Je suis passé ce matin devant la section 38 (anthropologie), et je ne faisais pas le fier.
D'une part, je n'avais qu'un bout de papier griffonné. Ensuite, expliquant à une amie l'avant-veille toutes les qualités nécessaires pour faire un bon anthropologue, force me fut de reconnaître que n'en avais aucune: je suis peu curieux des autres, soucieux de mon confort, grognon, sarcastique et misanthrope.
Confronté ce matin à un jury comportant, comme il se doit, une collègue très intéressée et un collègue renfrogné (et deux collègues neutres), j'ai défendu la corde et le pendu, la chèvre et le chou, les vessies et les lanternes. Le tout en arborant mon plus beau sourire, en laissant onduler mes boucles blondes, pour dire:
Nous ne sommes pas seuls sur terre.
L'humanité est partagée: dès lors qu'on parle de deuil, de chagrin, d'amitié ou d'amour, de haine et de compassion, de parentèle, de transmission, d'éducation, bref, tout ce qui fait de nous des humains, on doit observer ce qu'il en est dans d'autres sociétés que les nôtres, et j'entends par là celles des éléphants, des corbeaux, des chimpanzés, des bonobos. Si nous faisons cela, et gardons en tête que ces qualités sont humaines, alors en décrivant ces sociétés en ces mêmes termes nous ne ferons pas de l'anthropomorphisme, mais bien de l'anthropologie.
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