La déforestation explose en Amazonie. Pourquoi? Parce que le gouvernement de Dilma Rousseff (en partie contre son gré) s'apprête à faire voter une réforme du code forestier élaborée par Aldo Rebelo, fervent "ruraliste" (appartenant au lobby agricole brésilien).
Cette réforme propose une amnistie pour les déforestations antérieures à 2008, revoit les zones de protection légale (APP: pentes, rives et réserve forestière) à la baisse, en dépit de la catastrophe qui a frappé le sud-est du Brésil récemment (plusieurs centaines de morts dans des inondations et glissements de terrain), et dispense de réserve forestière les propriétés inférieures à 4 "modules fiscaux" (de cinq à 400 hectares selon la région où se trouve cette propriété).
En clair, le gouvernement brésilien s'apprête à faire voter une loi qui se fonde sur la consultation d'une seule catégorie de population, les agriculteurs, et fait fi de l'aspiration d'une majorité de citoyens, opposés à la déforestation et à la dégradation environnementale, qui se fait sentir jusque dans les centres urbains les plus peuplés.
J'ai assisté à quelques interviews sur la chaîne du Congrès National et les députés appartenant au lobby agricole font frémir: "l'Europe, qui donne des leçons, est chauve à force de déboisement"; "le Brésil conserve 60% de sa forêt originelle", "il faut confier aux municipalités le soin de fixer leurs propres règles" (la plupart étant entre les mains de grands propriétaires terriens, on imagine qu'en effet elles seront plus efficaces qu'une loi fédérale... d'ailleurs non appliquée).
Le message envoyé à la population est clair: déboisez, vous serez amnistiés. L'argument est oiseux: "la loi n'est pas respectée, changeons la loi."
Je suis tellement écoeuré que je n'ai plus la patience de lire les revues de presse qui tombent sur mon écran.
Rappelons quelques chiffres: hors Amazonie (qui a perdu plus de 30% de sa surface boisée en trente ans, près de deux millions de kilomètres carrés), le Brésil n'a de couverture forestière que sur 4% de son territoire.
En d'autres termes, tout ce qui n'est pas forêt amazonienne a disparu entre la Découverte, en 1500, et aujourd'hui. Plus de deux millions de kilomètres carrés de forêt Atlantique sont partis en fumée, près de quatre fois la surface de la France.
Le déficit en termes d'obligations légales de reboisement en Amazonie est l'équivalent de trois Etats de São Paulo (un peu plus de la surface de la France).
Enfin, les amnisties des crimes environnementaux accordées par le gouvernement Lula en 2009 équivalent à 4 milliards de dollars, soit la somme que le Brésil a réclamé au Fonds International pour l'Environnement, principalement abondé par la Norvège, la même année.
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