "on ne peut payer plus de 50% de ce que l'on gagne" - repose sur un mensonge: les salaires faramineux de chefs d'entreprise ou de footballeurs furent bien entendu négociés en tenant compte du taux d'imposition, la galette restant confortable.
Le "coût total employeur" de mon salaire est de 6066 euros. A l'arrivée - et avant impôts - j'en touche 2600. Vais-je prétendre aujourd'hui à toucher effectivement ces 6000 euros, laissant à d'autres franges de la population le soin d'indemniser les chômeurs, payer les retraites, financer la Santé et l'Education? Dois-je céder à ces sirènes qui affirment la primauté de l'individu aux dépens de la loyauté du citoyen, de ces devoirs qui lui incombent à l'égard de la société qui le protège, le soigne, l'éduque et finalement l'abrite ? Dans quelles aberrations et quelles formes étranges de cécité collective sommes-nous tombés pour avaler ces arguments fumeux?
Un citoyen peut tolérer des écarts de gouvernement. Mais il ne peut tolérer le mensonge institutionnalisé. Le mensonge n'est pas, précisément, une Institution républicaine; ou pour parodier notre Garde des Sceaux, "il n'est pas de République sans respect de la justice".
Alors qu'il défend depuis longtemps la thèse selon laquelle "les pays riches doivent payer pour l'Amazonie", le Président Lula vient de signer un décret que les restaurateurs français salueraient certainement.
Les propriétaires terriens connaissaient depuis plus d'un an le délai imparti, qui s'achevait en décembre, et qui leur imposait de mettre leur propriété en accord avec la loi. Ils devaient pour cela présenter un plan de reconstitution de la réserve légale, c'est-à-dire la couverture forestière imposée dans chaque exploitation (80% en Amazonie, 20% dans le reste du pays).
Or, pour ne pas froisser sa base électorale (les ruralistes en particulier), le Président a repoussé de 18 mois le délai de mise en conformité (qui avait déjà été repoussé d'un an), et écarté toute amende pour qui ne respecterait pas ce délai supplémentaire. L'idée est de préserver les chances de sa secrétaire générale, Dilma Rousseff, à l'élection présidentielle de 2010.
C'est donc plus de 10 milliards de réaux (près de cinq milliards d'euros) qui ne rentreront pas dans les caisses du pays. Lula a donc tranché: il prend le parti du Ministre de l'Agriculture, Reynaldo Stephanes, contre celui de l'environnement, Carlos Minc, opte pour l'agrobusiness et entérine l'impunité des crimes environnementaux.
C'est surtout en cohérence avec une position tiers-mondiste qui veut que le Brésil finance ses méga-projets d'infrastructure sur fonds propre, mais fasse payer la prévention ou récupération des dégâts environnementaux par l'Europe, le Japon ou les Etats-Unis. C'est ainsi que la Norvège vient d'abonder un "Fonds Amazonie" (Fundo Amazônia) pour un montant d'un milliard de dollars, qui seront gérés par le gouvernement brésilien.
Pour ceux qui lisent le portugais:
Além de
adiar até 2012 a punição de proprietários que desrespeitaram o limite de corte
de vegetação nativa em suas terras, o presidente Lula decidiu suspender a
cobrança de multas aplicadas aos desmatadores que passarem a cumprir a lei. O
valor da anistia é estimado em R$ 10 bilhões. A anistia faz parte do programa
Mais Ambiente, criado por decreto presidencial a ser publicado hoje do
"Diário Oficial". O programa é a resposta de Lula à pressão de
ruralistas. Até junho de 2011, não haverá nenhuma punição. A partir daí, o
decreto ainda prevê prazo de até um ano e quatro meses para a notificação dos
infratores e a adesão ao programa de regularização. Só depois haverá cobrança
de multas diárias de até R$ 500 por hectare de terra desmatada ilegalmente. "O
acordo não era esse", disse o ministro Carlos Minc (Meio Ambiente) - FSP,
11/12, Ciência, p.A21; OESP, 11/12, Vida, p.A22.
O Estado de Sao Paulo
Sexta-Feira,
11 de Dezembro de 2009
Decreto de
Lula adia em 18 meses prazo para fazendeiro registrar reserva legal
João Domingos e Célia Froufe, BRASÍLIA
Em
meio à Conferência do Clima de Copenhague e a menos de um ano
das eleições, o presidente Luiz Inácio Lula da Silva assinou decreto que adia
de hoje para 11 de junho de 2011 a exigência para que os fazendeiros façam o
registro da reserva legal de sua propriedade - 80% na Amazônia e 20% para o
restante do País. O decreto, que adiou em 18 meses o prazo da averbação, será
publicado hoje no Diário Oficial da União (DOU).
Com o adiamento, revelado no fim de outubro em reportagem do Estado,
Lula atendeu principalmente à sua base no Congresso, formada por ruralistas e
ambientalistas. O presidente concedeu aos fazendeiros que desejarem recompor a
reserva legal ajuda financeira e técnica. Donos de fazendas de até 150 hectares
receberão ainda mudas e sementes, além de financiamentos especiais.
Para obter os incentivos, os proprietários terão de aderir ao programa Mais
Ambiente e assinar um termo de adesão e compromisso, garantindo a recomposição
das reservas. O Código Florestal estabelece prazo até 2031 para que elas sejam
recompostas. Segundo o ministro da Agricultura, Reinhold Stephanes, hoje cerca
de 3 milhões de propriedades não têm condição de cumprir as exigências de
recomposição. A Confederação Nacional da Agricultura (CNA) diz que 90% delas
não registraram a área de reservas.
O decreto de Lula também cria outra condição especial para que o proprietário
cumpra a legislação. Não haverá multa mesmo que ele não obedeça ao prazo que
acaba em 11 de junho de 2011. A partir do momento em que um fiscal do meio
ambiente perceber o descumprimento, o proprietário terá mais seis meses de
prazo para indicar a área da reserva, correr atrás da papelada e fazer o
registro no cartório.
ATUALIZAÇÃO
O presidente anunciou que depois de voltar de Copenhague, para onde vai na
semana que vem, vai fazer um projeto de lei com propostas de mudanças no Código
Florestal, para atualizá-lo. O projeto deverá propor a legalização do plantio
nas áreas de encostas e morros para lavouras de café, maçã, mate, uva e
pêssego.
Foudroyé depuis hier par une crise de misanthropie.
Une bonne synthèse des raisons qui me font misanthroper se trouve dans cette attaque de phishing (la vingtième en deux jours) :
Cher (e) client (e) :
Nous vous prions de bien vouloir vous connecter a votre compte Orange adsl Et mettre a jour vos informations confidentielles ! Vous avez un delai de 12h pour retablir l'acces a votre compte dans le cas contraire Ce dernier sera definitivement supprime ! Vous pouvez egalement confirmer votre adresse email en vous connectant a votre compte Orange adsl a l'adresse suivante :
Cliquez ici pour se connecter a l espace client
Nb : Toutes les informations fournies doivent etre rigoureusement correctes, toute erreur ou omission, pourraient entraver la procedure de blocage.
Bien a vous.
La bêtise alliée à la malhonnêteté et au massacre de la syntaxe: notre époque a les escrocs qu'elle mérite.
La bêtise: envoyer ces messages un samedi en disant "vous avé 12h pour vous conecté!!". La syntaxe: "entraver le blocage". Parfois on peut lire: "C est tré serieux ceci étant pour vôtre securite faite-le s'il-vous-plai".
La malhonnêteté: il s'agit tout de même d'une attaque de phishing.
Bien sûr, mon malaise est plus profond. Depuis plusieurs années je m'implique dans des projets de recherches voués à trouver des solutions à la crise environnementale. Mais si je m'arrête un instant pour réfléchir je vois bien que tout cela est vain. Lula hier déclarait que le moindre bureaucrate de 4e catégorie avait plus de pouvoir que lui, président de la République, car du fond d'un Etat obscur le moindre fonctionnaire pouvait paralyser des travaux gigantesques. Il faisait allusion aux treize ouvrages du PAC (programme d'accélération de la croissance) bloqués pour défaut de transparence, pour analyse d'impact bâclée, etc. Et les journaux de citer le président sans se donner la peine d'expliquer à quoi servait le Tribunal des Comptes de l'Union, ni pourquoi le Brésil s'était doté d'instruments de contrôle après des années de gabegie et de détournements.
Le barrage de Belo Monte, par exemple, qui sera construit sur le fleuve Xingu: sept ouvrages construits sur une centaine de km, 100000 personnes déplacées, des lmilliers d'hectares de forêt affectée, le changement de régime du fleuve, l'ineptie des solutions proposées pour la sauvegarde des mammifères aquatiques (un demi paragraphe leur est consacré)... Et cela ne vous rappelle rien? Cela me rappelle, à moi, le choeur de ceux qui dénoncent "le gouvernement de la nature" au motif que pour sauver "trois arbres" on affecte la vie de centaines de personnes, en "confisquant" des territoires. Mais étrangement, dans le cas d'un barrage, on ne parle pas de confiscation, et les mêmes qui dénoncent "les excès de la conservation" ne s'étonnent pas de la quantité de gens déplacés. de la surface affectée. C'est bien la preuve que ce qui les gêne n'est pas la soustraction de pans de territoires et le déplacement forcé de populations, mais le fait que cela s'effectue pour la protection de la nature. S'agissant de produire de l'électricité 8 mois sur douze, ils ne voient rien à redire.
PS: je n'ai pu résister à la tentation et j'ai fini par répondre à ces phishers du dimanche.
"Bonjour,
Est-ce que vous n'avez rien de mieux à faire le samedi que de tenter d'escroquer les gens? Est-ce que la malhonnêteté, elle aussi, n'a pas besoin de prendre un peu de repos?"
Le lecteur attentif sait que j'étais perturbé depuis quelques semaines par la présence d'énormes quartiers de thon rouge au Marché Richard Lenoir.
Aujourd'hui, alors que j'évoquais cette question avec mon interlocutrice tout en me faufilant entre les files d'attente, un badaud m'interrompt pour me signaler "Si vous voulez du thon rouge, il y en a chez Lorenzo"
- C'est bien là ce qui me chagrine, lui dis-je.
- Ah, mais Lorenzo fait très attention. Il ne vend que les gros, jamais les petits."
Comme je faisais valoir le peu de différence que cela faisait, dans le cas d'une espèce en voie d'extinction, le badaud se renfrogna et stoppa là la discussion.
Je me rends donc chez le fameux poissonnier Lorenzo, et je demande:
"C'est du thon rouge? Je n'arrive pas à me rappeler si c'est de celui-là que parlent les journaux. N'est-ce pas celui qui est en voie d'extinction?
- Pas du tout, répond le poissonnier. Je n'en ai pas entendu parler...
Une passante intervient alors en disant: "Mais si, mais si, c'est bien ça, c'est le thon rouge qui va faire l'objet d'une interdiction!"
Le poissonnier reprend alors:
"Ah, non, il ne s'agit pas de l'interdire. Il s'agit simplement de quotas. De toute façon, si on l'interdit, ce sont les Espagnols qui prennent tout.
1) L'expression "faire attention" (parfois remplacée par "être prudent"). C'est l'équivalent d'un rabaissement de la conscience citoyenne à celle d'un demi-escroc. On flirte avec la légalité, mais on "fait attention" de ne pas franchir une certaine limite, "être prudent" devenant une hypostase "d'être conscient". Dans le cas d'une espèce en voie d'extinction, "faire attention" dans les prélèvement équivaut à "faire attention" quand on frappe quelqu'un avec une batte de base-ball.
2) La négation du problème. Le poissonnier commence par nier qu'il y ait quelque chose en jeu dans l'affaire du thon rouge. Cela parfois se résume par un déplacement géographique: "Non, le problème est le thon rouge vendu dans les supermarchés - ou au Japon, en Libye, etc". C'est ce type de négation/déplacement que l'on entend souvent chez les marchands de parquet quand on leur demande la provenance de leurs bois exotiques : "Non, c'est le Maçaranduba de Bolivie qui est interdit" - comme s'ils y avaient réfléchi de leur côté.
3) L'argument choc dans le monde de la pêche française: le pêcheur espagnol, équivalent halieutique du plombier polonais. Lors de la création du Parc National de la Mer d'Iroise, dans le Finistère, les pêcheurs français ont obtenu le droit de pêche en coeur de parc, au nom du sacro-saint argument "Sinon, ce sont les pêcheurs espagnols qui rafleront tout". Comme si, en l'occurrence, les pêcheurs espagnols n'appartenaient pas à l'Union Européenne, et n'étaient pas soumis à la même politique de quota, et comme si un Parc National Français ne pouvait faire respecter ses limites à des pêcheurs non-autochtones... un peu comme si un chasseur anglais avait le droit de tirer les bouquetins dans le Parc National de la Vanoise.
Dans le cas du thon rouge, pour ce que j'en ai appris lors du colloque, il semble que les thonniers de Méditerranée aient non seulement explosé leurs quotas (de 5000 tonnes...), mais se soient organisés depuis longtemps en réseaux mafieux qui leur permettent d'écouler ce qui vient en sus de leurs dépassements de quotas par des débarquements clandestins (auquel j'ai assisté une fois dans une minuscule île grecque).
Leurs navires étant surpuissants et suréquipés, il est difficile, sauf avec des navires militaires, de les appréhender pour des contrôles en pleine mer. Un bateau de Greenpeace en a fait la triste expérience il y a quelques années. Au point que c'est par la fiscalité, comme autrefois pour Al Capone, que la Justice française envisage de les coincer.
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