Dans le train Paris-Rennes, j'ai discuté longuement (tout en élaborant mon PowerPoint) avec une jeune fille qui venait de passer un an au Brésil dans une ONG.
Elle avait, avec quelques autres, aidé une communauté locale à mettre en place une pépinière, dans un des plus beaux endroits de la côte. Elle en était revenue pleine de projets, plus généreux encore, et apprenait le portugais en accéléré.
En fin de compte, lui dis-je, votre esprit s'est ouvert, vous avez vécu une aventure auprès de gens très différents de vous, vous rentrez transformée au point qu'on doit se demander si les ONG travaillent vraiment pour des populations défavorisées ou pour des gens plutôt aisés qui se sentent mal dans leur peau; et si les ONG qui ont pour slogan "aidons les paysans pauvres du tiers-monde!" ne devraient pas plutôt déclamer: "vivons notre frisson philanthrope loin des clubs de vacances où s'entassent les touristes!"
Evidemment, c'était du mauvais esprit, mais cela m'a plongé dans une méditation fructueuse: et si les populations urbaines de Rio ou São Paulo créaient des ONG destinées à venir en aide aux bobos parisiens? Plutôt que de s'ennuyer à faire des doctorats sandwiches ou à obtenir des bourses de l'EHESS, ils pourraient débarquer ici, dans le 11e, et m'aider dans mon ménage, m'aider à classer mes papiers, corriger mes fautes en portugais, etc. Ce serait une aventure humaine qui leur ouvrirait l'esprit et le coeur: passez six mois avec un anthropopotame, nettoyez sa petite soue et son auge, vous en reviendrez transformés!
Voilà, donc, mon idée: inciter les pays émergents à créer des ONG, à former des bataillons de jeunes désireux de se répandre dans nos villes et nos campagnes pour nous apprendre à trier nos déchets, à planter des courgettes, à goûter un bonheur simple trempé dans le lait de la tendresse humaine. En échange, nous les sortirions le soir, leur ferions goûter du calva et leur raconterions des contes et des légendes auxquels nous ne croyons pas.
Au delà de la blague, je pense que ce serait bien de faire aussi des échanges dans ce sens là aussi! Je suis partie en volontariat avec l'afvp (aujourd'hui France Volontaire) et il se trouve qu'ils tentent de développer le volontariat "Sud-Sud" et "Sud-Nord" (sud et nord étant les nouveaux termes politiquement corrects pour "pays développés" et "pays en voie de développement" comme on disait avant). Pour le "Sud-sud" ça fonctionne, il y en a déjà qui se font (bon évidemment ce sont les personnes "aisées" des pays du sud qui font ça) mais pour le "Sud-nord" ça ne s'est pas encore fait (difficile à admettre pour les responsables politiques de notre pays). Mais je trouve que ça serait une bonne idée, y a pas de raison! c'est pas comme si tout fonctionnait comme sur des roulettes ds nos sociétés, c'est pas comme si tout le monde baignait dans le bien être, nous aussi on a besoin de "se faire aider"!!! (ça me rappelle une petite BD de je-sais-plus-qui lue dans Fluide Glacial "les z'humanitaires" avec un africain qui arrive à un repas de bourges blancs et qui se présente comme représentant de "Cholestérol sans frontières" :D )
Rédigé par : Noémie | jeudi 01 avr 2010 à 18:15
Oui, l'aide est toujours à sens unique, mais ce n'est pas difficile à admettre pour les responsables de nos pays, c'est juste que ça ne vient pas à l'esprit des jeunes bien-pensants du Sud, et c'est dommage :(
Rédigé par : anthropopotame | jeudi 01 avr 2010 à 22:30