Piqué une colère noire hier soir. Cela faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé...
Et elle est tombée sur C., qui a eu le malheur de ramener l'histoire de Cunani sur le tapis. Or à présent que j'ai toutes les données en main, je vois clairement qui a fait quoi et comment.
En l'occurrence, une des participantes de l'équipe m'a rendu un travail nul, que j'ai dû corriger et recorriger. Phrases sans queue ni tête, graphie empruntée à un tract de Sud-Etudiant ("les habitant-e-s sont obligé-e-s de..."), affirmations contraires à la vérité, cela ajouté au fait qu'elle n'avait même pas lu le protocole de recherche avant d'aller sur le terrain (ni pendant, d'ailleurs), cela me donne quelques motifs d'irritation.
Mais comme C. semblait tout ramener à une affaire personnelle, alors que je lui expliquais que j'aurais enterré l'affaire personnelle si le travail avait été correctement fait, j'ai fini par demander à C. de s'en aller. Plus précisément, j'ai hurlé : "Mais casse-toi, bordel, vas-y, dégage"! ce qui n'est pas très élégant.
Elle s'en va, donc, revient en larmes cinq minutes après, je demande pardon en prenant soin de ne pas exploser à nouveau...
Tout cela ne fait pas de moi quelqu'un de très sympathique, et à présent je me pose la question: je ne suis pas le coordinateur de ce projet, dois-je porter la chose au niveau de l'équipe, déclarer: je ne souhaite plus travailler avec Machine, dorénavant c'est elle ou moi?
Il est difficile de mener à bien un projet scientifique avec des gens que l'on ne supporte pas, à plus forte raison si ces gens sont incompétents, railleurs, persifleurs. Mais à ce rythme il ne restera plus grand monde avec qui travailler, donc je ne sais pas quoi faire. Narayan, une idée?
Hélas non pas d'idée. J'ai eu un problème différent mais conduisant quelque part aux mêmes interrogations. Je sais fort bien qu'il y a une dizaine d'années j'aurai explosé, et me serait fait certes plaisir, mais surtout un nombre non négligeable d'ennemis.
Lassitude ou maturité, je ne sais, mais disons que ma "gestion" du problème a été le "laisser pisser". J'ai dit une fois ce que je pensais, sans cris mais sans concession au politiquement correct. Puis, n'étant pas en position de pouvoir imposer mon analyse (ce type a saboté le boulot, c'est un fât, on ne peut pas exploiter ses données donc il n'a pas à signer l'article), j'ai mangé mon chapeau. Pas très fière sur ce coup, mais sur le long terme ce sera probablement plus payant (politiquement parlant). Ma seule petite victoire (mesquine il faut bien l'avouer) a été d'imposer ma vision de la description de la contribution des différents auteurs au papier ...
Rédigé par : Narayan | jeudi 04 nov 2010 à 09:36
Mais t'as le droit de pas etre sympathique et t'as le droit de dire que tu preferais que ce soit elle ou toi.
Mais si c'est pas toi le patron sur ce projet, tu devrais fermer ta gueule en public et l'ouvrir en tete a tete avec le patron du projet.
My 2 cents...
Rédigé par : Le Piou | jeudi 04 nov 2010 à 16:46
Je vais signer Narayan par intérim, vu que je vais donner mon avis aussi, pour soutenir celui du Piou. A l'emporte-pièce, c'est évidemment au coordinateur de projet de trancher (chacun ses responsabilités) si tranchage il faut. Son rôle peut aussi être de désamorcer le conflit. Encore faut-il que les difficultés lui soient soumises...
Ceci dit, un doute m'assaille :"Il est difficile de mener à bien un projet scientifique avec des gens que l'on ne supporte pas". N'est-ce-pas aussi de la responsabilité du coordinateur de "mener à bien"? Si donc il reste difficile de collaborer avec des gens que l'on ne supporte pas, il est plus facile (et nécessaire peut-être même) de signifier ses difficultés, sans peut-être en passer par le chantage (qui pourrait laisser soupçonner un petit manque de maturité, effectivement!).
Mes propositions ne sont peut-être pas adaptées au contexte, que je maîtrise somme toute assez mal. Mais à vue de nez, encore une fois, votre univers professionnel n'est pas si éloigné des autres...
Rédigé par : beljame | jeudi 04 nov 2010 à 17:52
Huhu Beljame, finirez-vous par me dire dans quel univers professionnel vous évoluez?
En tous cas j'en ai discuté ce matin avec le directeur de projet, et présenté mes plates excuses à la pauvre C. qui n'y pouvait mais.
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 04 nov 2010 à 17:56
Bravo !
Quant à dévoiler cet immense secret, je ne le ferai pas... C'est encore un peu douloureux !
Rédigé par : beljame | jeudi 04 nov 2010 à 18:09
Aïe les conflits au boulot...
En essayant de rameuter quelques souvenirs d’une formation que j’ai reçue sur le sujet il y a quelques années, il me semble qu’ils donnaient les conseils suivants pour qu’une discussion ne se termine pas en pugilat :
- commencer par énoncer quelques faits suffisamment concrets pour que tous les interlocuteurs soient d’accord (par exemple la nécessité de suivre le protocole de l’étude) ;
- énoncer son ressenti (dire « je suis exaspéré par le style de l’article » plutôt que « Machine écrit comme un syndicaliste atteint de démence sénile ») ;
- finir en proposant des solutions pratiques (demander à Machine de réviser son article, élaborer un guide de style...)
Personnellement comme j’ai aussi tendance monter facilement dans les tours, je préfère remettre à plus tard les discussions à risque, le temps de laisser le taux d’adrénaline descendre à la normale et de peaufiner mes arguments.
Rédigé par : JX75 | vendredi 05 nov 2010 à 13:03
Bonjour, JX...
C'est évidemment la voie de la sagesse.
Dans le cas qui nous occupe, cependant, c'est au moment où j'énonçais des faits concrets ("tu m'accorderas qu'une synthèse en voie de finalisation n'est pas le lieu de placer des phrases sans queue ni tête se contredisant les unes les autres?") que mon interlocutrice, l'infortunée C., a commencé à se boucher les oreilles, de crainte sans doute de nuire à son amie.
Et c'est ALORS, et alors seulement, que j'ai pété les plombs, énonçant mon ressenti avec vigueur et exclamations.
Rédigé par : anthropopotame | vendredi 05 nov 2010 à 13:08
« tu m'accorderas qu'une synthèse en voie de finalisation n'est pas le lieu de placer des phrases sans queue ni tête se contredisant les unes les autres? »
Justement ;-)
« Tu m’accorderas que » est une injonction, une façon polie d’exprimer un impératif. Ça peut mettre l’interlocuteur mal à l’aise d’emblée.
« Sans queue ni tête » est un jugement de valeur qui n’est pas forcément partagé par l’interlocuteur, donc il ne vaut mieux pas commencer par ça.
Par contre « se contredisant les unes les autres » est concret et facilement démontrable, c’est une bonne base.
Quant à péter les plombs, c’est un peu comme de jouer du basson. C’est-à-dire qu’on peut raconter à un dîner qu’on joue du basson pour ses loisirs, mais il serait mal vu de le démontrer concrètement en exécutant sur le champ la 53e sonate de Hindemith (qui dure 25 minutes sans les reprises).
Ceci dit je comprends entièrement ton point de vue et ta réaction, ayant vécu des situations du même genre, dont une avec un stagiaire particulièrement nul, dont on a fini par comprendre qu’il avait fourni un faux diplôme (!)
Rédigé par : JX75 | samedi 06 nov 2010 à 00:19
Huhu, mon cher JX, je partage ton avis, sauf pour les phrases "sans queue ni tête". Objectivement, ces phrases existent, en voici par exemple une sans queue, extraite du rapport en question:
"Seuls M et V nous disent continuer à y aller au moins une fois par an, pour les autres, la faible pension de retraite."
Qu'en penses-tu?
Rédigé par : anthropopotame | samedi 06 nov 2010 à 07:37
trop fort. Soit c'est un problème de maîtrise du traitement de texte (un coupé -pas collé sauvage), soit c'est un problème de neurones...
de toutes façons, c'est la preuve évidente que le texte n'a pas été relu avant diffusion.
Je pense que tu devrais clouer la personne responsable sur la porte de l'édifice public de ton choix à titre d'exemple.
Rédigé par : Narayan | samedi 06 nov 2010 à 23:38
Cher Anthropopotame, on ne peut qu'abonder dans ton sens une fois que l'on a eu ce charabia sous les yeux, et je comprends entièrement ta frustration à la réaction de C. J'ai vécu des cas similaires et je n'ai pu commencer à convaincre mes interlocuteurs qu'en leur mettant l'"objet du délit" sous les yeux.
Rédigé par : JX75 | lundi 08 nov 2010 à 06:32